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Image de soi et attachement : Des liens qui se créent dès l’enfance

Attachement et image de soi : se construire avec les liens émotionnels
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Attachement et image de soi : Se construire avec la qualité du lien émotionnel


Par Véronique Barreau, psychologue, journaliste santé et diversité. La qualité du lien émotionnel entre l’enfant et la principale personne qui s’occupe de lui revêt une importance décisive dans le chemin de vie des individus et d’une façon plus spécifique dans la construction de l’image de soi.

Stable, distante, ambivalente, sécurisante ou rejetante… la relation mère-enfant établie dans les premiers mois de vie est l’un des piliers majeurs du développement adulte. La mère, ou toute autre figure d’attachement potentielle (nourrice, membre de la famille…), devient un havre de sécurité si elle est suffisamment proche, disponible et si elle soutient l’enfant. Ce lien d’attachement grandissant permet au bébé d’explorer le monde environnant en toute confiance, et de solliciter de l’aide sans peurs lors d’un événement bouleversant.

Chaque jour, les réactions du parent (cohérentes, bienveillantes) amènent l’enfant sur le chemin de la confiance : confiance en l’autre tout d’abord, qui reste stable dans ses réponses et suffisamment proche pour garantir une impression de sécurité, puis confiance en l’environnement, qui n’est pas systématiquement vécu comme hostile. Si la relation se maintient, il fera l’expérience de la construction d’une confiance en soi grandissante, à travers les activités de la vie quotidienne. A contrario, les attachements moins « secure » sont souvent liés à des relations moins disponibles, agrémentées d’une distance physique importante et d’une ambivalence émotionnelle : le parent se montre peu sensible, réagit peu, punit ou se met en colère de façon récurrente, agit de façon imprévisible ou sans cohérence.

À l’âge adulte, les expériences relationnelles sont autant d’occasions de rejouer cette (in)sécurité affective : il n’est pas rare qu’au début de la rencontre amoureuse, les deux tourtereaux testent la qualité de la relation au regard de leur qualité d’attachement personnel. Les tous premiers mois d’échanges, d’attentions, de réponses sont alors décisifs dans le devenir du duo en construction : la potentielle disponibilité émotionnelle et la proximité physique restent deux critères majeurs pour construire la relation. Rapidement, les attitudes de l’un réveillent chez l’autre des émotions, parfois fortes, vécues dans les premières années de vie : lorsque l’un des deux se montre distant, réagit de façon ambivalente, excessive, se montre peu sensible ou peu stable, l’autre refait l’expérience d’un sentiment d’insécurité. Le soupirant se sent alors confus, rejeté, et parfois fâché ou en colère. La qualité de l’attachement se joue en quelques semaines, alors que le duo ne cesse d’évaluer l’autre dans ses capacités à protéger et réconforter. L’amoureux sécurisé se sent pousser des ailes, acquiert une plus grande capacité à être lui-même, à se surpasser, en explorant de nouveaux chemins de faire ; porté par le regard sécurisant du partenaire, il se sent plus fort pour assumer ses choix et ses besoins. A contrario, les tourtereaux tourmentés éprouvent davantage de stress, avec le sentiment très fort que l’autre ne peut pas subvenir à leur besoin. Fréquemment, au hasard des circonstances, ils sont envahis d’émotions fortes de peur, de tristesse, de colère, en écho perpétuel à leur vie d’enfant. « Dès que mon chéri part en déplacement pour quelques jours, je suis perdue, j’imagine tout un tas de scénarios, ou qu’il pourrait rencontrer quelqu’un », explique Claire. D’autres au contraire ne seront pas affectés par la distance physique mais plus sensibles aux paroles et attitudes : « Dès qu’elle me fait une petite remarque, même anodine, je me ferme, et je me sens rejeté », atteste Franck.

Image de soi et liens tissés au travail
Les autres sphères de vie ne sont pas non plus épargnées par la qualité de l’attachement primaire. Les relations amicales et les liens tissés au travail sont autant de situations pouvant réactiver la base de (in)sécurité construite il y a des années. Il n’est pas rare par exemple qu’un manager ravive l’autorité excessive du père. Ces répétitions agissent de façon très forte sur l’estime de soi et l’image de soi : « Au bureau, mon nouveau patron est très distant et très froid ; parfois il me parle comme si j’avais 10 ans, j’ai l’impression d’être nulle et incapable ! », s’agace Christiane. Parfois aussi, d’autres rencontres permettent de faire l’expérience de liens d’attachements encore inconnus. Alors, une écoute bienveillante, une oreille attentive et sans jugement invite, tout en douceur, à faire l’expérience de liens humains plus proches et plus confiants. Peu à peu, lorsqu’il baisse la garde, l’adulte devient capable d’abandonner ses réactions « anciennes » pour s’éveiller à des relations apaisées et des réponses plus adaptées.

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