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Grandes écoles et handicap : Quelle accessibilité pour les étudiants ?

Grandes écoles et handicap : Quelle accessibilité pour les étudiants ?
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Grandes écoles et handicap : « 96% des Grandes Écoles membres de la CGE sont partiellement ou totalement accessibles »

Pour débuter ce dossier consacré au thème « Grandes écoles et handicap », nous vous proposons un état des lieux concret de l’accessibilité des Grandes Écoles françaises aux étudiants en situation de handicap. Pour cela, nous avons posé nos questions à Anne-Lucie Wack, présidente de la Conférence des Grandes Écoles (CGE) depuis 2015, également directrice générale de Montpellier SupAgro, grande école d’enseignement supérieur agronomique.

La Conférence des Grandes Écoles, qu’est-ce que c’est ?

Créée en 1973, la Conférence des Grandes Écoles regroupe 216 Grandes écoles en France (ingénieurs, management, architecture, sciences politiques, création & design, journalisme, écoles militaires, écoles vétérinaires et de santé) auxquelles s’ajoutent 13 Grandes écoles étrangères.

La CGE comporte 12 commissions et une cinquantaine de groupes de travail, au sein desquels les Grandes écoles réfléchissent, échangent leurs expériences, et montent des propositions et actions communes. Le groupe de travail Handicap, très actif, est co animé par Xavier Quernin et Julien Soreau.

Aujourd’hui, dans quelle mesure les Grandes écoles sont-elles accessibles aux étudiants en situation de handicap ?

Aujourd’hui 96% des écoles membres sont partiellement ou totalement accessibles : rampes d’accès, ascenseurs mais aussi temps majorés, mise à disposition de matériel, supports adaptés, prise de note, interprétariat en Langue des signes française ou Langage Parlé Complété, dispenses d’assiduité.
Les accessibilités autres que celles prévues pour les Personnes à mobilité réduite se mettent en place en fonction de l’augmentation et de la diversité des handicaps accueillis dans chacune de nos écoles.

Savez-vous combien d’étudiants et d’étudiantes en situation de handicap sont identifiés aujourd’hui dans les Grandes écoles ? Et quel « pourcentage » cela représente par rapport à l’ensemble des étudiants ?

Selon le 2e Baromètre Handicap de la CGE publié début décembre, les étudiants en situation de handicap représentent aujourd’hui 1,57 % du nombre total d’étudiants des Grandes écoles. En 2018 ils représentaient 1,08 % des effectifs. C’est un taux comparable au taux moyen d’étudiants en situation de handicap dans l’ensemble de l’enseignement supérieur dans des cursus Bac +5, cœur de métier des Grandes écoles.

Selon vous, quels sont les principaux obstacles ? Et qu’est-ce qui pourrait permettre d’améliorer la situation ?

L’accès des étudiants en situation de handicap à l’enseignement supérieur, et notamment au niveau Bac +5, que ce soit dans les grandes écoles ou dans les universités, est un véritable enjeu. Les obstacles peuvent être de nature multiple : logistiques, matériels, financiers… Cependant un obstacle sur lequel nous concentrons nos efforts est le manque d’information et l’autocensure, comme pour l’ouverture sociale, autre combat majeur mené par la Conférence des Grandes Écoles. Il faut que les lycéens et lycéennes en situation de handicap osent les Grandes écoles et soient informés de tous les dispositifs que nous mettons en œuvre, concernant les voies d’accès académiques, les conditions de déroulement de leur cursus, la facilitation de leur mobilité internationale au cours de leurs études… C’est pour délivrer ce message que le groupe de travail handicap de la CGE, renforce sa présence sur les salons étudiants.

Et en matière des débouchés et d’intégration sur le marché du travail, savez-vous ce que deviennent les étudiants en situation de handicap une fois leur diplôme obtenu ? Leur délai d’intégration est-il identique à celui des autres étudiants ?

La CGE réalise chaque année, depuis près de 30 ans,  une enquête insertion professionnelle des diplômés, et nous avons décidé de faire désormais un focus sur l’insertion professionnelle des étudiants en situation de handicap. Nous l’avons fait pour les deux dernières enquêtes 2018 et 2019, il est donc trop tôt pour en tirer des analyses en termes de tendances, et comme nous travaillons sur de très petits effectifs il y a une variabilité forte d’une année à l’autre. Cependant nous pouvons déjà dire que les taux d’insertion sont bons : parmi nos étudiants en situation de handicap, 8 sur 10 trouvent un emploi en moins de 6 mois, avec de bons salaires à l’embauche, de l’ordre de 35 000 euros annuels brut hors primes. Un salaire moyen d’embauche similaire à celui de l’ensemble des diplômés.

La CGE met-elle en œuvre des actions particulières pour améliorer l’accessibilité aux Grandes écoles ? Avez-vous des projets en ce sens ?

La Conférence des Grandes écoles porte par exemple depuis 2 ans avec la Fedeeh et Hanploi la proposition de créer un « statut international d’étudiant en situation de handicap (SIESH) ». Nous l’avons porté en France au plus haut niveau de l’État : ministères concernés et à l’Elysée, ainsi qu’à l’ONU à Genève, et auprès de plusieurs ambassades étrangères en France. Par ailleurs le groupe de travail handicap met en place actuellement, avec les associations de parents d’élèves, un réseau d’ambassadeurs. Les référents handicap des Grandes écoles qui œuvrent au sein du groupe de travail, participeront dans les lycées aux réunions de parents d’élèves pour les informer sur l’accessibilité aux Grandes écoles.

Une carte des départements disposant d’ambassadeurs est en cours de réalisation. La signature d’une convention avec l’APEL (Association de parents d’élèves de l’enseignement libre) est prévue pour début avril 2020. Ces mesures découlent de la « 2e charte handicap pour une dynamique toujours plus inclusive » co-signée en février 2019, par la CGE avec Frédérique Vidal, ministre de l’ESRI, et Sophie Cluzel, secrétaire d’État auprès des personnes handicapées.

Parmi vos membres et partenaires, certains ont-ils mis en place des actions originales ou nouvelles pour l’intégration en situation de handicap ? Si oui, lesquelles ?

Parmi les nombreuses initiatives des Grandes écoles en matière de handicap, nous travaillons par exemple avec la FEDEEH et le programme Phare, initié par l’ESSEC, grande école de management, dans le Val d’Oise en janvier 2009 : pour le tutorat étudiant d’élèves handicapés du secondaire, et visant à favoriser l’accès de ces jeunes à l’enseignement supérieur. Ce dispositif fonctionne très bien, de nombreuses Grandes écoles y participent.

Nous pouvons citer également Sciences Po Paris qui travaille beaucoup sur le handicap invisible, ou Efrei Paris qui a organisé en décembre une après-midi sensibilisation au handicap psychique des étudiants à destination du personnel. L’EM Normandie a réalisé une vidéo de Marie, une étudiante en situation de handicap, qui s’adresse aux autres étudiants en situation de handicap et présente l’accueil des ces étudiants dans son école. UniLaSalle a nommé un référent handicap dans toutes les associations étudiantes et GEM a créé une formation data destinée aux autistes Asperger. Les initiatives des grandes écoles sont nombreuses !

Nous travaillons également avec CED Hanploi, qui mène des actions de sensibilisation au sein de tous les établissements d’enseignement supérieur, et qui forme les nouveaux référents des écoles membres à l’accueil de nos étudiants en situation de handicap.

Souhaitez-vous ajouter quelque chose ?

Nous préparons la création d’un MOOC (cours en ligne ouvert) sur le thème Handi’sensi ou Handi’manager, qui pourra être complété ensuite par des certificats de « management et handicap » délivrés dans plusieurs Grandes écoles (GEM, ESSEC…).
Pour les Grandes écoles l’enjeu lié au handicap est double : il s’agit bien sûr, d’un enjeu d’équité de l’accès à l’enseignement supérieur, et d’attractivité de tous les talents. Mais il s’agit aussi, puisque nos diplômés – en situation de handicap ou non – seront en situation de responsabilité demain dans les entreprises et les administrations, et pourront favoriser la diversité des talents et la prise en compte du handicap à ces niveaux de leadership. Nous sommes convaincus que cela aura un effet de levier pour favoriser le développement d’une société plus inclusive.

En photo : Anne-Lucie Wack, présidente de la Conférence des Grandes Écoles.

Plus d’informations sur : https://www.cge.asso.fr/

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