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Gilles Duqueine : un pilote hors norme

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Pimas sponsorise et équipe depuis de nombreuses années la voiture de course et le véhicule privé d’un pilote emblématique : Gilles Duqueine. Un personnage hors norme qui a réussi au plus haut niveau  dans l’industrie aéronautique comme dans la compétition automobile. Cette année, après 2011, il remporte pour la deuxième fois  la Coupe de France FFSA GT sur une FERRARI 458 GT3*, le plus haut niveau en France. Gilles Duqueine se déplace en fauteuil roulant suite à un accident de la route mais, chose bizarre, il ne s’est jamais rendu compte qu’il était handicapé !!!! Et son entourage non plus ! Nous allons essayer d’en savoir plus!

 

Pourriez-vous nos dérouler votre carrière de pilote ?

J’ai débuté dans ce domaine en 1981, lors d’un concours organisé par Marlboro destiné à sélectionner un bon pilote avec l’ambition de l’emmener dans le monde de la F1. Nous étions 10 000 et c’est moi qui ai remporté le volant. Je suis devenu pilote professionnel du jour au lendemain. J’ai ensuite poursuivi avec  deux saisons  en F3 très prometteuses.

 

Et ensuite ?

En 1985, j’ai été victime d’un accident de la route qui m’a laissé paraplégique. J’étais tellement « brisé » que j’ai passé un an à l’hôpital. S’en est suivi une période de 10 ans au cours de laquelle j’ai laissé de côté la compétition automobile pour me reconstruire et me consacrer à mon entreprise. En 1995, je me suis de nouveau lancé dans la compétition mais pour cela j’ai dû faire la preuve que je pouvais rouler avec une licence en compétition automobile, et ceci sans restriction, ce qui ne fut pas sans peine. Mes efforts ont payé et depuis j’obtiens cette licence à chaque saison.

 

Qu’avez-vous fait une fois  votre licence en poche ?

J’ai acheté une BMW M3 pour courir en Super Tourisme. J’ai fait quelques courses assez concluantes et la saison d’après j’ai trouvé des sponsors, je me suis attaqué au Championnat de France et au Championnat Européen.

 

Votre handicap a-t-il été un problème pour vous dans ce milieu ?

Non, absolument pas. Je n’ai jamais eu de remarque de qui que ce soit et je n’ai jamais demandé quoi que ce soit de spécifique, en dehors de mon équipement de conduite conçu et installé sur mes véhicules de compétition comme sur mon véhicule personnel par Pimas. Le monde de la course automobile m’a adopté comme l’un des siens, sans distinction. Dans ma vie personnelle, comme dans ma vie professionnelle et sportive, j’ai toujours agi comme si je n’avais pas de handicap car de mon point de vue je ne suis pas handicapé et personne n’agit avec moi comme si je l’étais. Dans mes déplacements qui sont nombreux et qui m’emmènent aux quatre coins du monde, je ne fais jamais état de mon handicap, on me prend tel que je suis, un point c’est tout. Que ce soit dans les hôtels, chez mes clients ou dans la vie quotidienne je ne me retrouve jamais en galère. Je me déplace avec un petit équipement amovible qui me permet de louer n’importe quel véhicule automatique. Ma vie est simplement celle d’un homme actif.

 

Aujourd’hui, vous gagnez pour la deuxième fois la Coupe de France GT, un exploit qui appelle des explications !

Le Championnat de FFSA GT est ce qui se fait de plus haut dans la compétition automobile en France, c’est l’équivalent de la première division en football. Je concours en Coupe de France. Nous sommes deux pilotes ‘’amateurs’’ pour chaque voiture (nous changeons à mi-course) et quatre lorsque nous sommes au niveau européen (type 24h de Spa). J’ai effectivement gagné cette année avec mon coéquipier  Philippe Calenson comme en 2011 lorsque je courrais avec Fabien Barthez (le footballeur).

 

J’imagine que financer une saison est très couteux et que la logistique est très importante, comment faites-vous ?

Il faut sans cesse trouver des sponsors car une saison pour un véhicule coûte environ 400 000 euros et au niveau européen c’est une fois et demi ce chiffre. Fait nouveau depuis deux ans, j’ai créé ma propre écurie « DUQUEINE Engineering ». Pour cela j’ai investi à titre personnel, trouvé des sponsors et impliqué mon entreprise.  Je m’entraîne autant que possible et j’ai choisi un très bon copilote.

 

Sur quels critères choisissez-vous un pilote ?

Il faut des affinités financières et sportives et bien sûr des affinités humaines car c’est très important de bien s’entendre.

 

Vous êtes un très grand champion, votre image et votre particularité sont-elles exploitées par des sponsors, ou des organisateurs d’événements ?

Mon handicap n’a jamais été exploité par qui que ce soit ni par moi-même, dans ma tête je ne suis pas handicapé donc je ne veux pas en parler, c’est aussi le cas dans ma vie professionnelle.

 

Pouvons-nous parler de votre réussite professionnelle ? 

Oui, j’ai créé un groupe industriel qui fabrique des pièces pour l’aéronautique « Duqueine Composite ». Je suis parti de zéro, sans argent, il y a 30 ans, et aujourd’hui je dirige un groupe de 800 collaborateurs. Nous  traitons avec les plus grands noms de l’aéronautique au niveau mondial, ce qui  m’amène à beaucoup me déplacer, sans que mon handicap ne perturbe mes activités.

 

Comment arrivez-vous a conjuguer des réussites qui demandent autant d’investissement personnel ?

J’ai effectivement un agenda très chargé mais les deux fonctionnent très bien. Je vis et j’exerce deux passions.

 

Quelle sont les prochaines étapes ?

La saison vient de se terminer, nous travaillons sur la prochaine, qui doit débuter en mars. Nous n’avons pas encore fait le choix des Championnats de France ou Européen,  et peut-être qu’en janvier nous serons aux 24h de Dubaï.

 

Quelle sont les qualités nécessaires pour être un pilote de votre envergure ?

Il faut tout d’abord aimer les sports mécaniques, avec tout ce que cela représente comme bruit, odeurs et vitesse. Il faut bien sur aimer la compétition et même toutes les formes de compétition. Et surtout il faut être constant, discipliné et précis pour arriver au plus haut niveau et s’y maintenir. Et pour conclure, je dirai qu’il ne faut pas avoir peur du risque.

 

* FERRARI 458 GT3 : + de 600cv ; 1150 kg, boîte 6 robotisée à palettes au volant.

 

Photo : Gilles Duqueine et son coéquipier Éric Cayrolle ©Steve Arrignon

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