L’obésité aux États-Unis a encore augmenté en 2008 dans vingt-trois États, trente États dénombrant un pourcentage d’enfants obèses ou en surpoids de plus de 30%, selon le rapport conjoint de deux fondations américaines publié mercredi. Deux fondations américaines privées, la Trust for America’s Health (TFAH) et la Fondation Robert Wood Johnson (RWJF) ont publié le 1er juillet un rapport au titre sans équivoque : « F as in Fat: How Obesity Policies Are Failing in America 2009″, autrement dit « Comment les politiques de lutte contre l’obésité échouent aux États-Unis en 2009 ».
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le taux d’obésité n’a reculé dans aucun des cinquante états composant les États-Unis en 2008, et a au contraire augmenté dans vingt-trois états. Dans seize états, l’obésité progresse pour la deuxième année consécutive, et dans onze États pour la troisième année de suite. En 1991 aucun État n’avait un taux d’obésité supérieur à 20% et en 1980 seuls 15% des Américains adultes étaient obèses. Aujourd’hui, le taux d’obésité dépasse les 20% dans quarante-neuf états sur cinquaante et à Washington D.C. qui n’appartient à aucun des états confédérés mais dépend directement de l’état fédéral. Dans trente et un états, le taux d’obésité dépasse même les 25%.
Situation critique
Deux tiers des Américains adultes sont obèses ou en surpoids. Près d’un tiers des enfants (30% ou plus) sont déjà touchés dans trente états américains. Le taux d’obésité chez les 10-17 ans a triplé depuis 1980. Dans quatre états, le taux d’obésité des adultes dépasse les 30% (Mississipi, Virginie occidentale, Alabama, Tennessee). Les pays du Sud sont les plus touchés, huit des dix États présentant les taux les plus importants se trouvant dans le Sud des États-Unis. Le Mississipi est l’État le plus touché avec 32,5% de la population adulte obèse et 44,4% des 10-17 ans souffrant d’obésité ou de surpoids. La prévention de l’obésité a pourtant progressé en cinq ans. En 2008, dix-neuf états, contre seulement quatre il y a cinq ans, ont imposé des standards d’équilibre nutritionnel des repas servis dans les cantines scolaires allant au delà des recommandations nationales, vingt-sept (contre six) sont intervenus sur la nourriture vendue dans les écoles (distributeurs de nourriture notamment), vingt (contre quatre) dépistent l’obésité infantile via la surveillance de l’Indice de masse corporelle (IMC). Les mesures prises ont pourtant échoué à enrayer l’épidémie.
L’effet aggravant de la crise
Pour le docteur Risa Lavisso-Mourey, la présidente de la Fondation Robert Wood Johnson, co-auteur du rapport, « enrayer l’épidémie d’obésité infantile est essentiel pour que la population soit en meilleure santé et qu’une réforme du système de santé soit possible ». Elle souligne que « si nous réussissons à prévenir le développement des maladies chroniques sérieuses et couteuses liées à l’obésité pour la nouvelle génération, nous pourrons non seulement améliorer la santé et la qualité de vie mais aussi économiser des milliards de dollars et rendre notre système de couverture santé plus efficace et viable ».
Pour le Docteur Jeff Levi, directeur du Trust for America’s Health, co-auteur du rapport, « le coût des soins médicaux s’accroît avec notre tour de taille ». « Comment les États-Unis peuvent-ils continuer à être compétitifs si l’économie et la force de travail sont plombées par une mauvaise santé? » interroge-t-il. Une question encore plus cruciale alors que la crise fait rage et que, selon les auteurs du rapport, « la crise économique actuelle pourrait exacerber l’épidémie ». Les prix, en particulier des aliments les plus intéressants d’un point de vue nutritionnel, devraient augmenter ce qui rendra encore plus difficile pour les familles modestes l’objectif de se nourrir sainement.
Les programmes publics d’aide sont dépassés par le nombre croissant de chômeurs et de personnes sans assurance médicale (plus de 42 millions). Le rapport conclut qu’il est nécessaire que tous les adultes et enfants aient accès à une couverture médicale comprenant de la prévention de l’obésité et de ses maladies associées comme le diabète de type 2 et de l’éducation aux principes de la nutrition. Plus de programmes d’aide à la consommation de produits sains à un prix accessible et d’incitation à pratiquer une activité sportive doivent également être mis en place.