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Folie et cinéma : « Habités », un film pour casser les clichés

Traiter de la folie au cinéma n'est jamais facile, Séverine Mathieu le fait avec brio dans son nouveau film "Habités".

Folie et cinéma : « habités » un film pour casser les clichés
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Séverine Mathieu réalise avec « Habités » un documentaire complet et poussé sur la folie et l’autonomie dans la ville. Le film est actuellement en salle au cinéma.

Comment mettre en scène la folie au cinéma ? L’image qu’on en a s’arrête souvent à celle de personnes en hôpital psychiatrique. Et ce milieu, Séverine Mathieu, la réalisatrice du film, le connait bien, elle qui y a déjà guidé de nombreux ateliers autour du cinéma pendant trois ans. Alors cette fois-ci elle a pris sa caméra pour aller un tout petit peu plus loin et elle a poussé la porte de personnes malades qui vivent en autonomie dans les cités de Marseille. « Habités » c’est ça : la vie de « fadas », comme ils sont surnommés par les habitants. Au travers d’un documentaire d’1h25, la réalisatrice s’invite dans l’intimité de Roger, Wilfreed, Nicolas et Kadidja et met en scène leur manière de voir et penser le monde, entre l’hôpital et la vie « ordinaire ». Le film n’est pas un documentaire conventionnel et c’est de ça qu’il tire sa force. Il présente tour à tour les quatre malades et à plusieurs reprises on peut entendre Séverine Mathieu s’adresser aux personnes qu’elle suit. On ressent ainsi la confiance établie entre la réalisatrice et ses « acteurs ».

La folie, un univers peu mis en scène au cinéma

Au-delà de la folie, le documentaire traite de nombreux sujets, notamment de son rapport à soi et à son histoire, de la religion, mais aussi et surtout de la solitude. Comment habiter la ville lorsqu’on est seul ? Comment se réapproprier son habitat lorsqu’on déteste vivre en appartement ? Autant de questions auxquelles vont répondre les malades. Certains affichent même leurs ambitions, comme Nicolas, qui s’imagine en universitaire célèbre et reconnu par ses pairs. Mais s’ils rêvent, ils n’en restent pas moins lucides sur leur folie : « Ma maladie, c’est un fardeau qui m’empêche d’avancer », témoigne l’un d’eux. Le film explore également la difficulté de la réinsertion et sa complexité. Comment réapprendre à s’habiller, prendre un médicament, lorsqu’on est plus en hôpital ? On découvre au cours du film que les malades bénéficient encore d’une aide, mais ils doivent réapprendre à se construire par eux-mêmes.

Alors, est-ce que « Habités » vaut le coup ?

C’est un grand oui ! Si la forme peut rebuter et sembler parfois un peu décousue, le fond est quant à lui parfaitement exécuté. On sent que Séverine Mathieu connait son sujet et parce qu’elle l’a exploré, elle a pu pousser son propos plus loin que les standards habituels. Le film est doux, on s’attache à ces « fous » et on s’incruste dans leur monde. Une réussite qui rend leur dignité à des personnes trop souvent caricaturées, la folie dans le cinéma étant rarement mise en scène d’une telle manière.

A lire aussi : Rééducation des enfants polyhandicapés ou paralysés cérébraux : un parcours financé par l’Assurance maladie (handirect.fr)

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