À l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer qui a lieu ce samedi 4 février, la Ligue contre le cancer souhaite interpeller l’opinion et les pouvoirs publics sur les inégalités et difficultés d’accès aux soins de nombreux patients face à cette maladie.
Une journée mondiale contre le cancer placée sous le thème « Pour des soins plus justes » afin d’alerter sur les pénuries de médicaments, les inégalités d’un patient à l’autre et selon chaque territoire, les dépistages en berne, les retards de diagnostic, les déserts médicaux et système de santé à bout de souffle sur fond de crise économique et sociale.
« Le thème « Pour des soins plus justes » de la Journée mondiale contre le cancer est tristement d’actualité, commente la Ligue contre le cancer. Nous agissons contre les inégalités face au cancer sur l’ensemble du territoire de métropole et d’Outre-Mer : actions de prévention, soins de support, aides financières, et nous constatons que les inégalités se creusent et que la situation nécessite une mobilisation totale de tous ».
Les malades du cancer pénalisés par la crise du système de santé
Déplorant une aggravation de la santé, la Ligue contre le cancer rappelle que la crise du système de santé rend encore plus complexe la situation des malades du cancer, notamment parce que les personnes malades sont de plus en plus confrontées à une pénurie de médicaments anti-cancéreux
Ainsi, selon l’ANSM – Agence Nationale de Sécurité du Médicament – il y a eu 2 160 signalements de ruptures de stocks ou de risques de ruptures signalés en 2021, contre 1 504 en 2019… et 404 en 2013 ! Parmi ces médicaments, une part importante de traitements contre le cancer. Conséquence directe : des pertes de chance.
D’autre part, selon la Ligue[1], 68% des cancérologues estiment que les pénuries de médicaments contre le cancer ont un impact sur la survie à 5 ans de leurs patients.
« Face à la pénurie de médicaments anti-cancéreux, nous réclamons depuis plusieurs années le recensement des personnes qui n’ont pas eu accès au médicament prescrit en premier lieu, grâce à la création d’un système collectif d’informations ; des sanctions financières en cas de non-respect de la réglementation… La situation s’aggrave d’année en année, il est temps d’agir collectivement », interpelle Daniel Nizri, président de la Ligue contre le cancer.
Des inégalités qui persistent avant, pendant, après le cancer
La Ligue contre le cancer rappelle par ailleurs que, alors que 40% des cancers sont évitables, les populations les plus fragiles économiquement sont aussi les plus exposées aux causes ou facteurs aggravant de cancer. En effet, les personnes âgées de 18 à 45 ans dont le niveau de diplôme est inférieur au BAC ont deux fois plus de risques de consommer quotidiennement du tabac et régulièrement de l’alcool que les personnes plus diplômées[2].
D’après la Ligue contre le cancer[3], les populations les plus fragiles économiquement et les moins diplômées, sont presque deux fois moins diagnostiquées de leur cancer par le biais du dépistage (pour les cancers concernés). Les diagnostics sont donc plus tardifs et les traitements souvent plus lourds, diminuant d’autant la qualité de vie des personnes, ainsi que leurs chances de survie.
Certains espaces ruraux ou banlieues populaires sont de vrais déserts médicaux. Pour la première fois, la Ligue a démontré dans une étude publiée en 2022[4] que dans les départements où la densité de médecins est faible et dans les communes où il n’y a aucun centre de santé, les personnes qui souffrent de séquelles du cancer sont moins systématiquement orientées vers les soins de support.
Cela concerne également les soins curatifs, en particulier pour l’accès aux essais cliniques ! Pourtant source d’un réel espoir pour les patients en échec thérapeutique, il existe une probabilité plus importante de recevoir un traitement expérimental pour les patients habitant dans des aires métropolitaines aisées, par rapport aux zones urbaines défavorisées en France[5].
[1] Ligue nationale contre le cancer, 2020. Pénuries de médicaments : une perte de chance pour tous les malades. Focus sur le cancer. Étude réalisée par l’Observatoire sociétal des cancers
[2] Richard, J.B., Beck., F., 2016. Tendances de long terme des consommations de tabac et d’alcool en France, au prisme du genre et des inégalités sociales. Bull Epidemiol Hebd. 2016;(7-8):126-33. http://www.invs.sante.fr/beh/2016/7-8/2016_7-8_4.html
[3] Ligue nationale contre le cancer, 2019. Face au cancer, l’épreuve du parcours de soins. Rapport 2018-2019 de l’Observatoire sociétal des cancers.
[4] Ligue nationale contre le cancer, 2022. Coordonner et orienter pour mieux prendre en charge les conséquences du cancer. Etude réalisée par l’Observatoire sociétal des cancers
[5] Besle, S., Vallier, E., Boaventura Bomfim, D., Charton, E. & Fayet, Y., 2021. Médecine de précision et inégalités sociales d’accès aux essais précoces en cancérologie. Revue française des affaires sociales, 139-158. https://doi.org/10.3917/rfas.213.0139
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