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EasyJet jugée pour discrimination envers des passagers handicapés

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La compagnie aérienne à bas coûts EasyJet comparaissait en décembre au tribunal correctionnel de Bobigny pour avoir refusé l’accès d’un avion à trois personnes handicapées non accompagnées, pour des raisons de sécurité. Un argument jugé « écoeurant » par les plaignants.

 

Une peine amende de 70.000 euros a été requise à l’encontre de EasyJet. Selon le procureur, Abdelkrim Grini, les « faits reprochés sont graves » car ils « portent atteinte à la dignité humaine ». EasyJet met en place « une politique commerciale agressive qui consiste à compresser au maximum les coûts d’exploitation et si pour cela il faut avoir une politique discriminatoire, tant pis », s’est-il agacé. « C’est de la discrimination totale, c’est écoeurant. Ils ont tort, il faut qu’ils assument leur boulette », a souligné devant la presse Laurent Giammartini, un des trois plaignants en fauteuil roulant, qui a déjà voyagé seul dans plusieurs compagnies. EasyJet est poursuivie pour « discrimination à raison d’un handicap ». Les plaignants s’étaient vu refuser l’embarquement dans un avion à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, le 12 janvier 2009, ainsi que les 9 et 19 novembre 2008. Avec ces refus d’embarquement, la compagnie de droit britannique
affirme qu’elle s’est conformée aux réglementations européenne et britannique et évoque des raisons de sécurité.

« Le souci d’Easyjet est de respecter une réglementation européenne relayée en Grande-Bretagne par un « code of practice » qui dit de refuser des passagers ne présentant pas d’autonomie », a expliqué l’avocat d’EasyJet, Me Philippe Van der Meulen, ajoutant que la compagnie n’a « jamais voulu discriminer ». « Il faut que les passagers handicapés puissent mettre eux-mêmes le masque à oxygène, le gilet de sauvetage, mettre et enlever la ceinture de sécurité, comprendre
les instructions en cas d’urgence et évacuer par leurs propres moyens », a expliqué un responsable des opérations à terre d’EasyJet, interrogé par le tribunal. De son côté, Karine Viera, 32 ans, en fauteuil roulant depuis 16 ans, a tenu à rappeler qu’elle est « autonome dans son quotidien » avec « un enfant d’un an à charge », et « conduit une voiture ». « Je ne vois pas en quoi je diffère des autres passagers ? », s’est-elle interrogée. « L’argument de la sécurité est le cache sexe d’un modèle économique qui est celui du low-cost, avec des réductions de coûts, le but étant qu’il y ait le moins de personnel possible », a estimé Me Patrick de la Grange, avocat des trois plaignants et de l’Association des paralysés
de France (APF), partie civile dans ce procès.

Pour Jean-Marie Barbier, président de l’APF, « ces trois personnes handicapées n’ont absolument pas besoin d’accompagnateurs pour voyager. Pensez-vous que des personnes avec un handicap soient assez folles pour se mettre en danger ?
Non », a-t-il souligné. EasyJet, qui comparaît pour la première fois devant un tribunal correctionnel pour ce délit, doit également être jugée à Paris en mars 2012 dans une procédure similaire. Le jugement a été mis en délibéré au 13 janvier.

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