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Médiatisation du handisport : Elle évolue et se professionnalise

Médiatisation du handisport : elle évolue et se professionnalise
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La médiatisation du handisport se développe lors des grands événements

Le handisport, à contrario du sport adapté, bénéficie d’une médiatisation de plus en plus importante lors de grands événements tels que les Jeux Paralympiques. Ce sont ceux de Londres, en 2012, qui ont créé à la fois cette dynamique et un précédent, puisque les Jeux paralympiques attire désormais plus de spectateurs que les Jeux Olympiques. Il faut dire que Channel 4 et la ville de Londres se sont investies sans compter dans cette visibilité et cette médiatisation du handisport. Pour nous apporter un regard juste sur l’évolution de la médiatisation et les coulisses des Jeux paralympiques, nous avons rencontré Thomas Ehrstein, fondateur et dirigeant de Artei, la société de captation d’images et de communication qui couvre les Jeux Paralympiques en partenariat avec le Comité Sportif Paralympique Français et France Télévisions. 

Que représente votre activité dans le handisport ?
Artei Holding possède trois grandes marques : Artei communication spécialisée dans le handicap ; Bloghandicap, la web TV du handicap ; et Makiato, une structure de production sportive. Depuis 2012, nous sommes la web TV officielle de l’équipe de France Paralympique. Depuis Londres en 2012, nous avons couvert l’ensemble des Jeux d’été et d’hiver. Nous sommes la caméra la plus proche de l’équipe de France paralympique. Lors des Jeux, nous avions accès à tous les sportifs dès lors qu’ils sortaient de leur épreuve, un droit exceptionnel accordé généralement aux grandes chaînes. Cela permet d’avoir la réaction à chaud des athlètes avec de l’émotionnel et des ressentis uniques. Toutes ces réactions sont diffusées sur les plateformes de Bleu-paralympique.fr et de France Télévisions.

Qu’est-ce qui ressort le plus à la suite d’une épreuve ?
C’est le ressenti sportif, la performance ou la contre-performance. Ce qui est magique, c’est que nous vivons avec les sportifs au quotidien, nous les connaissons et nous les suivons aussi sur d’autres événements que les Jeux. Beaucoup sont devenus des amis et de fait se livrent plus facilement sur leurs émotions et il y a souvent des larmes. Nous-mêmes, nous nous laissons embarquer dans cette émotion alors que nous devons rester professionnels et respecter les codes de la TV pour les téléspectateurs.   
Tout ce qui encadre la compétition n’est pas évoqué à ce moment-là.  Nous réalisons en parallèle des reportages sur l’accessibilité, les transports, l’hébergement, la ville d’accueil, soit tout ce qui est indispensable pour que les personnes en situation de handicap participent pleinement à leur compétition. Si tout n’est pas parfait on peut dire que les Jeux sont généralement très bien adaptés aux différentes formes de handicap. Ce qui ressort, ce sont les différences culturelles d’un pays à un autre, entre le Brésil et la Corée il y a un monde d‘écart. Jamais les athlètes ne critiquent l’organisation, l’accessibilité, la logistique.

La médiatisation compte-t-elle de plus en plus dans le handisport ?
À Londres nous étions la structure à réaliser des images et des émissions en français pour beaucoup de médias Français, y compris TV5 Monde. Nous réalisions un live tous les soirs d’environ une heure et le public nous en demandait encore plus car il y avait un incroyable engouement. Il faut dire que Chanel 4 avait déployé des moyens de communication extraordinaires à cette occasion. France Télévisions a réalisé qu’il y avait une carte à jouer car c’était à seulement deux heures de Paris. Elle a envoyé une armée de techniciens et de moyens, ce qui a donné naissance à notre superbe collaboration. Du jour au lendemain, le handisport, les jeux paralympiques, le sport adapté, sont passés d’un regard charitable à un regard journalistique sur le sport de haut niveau. Durant ces Jeux, des millions de téléspectateurs se sont intéressés aux disciplines, aux athlètes, aux résultats… Nous ne parlions plus de handicap, nous parlions de sport. Aujourd’hui la communication est devenue importante, voire indispensable pour ces sportifs, parce que ça donne de la visibilité et comme pour tous les sports qui n’ont que peu de visibilité, les Jeux offrent une véritable opportunité. Les téléspectateurs découvrent des personnages, des performances et se familiarisent avec le handisport. Toutefois ces athlètes ne sont pas dans la starisation, ils sont conscients de qui ils sont et restent très accessibles, même si certains, et c’est heureux, obtiennent des contrats de sponsoring.
C’est autour que cela a changé, dorénavant tout est cadré, et pour diffuser des images il faut des contrats, des accréditations, des autorisations, fini l’amateurisme et la bonne franquette. Nous nous sommes professionnalisés, y compris dans les tenues car nous devons adopter les couleurs de l’équipe de France. Je garde une pensée particulière pour l’équipe du début : Gérard Masson, Jean-Paul Moreau, Emmanuel Assmann, Benoit Hetet, Helena Haverland, Marion Watelle, l’équipe de la DTN Handisport et une dédicace spéciale à Xavier Bachimont qui fut mon camarade de folie qui s’est envolé pour d’autres aventures professionnelles. Avec Xavier, nous nous étions fixé comme objectif de faire toujours plus d’un événement à un autre. C’est parce que rien n’existait que nous avons pu autant nous amuser. Aujourd’hui nous nous devons d’être plus sérieux. Le hasard et la dernière minute n’ont plus leur place.

En photo : Les athlètes de l’équipe de France handisport de ski de fond au micro de France TV sport en partenariat avec ARTEI.

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