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Entreprises adaptées : Des nouveautés et des questions

Sébastien Citerne, directeur général de l'UNEA, évoque l'avenir des entreprises adaptées.
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Du nouveau dans les entreprises adaptées et le secteur protégé, à quoi faut-il s’attendre ?

Entretien avec Sébastien Citerne, directeur général de l’Union Nationale des Entreprises Adaptées.

Quels sont les points marquants de la transformation du secteur protégé et des entreprises adaptées ?
Le point le plus marquant de ces nouvelles mesures concerne les personnes handicapées elles-mêmes, puisqu’elles pourront bénéficier de nouvelles modalités de contractualisation dans le cadre d’un accompagnement des transitions professionnelles qui doit faciliter les passerelles vers les autres employeurs publics et privés. Cette nouvelle façon de faire entre dans le cadre de l’engagement national signé avec l’État l’été dernier, et qui va porter le budget global des EA à plus de 500 millions d’Euros en 2022 ; celui-ci doit permettre de doubler la taille du secteur adapté. Mais cela signifie 40 000 mises à l’emploi à faire au cours des quatre prochaines années.

Comment ces mises à l’emploi vont-elles se faire, car le projet paraît ambitieux ?
De nouveaux outils apparaissent pour accompagner cette évolution, notamment l’entreprise adaptée de travail temporaire qui est en fait une entreprise d’intérim spécialisée pour les personnes handicapées. Les contrats de mission ne pourront être proposés qu’à des personnes en situation de handicap. L’objectif est de  faire émerger un spécialiste de l’intérim pour les personnes handicapées.

Pourquoi ne pas passer par les entreprises de travail temporaire existantes ?
Aujourd’hui, elles n’ont pas un gros volume de personnes en situation de handicap, mais l’idée c’est aussi de pouvoir collaborer avec elle. L’entreprise adaptée s’occuperait plus de la prise en charge et de l’accompagnement de la personne en situation de handicap, et la boite d’intérim utiliserait son savoir-faire en termes de notoriété, de connaissance du marché et de contractualisation. L’entreprise adaptée devra donc réagir au plus vite aux demandes des entreprises clientes. L’idée est donc d’accompagner l’EATT à identifier tous les profils d’un territoire, à créer des viviers de personnes en capacités à se mobiliser pour répondre aux besoins du marché.

Quel serait l’intérêt pour les entreprises de faire appel à ces services spécialisés ?
Les entreprises pourront comptabiliser dans leur DOETH les personnes handicapées détachées dès leur première journée de mission et au prorata de la durée de leur mission. Cette une belle avancée, et c’est une autre forme de contractualisation avec les Entreprises adaptées. Le cahier des charges de cette Entreprise Adaptée de travail temporaire est en cours d’écriture. Le démarrage est prévu dans le courant du premier trimestre. Le CDD tremplin est de son côté déjà en place dans plus de 60 entreprises adaptées. L’objectif reste majoritairement d’accompagner les transitions professionnelles pour des personnes en recherche d’emploi avec un handicap, même si à la marge certains salariés d’EA pourraient demander à mobiliser ce dispositif

L’autre type de structure est ce que l’on appelle l’entreprise pro-inclusive. Sa raison d’être est la mixité totale des publics. Elle comptera au maximum 50% de personnes en situation de handicap. Et pour avoir une aide de l’État il faudra embaucher en parallèle une personne non bénéficiaire du soutien de l’État (personne handicapée plus proche du marché du travail ou une personne valide). Le pari de ce modèle c’est de se dire que nous allons pouvoir accéder à de nouvelles compétences et à des marchés et des activités à plus forte valeur ajoutée qui profiteront au final aux personnes handicapées. Nous entrons véritablement dans une logique économique de marché. Le cahier de charges de ce type de structure devrait être finalisé pour la fin du semestre.

Est-ce réaliste de penser que vous pourrez réaliser 40 000 mises à l’emploi d’ici 4 ans ?
Il faut préciser que ce sont des mises à l’emploi, et avec notre seul partenariat avec Cap Emploi nous sommes en capacité de signer jusqu’à 6 500 mises à l’emploi par an. Nous avons donc un effet levier relativement important. L’objectif de 40 000 n’est donc pas délirant pour moi. Nous serons toutefois dans une phase d’accompagnement du changement : le volume d’accompagnement de transitions professionnelles va être grandissant, et ce n’est le mode de fonctionnement classique des EA. Nous allons devoir mobiliser le service public de l’emploi et les acteurs économiques. Ce qui va changer dans nos relations avec les entreprises, c’est que nous passons de la clé d’entrée « achat » à la clé d’entrée « RH ». Les Entreprises Adaptées devront être vu comme des acteurs de la professionnalisation et de la qualification des personnes en situation de handicap. Cela permettra aux EA de ne pas être uniquement vues comme le dernier employeur mais bien également comme un premier employeur potentiel.

Plus d’infos sur : https://www.unea.fr/

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