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« L’intérêt pour les Jeux de Sotchi est une vraie marque de reconnaissance pour les athlètes »

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« Cet article vous est proposé par notre partenaire ‘Sport et Citoyenneté’, premier ‘think tank’ européen dans le domaine de sport. www.sportetcitoyennete.com »

 

 Propos recueillis par Sylvain LANDA

 

Chef de mission de la délégation française aux Jeux Paralympiques de Sotchi, Emmanuelle Assmann vivait ses premiers Jeux en tant que Présidente du Comité Paralympique et Sportif Français. Ancienne escrimeuse de haut-niveau, médaillée de bronze par équipe à l’épée aux Jeux Paralympiques d’Athènes en 2004, elle revient pour Sport et Citoyenneté sur ces neuf jours de compétition.

 

Partagez-vous le sentiment du président de l’International Paralympic Committee Sir Philip Craven, pour qui les Jeux de Sotchi sont « les plus beaux Jeux Paralympiques de l’histoire » ?

Je n’ai pas l’expérience de Philip Craven, puisque je vivais à Sotchi mes premiers Jeux Paralympiques d’hiver, mais je partage plutôt son sentiment. En termes d’organisation, tout était vraiment très bien pensé. Surtout, nous avons senti un vrai intérêt du public et des médias, tout au long de la compétition, à Sotchi et en France. J’ai connu les Jeux Paralympiques à Athènes en tant qu’athlète, et je dois reconnaître que le chemin parcouru depuis dix ans est impressionnant.

 

La tendance esquissée à Londres semble donc se confirmer.

Londres a vraiment marqué les esprits, en raison de l’engouement du public pour les Jeux dans leur ensemble, Olympiques et Paralympiques. Les deux événements étaient intimement liés dès la candidature anglaise, et cela s’est ressenti dans l’organisation. C’était aussi la première fois que les Jeux Paralympiques étaient intégralement retransmis à la télévision anglaise. Cet élan s’est poursuivi à Sotchi, avec autant de journalistes accrédités qu’aux Jeux Paralympiques d’été de Pékin en 2008. C’est une vraie marque de reconnaissance.

 

Pour la première fois en France, il était possible de suivre les épreuves paralympiques en direct à la télévision. Une avancée majeure selon vous ?

C’est exact, sur les chaînes du groupe France Télévisions. Je ne vous cache pas la petite appréhension ressentie avant le début des Jeux. Mais on peut parler de vrai succès. D’après les premières études, près de 4,2 millions de téléspectateurs ont regardé au moins 15 minutes des Jeux sur France 4. Les épreuves en direct ont été suivies en moyenne par 220 000 téléspectateurs, pour 3.8% de part d’audience. De plus, les journaux télévisés de France 2 et France 3 y ont consacré plus d’une heure de leurs sujets entre le 6 et le 16 mars, touchant énormément de gens. Des chiffres dont il faut s’en réjouir.

 

Les taux de pratique sportive des personnes en situation de handicap sont relativement faibles, partout en Europe. Quel peut-être l’impact des Jeux de Sotchi sur ce point ?

Ils ont tout d’abord un impact majeur sur le pays organisateur. En 1980, l’URSS avait refusé d’organiser les Jeux Paralympiques à Moscou, car il n’existait pas selon eux de personnes handicapées dans leur pays. Les Jeux de Sotchi ont eu le mérite de faire évoluer les choses. Pendant neuf jours, les athlètes ont démontré qu’il était possible d’être performant, spectaculaire, malgré un handicap et ce dans des disciplines extrêmement techniques. Au-delà d’être d’immenses champions, ils sont surtout d’excellents ambassadeurs pour toutes les personnes handicapées.

Depuis la fin des Jeux, je reçois énormément de messages de la part de personnes en situation de handicap, pour qui le sport était une chose inaccessible avant. Le challenge est désormais de capitaliser sur cet élan, et de mettre en place des dispositifs d’accueil adaptés, au sein des clubs spécifiques (handisport et sport adapté) mais aussi des clubs valides. Nous devons proposer une offre qui soit la plus diversifiée possible, afin que les personnes handicapées puissent faire du sport plus facilement, près de chez eux et dans les meilleures conditions possibles.

 

L’inaccessibilité des infrastructures est régulièrement pointée du doigt. Comment jugez-vous la situation en France ?

C’est un frein indéniable. La situation économique ne facilite pas les choses, mais la mise en accessibilité des ERP doit être une priorité. Cela ne concerne pas uniquement les personnes à mobilité réduite, mais aussi les mères de famille avec des poussettes, les personnes en béquilles, les seniors, etc. Garantir l’accès pour tous, c’est montrer que chacun à sa place dans la société, question essentielle au bien-vivre ensemble.

Les efforts doivent certes porter sur le cadre bâti, mais aussi sur les transports, la voirie etc. La question est de voir comment aider les personnes en situation de handicap à aller de leur lieu de vie aux lieux de pratique sportive, de manière autonome et sécurisée. Il s’agit là d’un réel défi.

 

Notre think tank publiera le mois prochain un ouvrage sur le thème « Sport et Handicaps ». L’une de nos propositions est la mise en place d’un module obligatoire « Sport et Handicaps » dans la formation des éducateurs sportifs ? Quel est votre point de vue sur ce point ?

La Fédération Française Handisport et la Fédération Française du Sport Adapté ont développé une vraie expertise sur la manière d’appréhender les différentes formes de handicaps, et proposent déjà des formations à destination des éducateurs sportifs. Mais c’est un sujet sur lequel nous devons encore travailler. Il ne faut pas nier le handicap. Il est présent et implique une approche adaptée. Mais cette singularité ne doit pas constituer un obstacle. Il est donc important que les clubs, au niveau local, puissent accueillir tous types de publics, et que le personnel encadrant, professionnel et bénévole, soit formé en ce sens. C’est une condition indispensable pour trouver le bon équilibre.

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