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Handiwork, pour entrer en douceur dans l’entreprise

Handiwork ou comment entrer en douceur dans l'entreprise
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Nous avons découvert Handiwork lors de sa mise en lumière par le prix Activateur de Progrès de L’Agefiph, que la jeune société a reçu à Lille lors de l’Université des Référents Handicap. Nous avons eu l’occasion d’échanger avec Jean-Baptiste Honorin, l’un de ses trois cofondateurs en compagnie de Claire Vesco directrice de la région AURA.

Pouvez-vous nous raconter l’histoire des origines de Handiwork ?

L’histoire a démarré à Bagnols-sur-Cèze, il y a 5 ans, entre Eric Villasante, Lionel SATOUFet moi-même. À l’époque, Éric avait une entreprise de réparation de matériels d’entretien des espaces verts dans laquelle il prenait régulièrement des stagiaires d’un IME. De mon côté, je gérais un organisme de formation, et Lionel était cogérant d’un magasin Bricomarché. Un jour, Eric a eu l’idée d’aller 3 heures par semaine chez Bricomarché avec des jeunes d’un IME pour y réparer des tondeuses et des tronçonneuses dans un petit atelier dédié. Une approche uniquement axée métier qui nous a semblée logique et pertinente. Les effets bénéfiques ont été immédiats pour les jeunes stagiaires comme pour Bricomarché et ses clients. A l’issue du stage, les jeunes ont été valorisés grâce au contact direct avec les clients et ils en ont beaucoup parlé au sein de l’IME. Le dispositif a alors fait des émules, aussi bien d’autres établissements médico-sociaux que des entreprises.

Il semble que le dispositif se soit rapidement développé !

Oui, effectivement. D’autres Bricomarché ont rapidement souhaité le mettre en place ainsi que quelques ESAT. Éric, qui avait une activité artisanale qu’il gérait seul, s’est vite retrouvé débordé. Il m’en a parlé avec d’autant plus de confiance que nous sommes amis depuis prés de 15 ans. Il m’a alors proposé de rattacher le dispositif à mon organisme de formation, ne serait-ce que pour gérer toute la partie administrative et financière. Mais très rapidement nous avons vu que le projet allait vite grossir et nous avons décidé de créer Handiwork.

Quelle est votre vision de l’activité à ce moment ?

À ce moment-là, nous n’avions pas conscience que ce type de dispositif n’existait pas, ni-même qu’il allait prendre une telle ampleur. Et la machine s’est emballée, la DREETS d’Occitanie est entrée dans la boucle, tout comme l’Opco Santé, puis le CCAH et nous avons commencé à recevoir des financements importants. Nous sommes alors passés de 5 dispositifs à 34 en 4 ans en Occitanie. Cela signifiait autant de magasins partenaires et 5 formateurs dédiés à temps plein sur le terrain pour accompagner plus de170 stagiaires.

Comment avez-vous géré cette soudaine croissance ?

Nous avons dû recruter, investir et nous organiser à beaucoup de niveaux. Mais à ce moment-là, nous n’étions toujours pas sur une approche handicap. Bien que ce soit notre public, nous restions uniquement sur une approche métier. Nous devions nous projeter dans un monde que l’on ne connaissait pas du tout, à la fois tentaculaire et très complexe. En creusant un peu, ce que nous avons constaté, c’est qu’il n’y avait pas d’accompagnement sur la partie métiers, malgré la myriade d’organismes qui travaillent sur l’emploi des personnes en situation de handicap. Handiwork apparaît alors comme le chainon manquant entre le monde du travail et le monde du handicap. Nous innovons en accompagnant les stagiaires sur le terrain et en travaillant sur les compétences métier. Ce que nous avons aussi découvert avec étonnement, c’est que le « handicap » fait peur dans les entreprises qui sont convaincues qu’une adaptation de poste est systématiquement nécessaire. Or, 85% du temps ce n’est pas vrai.

Que proposez-vous aux entreprises pour sortir de ce préjugé ?

En accompagnant des personnes en situation de handicap sur la durée au sein de l’entreprise, comme des maitres d’apprentissage au sens historique du terme, nous levons des freins et des peurs en les déchargeant de toute la partie accompagnement métier. Le plus souvent, un peu d’adaptation suffit pour que le stagiaire soit parfaitement intégré. C’est alors la pratique professionnelle qui prime.

Comment s’organise Handiwork ?

Au démarrage, nous avons créé le dispositif HANDIWORK DECOUVERTE, qui permet de faire travailler en entreprise, 3 heures par semaine durant une année, des personnes en situation de handicap issues du secteur protégé et adapté (ESAT, IME et ITEP principalement). Mais à l’issue de cette période, l’embauche reste compliquée, car passer de 3h à 35h par semaine avec ce type de public, ce n’est pas simple.

Nous avons alors développé le volet recrutement, et sur la base de notre modèle, nous avons créé HANDIWORK RECRUTEMENT. Pour cela, nous nous adressons uniquement à des demandeurs d’emploi en situation de handicap et nous ne travaillons qu’avec des entreprises qui expriment un vrai besoin de recrutement. Nous appliquons alors les mêmes « recettes » que dans un dispositif HANDIWORK DECOUVERTE, mais au lieu de travailler 3h par semaine, la formation en situation de travail et l’intégration au sein des équipes de l’entreprise se fait sur 9 semaines avec une autonomisation progressive : trois semaines pendant lesquelles le formateur est présent 100% du temps, trois autres où il est présent quatre jours et les trois dernières semaines où les travailleurs sont en quasi-autonomie, le formateur ne venant plus qu’un seul jour. À ce jour, nous avons mis en place une soixantaine de dispositifs qui ont permis prés de 140 recrutements (58% des stagiaires) à l’issue des 9 semaines.

Comment les personnes en situation de handicap viennent-elles dans votre dispositif ?  
Concernant HANDIWORK DECOUVERTE, les personnes en situation de handicap sont orientées par les chargés d’insertion professionnelle des établissements médico-sociaux souhaitant proposer ce dispositif à leurs usagers. Pour cela, dans un premier temps, nous démarchons les ESAT et IME de la région. Le processus est assez long car la validation de la mise en place et du financement d’un nouveau dispositif au sein d’un établissement prend du temps. Nous devons ensuite trouver l’entreprise qui va accueillir le dispositif, ce qui demande également du temps.

Concernant HANDIWORK RECRUTEMENT, une fois un besoin en recrutement exprimé par une entreprise et le financement validé, nous nous mettons en lien avec les services publics de l’emploi (Pôle Emploi, Cap Emploi) ainsi qu’avec les acteurs de l’insertion et du handicap du territoire (tels que l’ADAPT, les Missions Locales, …). Sur la base de la fiche de poste et de l’offre de formation, ceux-ci nous orientent les demandeurs d’emploi en situation de handicap qui sont intéressés par le projet.

Qui finance vos prestations ?

Le financement du dispositif HANDIWORK DECOUVERTE se fait à part égale entre l’entreprise et l’établissement dont sont issus les candidats. C’est pour l’entreprise et l’établissement un véritable engagement qui paient 4500 euros chacun pour 4 stagiaires, 3h par semaine.

Les dispositifs Handiwork Recrutement peuvent être financés par les OPCO, les Régions, AG2R, Pôle Emploi et la DDETS… Cependant nous nous sommes aussi rapprochés du secteur de l’Intérim, et d’ores et déjà, nous travaillons avec Adecco et Randstad, qui s’intéressent fortement à ce que l’on fait. Enfin, dernier volet de notre développement, nous sommes en mesure de proposer notre dispositif en alternance, dans le cadre de contrats de professionnalisation.

Quels sont vos enjeux actuels ?

Nous travaillons actuellement dans les secteurs de la grande distribution, de la logistique et de la restauration rapide Nos partenaires sont tous implantés au niveau national donc pour nous, l’enjeu actuel, c’est de nationaliser les deux dispositifs. C’est un gros chantier qui va demander de nous implanter dans de nouvelles régions et de trouver des modalités de financement pérennes sur chaque région.

Présentation en vidéo https://youtu.be/QAt2nfUR9-o

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