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Jeux paralympiques : Objectif Paris pour Alexis Sanchez en aviron

Jeux paralympiques : Objectif Paris pour Alexis Sanchez en aviron
Branly – Spot 2 – PC
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Soutenu par Equans France et L’Avi sourire, association d’inclusion des personnes en situation de handicap par le sport, Alexis Sanchez, jeune sportif amputé fémoral s’est lancé un défi de taille : parvenir à se qualifier pour les Jeux paralympiques de Paris 2024 dans la discipline de l’aviron. Rencontre.

Pouvez-vous présenter en quelques mots ?

J’ai 24 ans, je suis actuellement en école d’ingénieur à Marseille, en alternance au sein de SCLE-SFE, qui fait partie du groupe Equans France. J’ai été amputé des deux jambes, au-dessus des genoux, il y a trois ans et demi, fin août 2019, à la suite d’un accident de la route en scooter. À la suite de cela, je me suis lancé dans un triple projet : professionnel, sportif et rééducationnel. J’ai commencé l’aviron avec l’objectif de me qualifier pour les Jeux paralympiques de Paris. J’ai repris mes études pour faire mon école d’ingénieur. Et il y a eu bien sûr toute la partie rééducationnelle pour réapprendre à marcher. Je remarche à l’heure actuelle, sur deux prothèses électroniques, ce qui me permet de retrouver une autonomie.

Comment avez-vous décidé de vous relever après cet accident et de vous orienter vers le sport de haut niveau ?

Déjà, après mon accident, je me suis senti chanceux, et je le suis, d’être toujours en vie. J’ai eu la chance de me sortir de cette épreuve-là, de ne pas en être mort. Alors je me suis dit qu’il faudrait que j’utilise cette chance là pour me lancer des défis. Dès que j’ai été en centre de rééducation, et même juste après mon accident, je me suis directement fixé l’objectif de tout faire pour essayer de me qualifier aux Jeux paralympiques de Paris 2024. Ce défi était aussi un moyen de repousser mes limites, même si je ne savais pas encore dans quel sport j’allais poursuivre cette ambition.





Et pourquoi l’aviron ?

Comme mon accident était tout récent, je n’avais pas encore assez d’expérience sur les membres inférieurs pour un sport qui les mobilise beaucoup. Il me fallait une activité qui sollicite surtout le haut du corps. Puis, fin 2019, une journée de découverte sportive a été organisée au sein de mon centre de rééducation, où l’aviron était justement représenté. L’association L’Avi sourire était là pour présenter ce sport, en le faisant tester sur une machine appelée ergomètre. J’ai commencé comme ça et on a vu que j’avais du potentiel. J’ai tout de suite accroché et dit que je voulais faire les Jeux. On a donc poursuivi l’expérience : je suis allé faire d’autres tests à la base nautique. J’ai alors commencé à vraiment formaliser cet objectif de qualification aux Jeux paralympiques dans la discipline de l’aviron avec L’Avi sourire.

Quelles ont été les étapes suivantes ?

Entre mon accident et aujourd’hui, il y a eu le Covid qui a un petit peu ralenti les choses, ainsi que plusieurs opérations qui m’ont obligé à faire des pauses et à me réadapter.

En novembre 2021, j’ai fait ma première compétition. Depuis, il y a eu les championnats de France où j’ai remporté la médaille de bronze lors de ma première participation, en avril 2022. Je suis donc encore assez récent dans la discipline, cela fait environ un an et demi que je fais des compétitions.

Le schéma de performance continue bien, puisqu’en octobre 2022, j’ai obtenu le titre de champion de France sur 500 mètres, sur l’eau ; et en janvier 2023, le titre de champion de France 500 mètres sur indoor, donc sur ergomètre. J’ai également remporté le titre de vice-champion de France sur 2000 mètres en indoor. Aujourd’hui tout se poursuit pour le mieux, je continuer à progresser et à professionnaliser ma préparation avec Equans et L’Avi sourire.





Justement, vous travaillez au sein d’Equans et vous êtes soutenu par l’Avi Sourire. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ? Comment ça se passe concrètement ?

Pour moi, tout a commencé lors de ma rencontre avec L’Avi sourire au centre de rééducation. Un club et une cause qui me tiennent forcément à cœur puisque c’est une école d’insertion des personnes en situation de handicap par le sport. Plus tard, j’ai commencé à travailler au sein du groupe Equans, et il se trouve qu’Equans France s’engage à travers le mécénat de clubs sportifs, pour permettre aux salariés en situation de handicap de bénéficier d’un cadre adapté pour la pratique du sport de haut niveau.

Je rentrais parfaitement dans ce cadre-là, du coup un partenariat a pu se mettre en place. J’ai signé un contrat de mécénat le 20 janvier 2023 à Marseille, avec Equans et L’Avi sourire, afin de le formaliser.

Concrètement, ce partenariat me permet d’obtenir un accompagnement par Equans et mon entreprise SCLE-SFE. On m’a notamment proposé un aménagement spécifique de temps, pour pouvoir m’entraîner au mieux et gérer mes compétitions. J’ai vraiment besoin que les acteurs de ce triple projet, en comptant la rééducation, soient au courant des exigences que ça implique et qu’ils soient capables de m’accompagner en conséquence.

Je bénéficie aussi d’un soutien financier grâce à Equans France et L’Avi sourire, ce qui me permet, sur une durée de trois ans, de pouvoir subvenir aux besoins qui sont nombreux dans un projet sportif comme celui-là. Parce qu’il y a toute une dimension matérielle, technologique, des coûts pour les entraînements, même pour la nutrition… c’est un projet qui est assez coûteux.

Tout cela nous permet, à L’Avi sourire et moi, de préparer au mieux les différentes compétitions et de me rendre la tâche plus facile pour aller chercher de la performance.

Alexis Sanchez et les différents acteurs qui le soutiennent : de gauche à droite, Joffrey Chiron, Référent Paralympique Provence-Alpes-Côte d’Azur au Comité Paralympique & Sportif Français, Dominique Guende, Fondatrice de l’association L’Avi Sourire, Florin Cordier, Responsable du développement à L’Avi Sourire, Isabelle Laussine, Conseillère municipale déléguée aux personnes en situation de handicap, à l’inclusion et à l’accessibilité pour la Ville de Marseille, Alexis Sanchez, Athlète handisport à L’Avi Sourire et Ingénieur d’étude au service innovation digitale chez SCLE SFE, entité d’Equans France, Carolle Foissaud, Directrice Générale Spécialités au sein d’Equans France et Christophe Bourdin, Doyen de la Faculté des Sciences du Sport à l’Université Aix Marseille lors de la signature du contrat de mécénat entre Equans et L’Avi Sourire le 20 janvier 2023.

Pouvez-vous me donner un aperçu de votre emploi du temps et votre organisation (entraînement, travail, préparation…) ?

Ça varie selon les périodes où je suis à l’école ou en entreprise, mais dans tous les cas, j’essaye de garder 8 à 10 entraînements par semaine.

Les différentes séances vont allier musculation, ergomètre, machine à ramer et entraînement sur l’eau… ce qui nécessite donc des aménagements de temps pour pouvoir se rendre à la base régulièrement.

Sur une semaine, le lundi, je vais avoir l’entraînement le soir et travailler toute la journée. Le mardi c’est entraînement le matin et travail l’après-midi. Le mercredi je travaille toute la journée mais je fais quand même un entraînement le matin et le soir. Le jeudi je m’entraîne le matin avant de travailler l’après-midi et de m’entraîner à nouveau le soir, le vendredi je travaille le matin, je m’entraîne le soir et je vais voir mes prothésistes l’après-midi, car c’est aussi une dimension importante pour adapter au mieux mon matériel. Le samedi, je m’entraîne à nouveau le matin et parfois l’après-midi. Et le dimanche, c’est en général un jour de repos.

Qu’est-ce qui vous plaît dans l’aviron ?

Déjà, les valeurs qui sont véhiculées, le sacrifice à l’entraînement et le don de soi, c’est ce que j’apprécie le plus. Les courses se gagnent à l’entraînement, on a rien sans rien, et vraiment on ne s’invente pas une performance le jour J, c’est le fruit de nos efforts et la victoire aime l’effort.

Après, c’est aussi le fait d’être sur l’eau, c’est paisible, c’est calme, et j’aime beaucoup la mer… surtout qu’à Marseille on est dans un cadre exceptionnel. De manière générale, j’aime bien les sports nautiques, c’est hyper agréable, ça permet de se ressourcer et de réfléchir à ce que je veux lorsque je suis sur mon bateau… sauf quand je suis en course, là je ne réfléchis à rien sauf gagner !

Est-ce que l’aviron est un sport que vous recommandez aux personnes en situation de handicap ?

Complètement. Déjà, sur la partie physique. Pour ce qui est de mon cas personnel, physiquement, ça m’a permis d’énormément me développer, même sur l’aspect cardiovasculaire. Parce que, par rapport à mon handicap, double amputé fémoral, il y a une dépense énergétique extrêmement élevée en comparaison avec des personnes valides, donc c’est quelque chose qui se travaille au fur et à mesure. Cela demande une bonne condition physique. L’aviron permet aussi de se développer mentalement car c’est un sport qui est tout de même dur psychologiquement, donc ça aide aussi pour combattre le handicap, et moi-même ça m’a aidé à me relever de mon accident.

L’aviron est aussi un sport qui est adaptable aux différents types de handicap. On essaye de trouver des solutions pour chacun puisse le pratiquer.

Les Jeux de Paris 2024, qu’est-ce que ça représente pour vous ?

Cela représente un peu le Graal, vu que c’est l’objectif que je me suis fixé dès mon arrivée en centre de rééducation. Et depuis que j’ai découvert l’aviron, j’ai vraiment envie de gagner et de faire tous les efforts qu’il faut pour me qualifier. Les Jeux 2024, pour moi c’était un moyen de formaliser cette renaissance après l’arrivée du handicap. C’est un défi vis-à-vis de moi-même et des gens qui m’accompagnent.

Et du côté de L’Avi sourire, on essaye de faire de mon projet de qualification aux Jeux paralympiques une locomotive pour le reste du club et que ça tire tout le monde vers le haut. Tout ce qui se met en place au niveau des partenariats, du matériel, des adaptations, de la professionnalisation, de la préparation… tout cela va nous servir à faire monter le club.

Quelles sont les prochaines étapes pour votre qualification aux Jeux paralympiques en aviron ?

Le 2 avril dernier, j’ai participé à des championnats régionaux qualificatifs pour les championnats de France à Aiguebelette, où j’ai terminé 2e.

Le 15 avril, je participerai donc aux championnats de France où vise la victoire pour accrocher une qualification en équipe de France. Et si qualification il y a, cela m’amènera aux championnats d’Europe, championnats du monde, coupe du monde… et tout cela pourrait m’amener ensuite à être sur le bateau de l’équipe de France pour les Jeux. Mais il faut savoir qu’aux Paralympiques il y aura seulement un bateau double en aviron dans ma catégorie, un homme et une femme de même catégorie de handicap. Pour se qualifier il faut non seulement être en équipe de France mais aussi être le meilleur homme ou la meilleure femme.

Souhaitez-vous ajouter quelque chose ?

J’invite toutes les personnes qui sont dans une situation comme la mienne, ou qui l’ont été, ou les gens qui doutent, qui pensent qu’ils ne sont pas capables de faire certaines choses… à se fixer de gros défis, à se donner les moyens de leurs ambitions. Il faut savoir qu’aucun défi n’est impossible si on s’en donne les moyens, et je pense que la victoire, quel que soit le sport, aime l’effort. Et donc quand on a la chance de pouvoir se donner, de se fixer des gros objectifs, on se doit de le faire.

En photo principale : Alexis Sanchez © L’Avi Sourire

L’Avi sourire en quelques mots

L’Avi sourire est une association dédiée à l’inclusion sociale des personnes en situation de handicap par le sport, et plus particulièrement à travers l’aviron, les sports nautiques et les activités de plein air. Elle s’adresse à toute personne en situation de handicap, quelle que soit la nature de celui-ci : mental, physique, psychique, sensoriel. Elle propose des activités qui vont de l’initiation à la compétition avec une volonté de promouvoir les bienfaits du sport.

Pour en savoir plus sur L’Avi sourire, rendez-vous ici : https://lavisourire.fr/

À lire aussi : Jules Segers : Les athlètes handisport aux Jeux Paralympiques de Pékin

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