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Handicap et image de soi : Le corps à l’épreuve de l’idéal sexuel

Handicap et image de soi : Chronique de Véronique Barreau
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Le corps à l’épreuve de l’idéal sexuel : concilier handicap et image de soi


La France compte près de 100 000 personnes lourdement handicapées, dépendantes d’un tiers pour l’habillage, pour se déplacer et pour tous les actes de la vie quotidienne. Dans une vie qui est soumise à un besoin d’aide presque permanent et à des idéaux érotiques toujours plus stéréotypés, comment vit-on sa sexualité ? Samantha, Julien et Virgin nous livrent leur quotidien et partagent la diversité de leurs récits sur le thème handicap et image de soi.

Chaque personne devrait pouvoir s’épanouir dans une relation physique, qu’elle soit éphémère ou continue, frivole ou engagée. Mais lorsque le corps ne fonctionne pas comme on le voudrait, lorsqu’il nous semble en décalage avec les canons de beauté, il peut être difficile de vivre des relations intimes simples et apaisées. « J’aimerais bien avoir des relations, mais quand quelqu’un me plait, généralement ça n’est pas réciproque, ou pas au point qu’il me déshabille. J’ai conscience que mon corps peut déranger », explique Samantha. Un physique qui n’attire plus, Julien en témoigne aussi ; en couple depuis plus de 10 ans, il confie avoir vécu une fracture intime après la survenue de la maladie : « On a longtemps mis nos corps à l’écart, en évitant de se regarder ou de se toucher. On voulait continuer à faire l’amour comme dans les romans ou comme des acteurs pornos. Ça n’était plus possible ». Accepter son corps, sa différence ou celle de l’autre, lâcher prise sur ses idéaux sexuels sont autant d’étapes et d’enjeux pour mieux vivre sa libido.

Des croyances bien ancrées

À cette image du corps en difficulté viennent parfois s’ajouter des croyances qui sont un véritable frein à la relation. « C’est bien connu, l’handicapé n’a pas de sexualité ! s’exclame Samantha. D’autant plus si c’est une femme qui a mon corps ! ». Les attitudes, les sous-entendus peuvent stopper net les tentatives d’approche : « Les mecs s’imaginent que je n’ai pas de sexualité, ils font donc semblant de ne pas comprendre quand je les drague», explique Samantha. Un déni d’une violence inouïe et qui empêche même les prémisses d’une relation de séduction : « Quand je fais des blagues classées X, les gens sont gênés, comme si c’était tabou d’en parler avec moi ! ». Julien n’est pas non plus épargné : « Quand je dis que je suis marié, on me demande toujours si mon épouse est aussi handicapée… comme si les handis devaient forcément aimer des handis ».

De la tendresse et des choses à partager
Mais le bonheur à deux reste possible. Samantha l’a vécu il y a quelques années lors d’un séjour de vacances : « On était très attirés et les moniteurs nous ont laissé faire, l’un d’entre eux nous a même aidé ». Virgin, lui, s’est entouré de prostituées : « J’en vois plusieurs, elles me connaissent bien, n’ont plus peur, et aujourd’hui je ne pourrais pas m’en passer ». Mais cette option ne peut à elle seule créer une vie sexuelle riche et épanouie : « Personne n’a envie de ça dans sa vie, ça n’est pas une fin en soi. Ce qu’on veut vraiment, c’est de la tendresse et des choses à partager ». Cette nouvelle douce intimité, Julien, et sa femme ont pu y parvenir : « On a mis beaucoup de temps à accepter que ça ne pourrait plus être comme avant. Un jour, le moment voulu, il a fallu réapprendre à se regarder, à mieux communiquer sur nos envies et ses plaisirs. Je peux dire qu’aujourd’hui, nous avons réussi ensemble à imaginer un nouvel idéal sexuel, avec mes possibilités physiques et avec beaucoup d’amour, en s’éveillant à une toute nouvelle sensualité ».

Véronique Barreau – Handicap et image de soi

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