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Christophe Roth : « L’Agefiph est plus déterminée que jamais »

Christophe Roth : « L’Agefiph est plus déterminée que jamais »
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Dans un paysage de l’emploi plein de contradictions, la situation des personnes handicapées oscille entre un objectif de plein emploi sous-tendu par une baisse du nombre de chômeurs et des entreprises qui recrutent massivement. Dans ce contexte, l’Agefiph qui travaille sur une nouvelle stratégie, se montre plus que jamais ambitieuse et créative pour les personnes handicapées en recherche d’emploi. Christophe Roth, président de l’Agefiph, nous donne un aperçu de ses ambitions.

Christophe Roth, quelle est la situation de l’emploi des personnes en situation de handicap à l’aube de cette 26e SEEPH ?

Christophe Roth : La tendance est encourageante. Aujourd’hui, plus de 1,1 million de personnes en situation de handicap sont en emploi, et dans le secteur privé elles sont plus de 850 000 en poste.
Environ 460 000 personnes bénéficiaires de l’obligation d’emploi en recherchent un. Nous sommes passés en dessous de la barre des 500 000 chômeurs, en 3 ans le taux de chômage est passé de 18% à 13%.

Il y a indéniablement une dynamique favorable, mais la situation n’est pas acceptable, d’autant plus que les entreprises de nombreux secteurs d’activité peinent à recruter. Les personnes en situation de handicap détiennent des compétences, et des représentations erronées et encore trop persistantes sur le handicap au travail freinent leur plein accès à l’emploi.

L’Agefiph est déterminée à faire bénéficier de toutes les opportunités du marché du travail aux personnes en situation de handicap : accompagner les branches, développer des dispositifs de formation, soutenir les entreprises dans leurs démarches inclusives… les leviers sont nombreux et nous les mobilisons à l’échelle régionale et nationale.

L’Agefiph met régulièrement de nouvelles actions en œuvre. Quelles sont celles que vous retenez sur 2022 ?

Christophe Roth : D’abord, la 3e Université du réseau des référents handicap à Lille. Ce rendez-vous a rassemblé plus de 600 participants tous engagés pour développer et soutenir l’emploi des personnes en situation de handicap : référents handicap d’entreprises, d’organismes de formation et acteurs de l’emploi se sont retrouvés pour partager leurs pratiques professionnelles, s’inspirer avec les conférences proposées ou développer leurs connaissances dans les ateliers et modules d’appui à la professionnalisation. Nous travaillons sur la prochaine URRH et donnons à tous rendez-vous les 27 et 28 mars à Bordeaux pour la 4e édition.

Nous avons également célébré les 35 ans de la loi du 10 juillet 1987 qui a créé l’obligation d’emploi de travailleurs handicapés. Cet événement a notamment donné lieu à la signature d’une tribune par l’ensemble des partenaires sociaux et des associations représentatives des personnes en situation de handicap qui affirme haut et fort que le handicap fait faire des progrès à l’entreprise. Cette tribune a été publiée dans Le Monde, Les Echos et le Parisien.

En septembre, suite à une décision du conseil d’administration compte-tenu du contexte inflationniste, les aides financières de l’Agefiph ont été revalorisées de 5% en moyenne pour soutenir le maintien en emploi, les parcours et l’inclusion professionnelle des personnes en situation de handicap.
Enfin, les administrateurs ont consacré une grande partie de l’année 2022 à mener une ambitieuse réflexion pour renouveler la stratégie de l’Agefiph.

Le rapport que les français entretiennent avec le travail s’est largement modifié (quiet quitting, télétravail) avez-vous pu constater la même chose chez les personnes en situation de handicap ?

Christophe Roth : Sur le télétravail, nos enquêtes, menées notamment pendant la crise sanitaire, ont révélé que les personnes en situation de handicap ne partageaient pas le même engouement pour le télétravail que l’ensemble des salariés. C’est davantage perçu comme un risque d’isolement même si cela constitue aussi une solution intéressante pour certains.

Pour la « grande démission », notre dernière enquête, révélée à l’occasion de la SEEPH 2022, a mis en évidence que les personnes en situation de handicap sont moins enclines à démissionner que l’ensemble des salariés français. L’enquête révèle également, qu’au-delà de la question de la démission, elles sont plus satisfaites de leur situation professionnelle.

Ces éléments n’éclairent toutefois qu’une partie du sujet, et l’Agefiph poursuivra ses travaux pour observer comment les mouvements profonds qui traversent le monde du travail vont concerner, différemment – ou pas – le travail des personnes en situation de handicap.

Dans un paysage où certaines filières ne trouvent plus de candidats, les entreprises ont-elles fait évoluer leur regard sur les personnes en situation de handicap ?

Christophe Roth : Je note avant tout que les entreprises sont davantage engagées pour l’emploi des personnes handicapées. La stratégie inclusive du gouvernement, l’accompagnement de l’Agefiph et des acteurs de l’emploi et de la formation, qui ont également renforcé leurs actions pour l’inclusion professionnelle des personnes handicapées, sont très probablement des facteurs qui expliquent cette dynamique sur le sujet.

Vous avez raison de souligner que les tensions sur le marché du travail peuvent également jouer un rôle. Les 460 000 demandeurs d’emploi qui bénéficient de l’obligation d’emploi constituent un vivier de talents et de compétences qui peuvent répondre aux besoins des entreprises. L’Agefiph est mobilisée pour que ces opportunités soient saisies et mises au service de notre engagement de faire dépasser 4% au taux d’emploi.

À l’occasion de la SEEPH, votre slogan c’est le « plein emploi ». Pourriez-vous nous définir ce que serait pour vous le plein emploi en ce qui concerne les personnes en situation de handicap ?

Christophe Roth : On considère que le plein emploi est atteint avec environ 5% de chômage pour l’ensemble des publics, c’est le même objectif pour les personnes en situation de handicap. Aujourd’hui un décalage trop important persiste entre le taux de chômage des personnes en situation de handicap et l’ensemble de la population. Notre objectif est qu’il n’y ait plus de différence.

Comment pourrions-nous selon vous atteindre ce plein emploi, qui faut-il mettre autour de la table et avec quels moyens ?

Christophe Roth : Nous appelons une action coordonnée des acteurs de l’orientation, de la formation, de l’emploi, de la santé au travail et du handicap pour accélérer et sécuriser l’emploi des personnes en situation de handicap. Nous devons articuler nos services et dispositifs à tous les échelons : territorial, régional et national. C’est grâce au maillage pour tous que nous parviendrons à ouvrir à tous, selon leurs compétences et leurs projets professionnels, les mêmes chances de se réaliser.

Selon une enquête IFOP/Agefiph, seulement 24 % des personnes handicapées interrogées croient au plein emploi à l’horizon 2027. Ce chiffre descend à 18 % pour ce qui est du plein emploi des personnes en situation de handicap. Que dites-vous à ces personnes ?

Christophe Roth : Qu’il n’y a pas de fatalité. Les acteurs sont mobilisés, les délégations régionales sont sur le terrain, auprès des entreprises, des acteurs pour faire bouger les lignes. Et la SEEPH 2022 propose plus de 600 événements dans toute la France. L’occasion d’aller déposer son CV et de saisir des opportunités qui existent vraiment. Et qu’une personne handicapée sur cinq croit au plein emploi des personnes handicapées d’ici à 5 ans, c’est encourageant.

Pour en savoir plus : https://www.agefiph.fr/actualites-handicap/26eme-seeph-le-progres-cest-nous-la-tele-en-radio-depuis-le-31-octobre

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