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Aménagement de poste : Que dit la loi française et quels sont vos droits ?

Aménagement de poste : Que dit la loi française
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Vos droits en matière d’emploi et de handicap : Que dit la loi française en termes d’aménagement de poste ?

Par notre partenaire Handilex. Issu à l’origine du droit européen et conçu comme un corolaire du principe de non-discrimination, l’obligation d’aménagement de poste est désormais codifiée à l’article L.5213-6 du Code du travail pour les employeurs privés et à l’article 6 sexies de la loi n°83-634 du 13 juillet 1983 pour la fonction publique.

Tous deux prévoient l’obligation pour l’employeur de « prendre en fonction des besoins dans une situation concrète, les mesures appropriées pour permettre aux travailleurs [en situation de handicap] d’accéder à un emploi ou de conserver un emploi correspondant à leur qualification, de l’exercer ou d’y progresser ou pour qu’une formation adaptée à leurs besoins leur soit dispensée. »

Quelques précisions sont nécessaires pour mieux appréhender le droit des travailleurs et l’obligation de l’employeur.

Quelles entreprises sont concernées par cette obligation ?

Toutes y compris celles non soumises à l’obligation d’emploi (6% des effectifs pour les entreprises de plus 20 salariés).

Qui peut bénéficier de ces dispositions ?

Contrairement au droit européen, plus large dans sa définition de la notion de handicap, le droit français limite l’application de l’obligation d’aménagement de poste aux seules personnes reconnues administrativement en tant que personne en situation de handicap, conformément à l’article 114 du Code de l’action sociale et des familles. Au titre des reconnaissances figure évidemment la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH), délivré par la MDPH.

Une précision à ce sujet : demander sa RQTH relève de la décision du salarié et lui seul. Il n’a aucune obligation d’informer son employeur de ce qu’il en fait la demande, il n’a aucune obligation de l’informer de la décision finale de la MDPH.

L’obligation d’aménagement de poste ne pèse donc, en droit, sur l’employeur qu’à l’égard de ses salariés en situation de handicap, reconnus comme tels administrativement. Toutefois, une nuance est faire puisque l’absence de d’aménagement pourrait aussi constituer une discrimination fondée sur l’état de santé du salarié, en dehors de toute reconnaissance administrative du handicap.

À partir de quand s’applique l’obligation d’aménagement de poste ?

Dès que l’employeur en a connaissance. Il faut rappeler que, depuis le 1er janvier 2020, toutes les entreprises, quelle que soit leur taille, ont l’obligation de déclarer les salariés en situation de handicap, quel que soit la nature du contrat de travail (CDD, CDI…). La question se pose surtout en cas de prise de poste et de période d’essai.

L’obligation d’aménagement de poste s’applique-t-elle alors que le contrat de travail peut être rompu à tout moment et sans motif par l’employeur, la Cour de cassation est venue rappeler que sa décision doit être justifiée par des éléments objectifs et non liés au handicap du salarié (Cass. soc. 16 février 2005, pourvoi n°02-43.402). Dès lors, l’obligation s’applique dès la prise de poste, période d’essai ou non (CJUE, , 11 juillet 2006, aff. C-13/05, Chacon Navas).

Une obligation sans limite pour l’employeur ?

L’obligation de l’employeur s’entend de mettre en œuvre les mesures « nécessaires et appropriées » pour pallier les difficultés rencontrées par un salarié en situation de handicap dans l’exercice de ses missions mais en aucun cas, elle ne peut avoir pour résultat de favoriser un salarié en situation de handicap par rapport aux autres salariés de l’entreprise. On parle d’obligation d’aménagement raisonnable de poste.

Ainsi la loi prévoit que l’obligation de mise en place de « mesures proportionnées » sous réserves que leur mise en œuvre n’entraîne pas de « charges disproportionnées » pour l’entreprise. Ces deux notions sont volontairement souples car chaque situation doit être appréciée concrètement.

Quelles sont les mesures appropriées ?

Cela dépend de chaque situation évidemment. En partenariat avec la médecine du travail, l’AGEFIPH et des professionnels de l’ergonomie, il peut s’agir de l’acquisition d’un fauteuil, d’un outil informatique précis…

Quelles sont les charges disproportionnées qui justifieraient un refus d’aménagement de poste ?

Coût financier, impact sur l’organisation de l’entreprise, etc… Elles s’apprécient concrètement au regard de la taille de l’entreprise, de ses capacités financières, des aides qu’elle est susceptible d’obtenir ou non pour procéder à l’aménagement…

L’obligation d’aménagement de poste s’entend donc non comme une obligation de résultat pour l’employeur mais comme une obligation de moyen renforcée. Il s’agit d’essayer autant qu’il est possible à l’employeur de pallier les désavantages subis par le travailleur du fait de son handicap par rapport aux autres salariés.

En tout état de cause, sa mise en œuvre ne peut avoir pour effet ni de favoriser le travailleur en situation de handicap (par exemple : l’obtention d’une voiture de fonction alors qu’aucun autre salarié n’en dispose au sein de l’entreprise) ni de permettre à la personne en situation de handicap d’accéder ou d’exercer un emploi pour lequel il ne serait ni compétent, ni apte.

Jean-Armand Megglé

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Commentaires

Une réponse

  1. Je suis AESH avec une RQTH avec aménagements de poste non pris en compte, de ce fait arret de travail conséquent et de plus en plus de douleur . Que dois je faire ?