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Handigolf : Découvrez le portrait de Manuel de Los Santos

Handigolf : Portrait de Manuel De Los Santos
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Manuel de Los Santos, membre de l’équipe de France handigolf : « Je vis comme un lion ! »

Manuel De Los Santos est né en 1984 en République Dominicaine. À l’âge de 19 ans, alors qu’il suit une préparation intensive pour devenir joueur de baseball professionnel, il est victime d’un accident de moto et doit être amputé de sa jambe gauche à mi-cuisse. Cet événement lui fait quitter son pays natal pour venir s’installer à Paris, où vit son épouse, et il débute une rééducation poussée. Devenu résident français dès mars 2003, il se lance dans la pratique du golf en 2004, de manière autodidacte. Il découvre un sport qu’il n’avait jamais pratiqué. C’est le film « La Légende de Bagger Vance » qui lui a fait découvrir le golf. À partir de 2005, il devient membre de l’équipe de France handigolf et en 2006 il remporte le titre de vice-champion d’Europe handigolf.

Une progression d’autant plus admirable que son amputation lui avait laissé un goût amer : « Quand j’ai perdu ma jambe, j’ai beaucoup pleuré, je pensais que ma vie était finie. Sans le golf, je ne serais sans doute pas là aujourd’hui, c’est ça qui m’a sauvé », explique Manuel De Los Santos.
Il progresse rapidement jusqu’à devenir l’un des meilleurs handigolfeurs européens dès 2007. Son palmarès en hanigolf dépasse vite toutes les attentes avec des victoires aux opens d’Espagne, d’Italie, de Norvège, d’Allemagne, de Hollande, du Portugal et de République Tchèque et bien sûr en France. En juin 2017, il est invité à participer à une épreuve professionnelle du Challenge Tour sur le « Hauts-de-France Golf Open » sur le Golf de Saint-Omer. Il a aussi participé en 2016 et 2017 à plusieurs tournois professionnels de l’Algarve Pro Golf Tour.
Nous avons eu le privilège de le rencontrer et de lui poser quelques questions.

Que représente le sport dans votre vie ?
Le sport a toujours fait partie de ma vie car dans mon pays on découvre le sport bien avant d’aller à l’école. Le baseball est notre sport national. La plupart des parents de mon pays et surtout ceux de familles modestes engagent leurs enfants dans le baseball car celui-ci  offre une possibilité de réussite sociale. La République Dominicaine est le pays d’Amérique latine qui produit les meilleurs joueurs de baseball. Très jeunes, nous sommes entourés, aidés, conseillés et encouragés à toujours faire mieux. C’est une richesse formidable. Je tiens à ajouter qu’au regard de mon parcours et de mes performances à travers le monde, j’ai été fait Chevalier de l’Orden del Mérito Duarte, Sánchez y Mella, en juillet 2012, par le Président de mon pays natal, la République Dominicaine, Leonel Fernandez. C’est la plus haute distinction honorifique attribuée à un civil en République Dominicaine. Si je dois résumer, le sport c’est l’axe central de ma vie et si c’est au baseball que je me destinais, ma destinée m’a finalement emmenée vers le golf qui est un sport magnifique.

Quelles sont les vertus que reconnaissez  au sport et plus particulièrement au sport de haut niveau ?
Pour moi le sport c’est être positif et se donner pleinement tous les jours. Si on fait les choses correctement, rien ne peut nous empêcher d’atteindre nos objectifs, on doit foncer et ne surtout pas chercher d’excuses pour ne pas faire le maximum. Le sport c’est pour moi le dépassement de soi-même, la concentration, l’humilité, le respect des autres. Le sport m’apporte un équilibre quotidien et j’ai la chance de faire le sport que j’aime par-dessus tout. À partir de là, mon handicap et mes problèmes disparaissent. Je peux dire sans humour mal placé que le golf est ma deuxième jambe. Je vis comme un lion, je suis fier et j’ai toujours la tête haute, mon handicap ne me préoccupe absolument pas.

Manuel De Los Santos, vice-champion d'Europe handigolf.
Manuel De Los Santos, vice-champion d’Europe handigolf.

Quelles sont les qualités nécessaires pour atteindre le haut niveau en handigolf ?
L’exigence au quotidien, l’engagement, ne jamais renoncer et se lancer sans cesse de nouveaux challenges. Et dans cet état d’esprit je veux aujourd’hui transmettre aux jeunes tout ce que le golf m’a apporté. Pour cela, je ne veux pas profiter de mon statut de champion sans avoir validé les compétences nécessaires en termes de pédagogie et d’enseignement. Je me suis donc lancé dans une formation pour devenir coach et entraineur que je termine dans 6 mois. Et là on ne parle pas de handicap, je serai enseignant comme toute autre personne qui enseigne car j’ai suivi la même formation, dans les mêmes conditions que tous les autres candidats valides. Il s’agit d’un diplôme fédéral, il n’y a pas de passe-droit. C’est une victoire pour moi comme pour les personnes handicapées. Mon but ultime c’est de créer une école handigolf pour enseigner et transmettre aux plus jeunes, quel que soit leur handicap, ma passion du golf.

Que représente pour vous le fait de concourir avec des personnes non handicapées ?
Pour moi il n’y a pas de différence, le sport c’est le sport, et lorsque je gagne une compétition qu’elle soit handigolf ou non, la victoire m’offre les mêmes émotions et renvoie les mêmes valeurs. Le handicap ne doit pas entrer en ligne de compte dans ces moments-là. Ce sont les personnes qui ne sont pas concernées par le handicap qui font une différence. Lorsque je gagne un trophée en compétition traditionnelle, même si le public ou les autres compétiteurs voient mon handicap, ils ne peuvent que constater que c’est moi qui ai la coupe et ce n’est pas discutable car le golf est l’un des sports où l’on ne juge pas. Dans le golf, la seule chose qui compte c’est le niveau de jeu, et le handicap n’entre pas en compte. Il ne peut ni vous avantager, ni vous désavantager face à vos concurrents. Seule la performance compte. Bien sûr, il y a différentes catégories, comme dans d’autres sports, pour que les joueurs s’affrontent à un niveau équivalent. J’ai participé il y a quelques temps à un tournoi de championnat du monde en Australie et l’organisation avait intégré les 12 meilleurs joueurs handigolf du monde. Nous avons joué dans les mêmes conditions et suivi le même parcours que les professionnels et certains d’entre nous ont été supérieurs à ces professionnels du golf. Cela vous montre ce que le travail et la motivation peuvent donner comme résultats. Dans le monde il y a de plus en plus de joueurs en situation de handicap et cela devient presque normal dans ce milieu. C’est même motivant pour tous les autres joueurs.

 

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