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ARPEJEH et 30 ans de la loi 1987 : Emploi et handicap

Servane Chauvel ARPEJEH Loi de 1987
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Arpejeh : Mieux accompagner les jeunes vers l’emploi 

L’association Arpejeh (Accompagner la Réalisation des Projets d’Etudes de Jeunes Elèves et Etudiants Handicapés) est une association de plus de 65 employeurs privés et publics. Elle accompagne dès la 3e les élèves et étudiants en situation de handicap dans la construction de leur projet professionnel et agit en faveur de leur employabilité. Interview de Servane Chauvel déléguée générale.

La loi de 1987 (révisée en 2005) a aujourd’hui 30 ans. Quel a été son rôle dans la prise en compte des élèves et étudiants handicapés au regard de leur projet professionnel ?
Dès 87 nous sentions que le handicap devrait s’inscrire dans le paysage au même titre que tout un chacun avec la transversalité comme ligne directrice. La loi de 87, renforcée par la loi de 2005 illustre cette prise en compte. Mais je ne balaie pas le secteur médicosocial qui heureusement existe, pour répondre à des situations plus complexes. Je ne crois pas que l’on puisse atteindre 100% de droit commun car certains jeunes souffrent d’un handicap qui ne leur permettra jamais une inclusion sociale parfaite (polyhandicap…), mais nous devons garder cet idéal en point de mire.

Arpejeh est une institution jeune, quels sont ses objectifs et ses moyens et qu’est-ce que la loi de 2005 lui procure comme leviers dans son action ?
ARPEJEH accompagne des jeunes scolarisés, en dispositif ULIS ou en inclusion individuelle. Notre but est de rapprocher les jeunes du monde professionnel, faire le lien école/entreprise et ce dès la 3ème, l’année où les questions d’orientation se posent de manière importante au regard de la multitude des métiers qui existent et de leur éventuel projet professionnel face à des univers très différents. Nous les aidons à prendre conscience des options qui s’offrent à eux et à faire un choix éclairé, ceci afin qu’en bout de course les entreprises rencontrent des jeunes dont la formation soit en adéquation avec les métiers qu’elles proposent. Trop de jeunes sont en effet encore formés sur des métiers qui n’existent plus !! De plus, ces jeunes que nous accompagnons ont pour certains eu des parcours de vie et scolaires difficiles, avec des besoins d’aménagement parfois lourds, ce qui influe leur choix, et on ne peut pas leur demander d’être décisifs.

Quant aux entreprises, pour répondre à leur obligation de 6 %, elles peuvent aussi accueillir des jeunes en stage. Cela les prépare à accueillir de futurs salariés handicapés. La situation de handicap n’est alors plus un sujet.  Pour accomplir notre mission, nous nous appuyons sur un réseau de 67 entreprises membres de l’association qui accueillent régulièrement les jeunes que nous accompagnons. Nous sommes 7 salariés qui travaillons en collaboration avec les personnels de l’Education Nationale et médicosocial. D’autres partenaires associatifs mènent des actions complémentaires et nous pouvons orienter nos jeunes vers eux si nous n’avons pas réponse pour une demande particulière. Le quota des 6% pour le public et le privé est notre premier levier d’action car il donne un rôle à jouer aux employeurs, tout comme l’inclusion scolaire obligatoire. C’est déterminant car ces mesures construisent le futur d’une société plus inclusive.

Quelle est la situation de l’accès à la l’emploi et au monde de l’entreprise des élèves et étudiants handicapés aujourd’hui ?
Nous nous positionnons sur l’accueil de stagiaires et d’alternants plutôt sur l’emploi en lui-même. Des employeurs comprennent heureusement l’importance d’accueillir des alternants qui  pourront ainsi poursuivre leur formation. Trop de jeunes n’arrivent pas à trouver d’employeur pour pérenniser leur formation, c’est dramatique car ces jeunes coupés dans leur élan et dans leurs ambitions ne se retrouveront pas sur le marché de l’emploi avec les compétences et formations attendues. La formation et l’emploi sont indivisibles, il faut bien l’intégrer  Ceux qui vont jusqu’au bout de leur alternance trouvent presque tous un emploi, alors que doit-on faire pour leur offrir cette chance ?

Comment se projettent-ils dans leur vie professionnelle ?
Certains jeunes que nous accompagnons n’ont pas de vision complète de la situation de l’économie et de l’emploi, il est donc difficile pour eux de se projeter dans un avenir professionnel. La plupart n’ont pas non plus conscience des aménagements de poste dont ils auront besoin. Ils avancent étape par étape et nous sommes là pour las accompagner avec nos partenaires.

Que pourriez-vous dire de 30 années d’une loi qui a instauré l’obligation d’embauche des personnes handicapées et donné naissance à l’Agefiph ?
Cette loi a permis je pense de donner une véritable visibilité au handicap dans une société qui sait maintenant mettre des mots sur ces situations. On parle aujourd’hui de compétences, avant on embauchait pour faire une bonne action. L’accueil en entreprise est devenu professionnel et non plus compassionnel. Elle a aussi permis le financement des aménagements de postes, ce qui est primordial dans bien des cas. Enfin elle a favorisé la mise en emploi de plusieurs dizaines de milliers de personnes handicapées, et il faut continuer en ce sens.

De quelle manière faudrait-il faire évoluer cette loi ?
Développer les ressources financières pour le maintien dans l’emploi  et mieux former les professionnels qui accompagnent les jeunes en situation de handicap.

Photo : Servane Chauvel déléguée générale de l’ ARPEJH.

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