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Paralympiques 2016 : « Le tennis de table exige une grande répartie » #2

Paralympiques 2016 Pascal Pereira-Léal
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Rencontre avec le pongiste Pascal Pereira-Léal à l’occasion des Jeux Paralympiques 2016 de Rio.

Champion du monde en titre en tennis de table sport adapté ITTF, Pascal Pereira-Léal a hâte de se mesurer à nouveau à ses adversaires venus du monde entier, mais cette fois-ci ce sera dans le cadre des Jeux Paralympiques 2016. Une compétition à part qui continue à le faire rêver après une première expérience des Jeux en 2012 à Londres. Expérience qui lui a plutôt bien réussi puisqu’il en était reparti avec une médaille de bronze.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
J’ai 33 ans. Je joue au tennis de table en club valide à Saintes en Charente-Maritime (je viens de changer – j’étais auparavant à l’AS Niort), et en club sport adapté à Niort en Poitou-Charentes. J’ai été champion du Monde en sport adapté ITTF en 2014, je garderai le titre jusqu’en 2018. J’ai été médaillé de bronze aux Jeux Paralympiques de Londres en 2012. J’ai été plusieurs fois champion d’Europe. Je suis sélectionné pour les Jeux Paralympiques de Rio en septembre, en classe sport adapté. Cette classe concerne les personnes qui ont des problèmes de psychologie.

Parlez-nous de votre handicap.
J’ai eu une maladie à l’âge de 16-17 ans, une sorte de psychose aigüe avec des bouffées délirantes. Dans ce cadre je prends aujourd’hui un traitement quotidien, c’est pour ça que je fais du sport adapté. J’ai arrêté le tennis de table pendant 5 ans – quand j’avais 17 ans, afin d’être hospitalisé – et quand j’ai repris à Royan, on m’a proposé de faire du sport adapté à Niort. J’ai donc accepté et c’est par la suite que j’ai été champion du Monde.

Racontez-nous votre parcours sportif.
Quand j’étais au catéchisme, à l’âge de 9 ans, j’étais avec un ami d’enfance, Mickaël et je lui ai menti en lui disant que j’étais champion régional de tennis de table. Du coup on s’est inscrits dans un club de tennis de table tous les deux et on a joué très souvent dans son garage, ainsi que dans une petite salle du Val d’Oise, à Saint-Leu-la-Forêt (95). Ensuite je suis allé à Beauchamp, où j’ai joué jusqu’à évoluer dans une équipe semi-pro à l’âge de 17 ans. J’ai alors été champion de France valide. Lorsque j’ai eu ma maladie j’ai arrêté longtemps – 5 ans. J’ai perdu beaucoup de points en classement valide. J’étais classé parmi les 200 meilleurs français avant, et en reprenant après une longue pause c’était difficile de les remonter. Aujourd’hui je joue en sport adapté et en valide où je continue les compétitions aussi. En fait, en sport adapté, nous sommes obligés de jouer aussi en valides pour progresser et avoir la possibilité d’être parmi les meilleurs mondiaux. Nous jouons toute l’année avec des grands joueurs du monde du tennis de table. Et même en sport adapté il y a un très bon niveau, notamment aux Jeux Paralympiques. Là j’ai la chance d’avoir été sélectionné à Rio parce que je suis numéro 5 mondial.

Quand avez-vous appris votre sélection pour les Jeux Paralympiques de Rio ?
J’avais une chance incroyable : comme j’ai été champion du monde en 2014, j’étais presque sélectionné d’avance pour les Jeux Paralympiques parce que je savais que j’allais être dans les 12 meilleurs mondiaux. Donc à ce moment-là, j’étais déjà presque qualifié. Même si les championnats du monde n’étaient pas qualificatifs, il était difficile de ne pas prendre les joueurs du top 5. Ma fédération m’a convoqué à Paris en mai 2016 pour m’annoncer ma sélection officielle à Rio du fait de mon classement mondial. Et donc on sera deux en sport adapté en tennis de table, Lucas Créange et moi.

« Être sélectionné aux Jeux c’est un beau rêve qui se réalise »

Les Jeux Paralympiques, qu’est-ce que ça représente pour vous ?
Au tennis de table, c’est la plus grosse compétition, que ce soit en valide ou en paralympique. C’est celle qui a le plus de valeur pour nous. C’est un beau rêve qui se réalise. Je suis passionnée de tennis de table, je n’ai pas pu faire des études comme tout le monde parce que j’avais ma différence, et là je suis fier de participer à cet événement. D’ailleurs, en parallèle je suis parrain  de l’équipe de France trisomique. Ils sont en ce moment à Florence en train de jouer une compétition internationale – les Global games (interview réalisée en juillet 2016).

Qu’est-ce qui vous plaît dans le tennis de table ?
J’aime beaucoup la répartie que demande ce sport. Il ne suffit pas d’avoir une très bonne technique, il faut aussi avoir un esprit dynamique, tactique, allier beaucoup de choses. Le physique a aussi son importance, le jeu de jambes… La technique garde tout de même une grande importance, car ce sport demande beaucoup d’entraînement, des milliers de gammes. Ce qui me plaît aussi dans le tennis de table c’est le fait d’être en contact avec beaucoup de monde, on a une vie sociale incroyable.

Vous êtes-vous fixé des objectifs pour vos Jeux Paralympiques 2016?
Oui, j’ai un espoir de médaille d’or. Après sur les 12 joueurs qualifiés dans ma catégorie il y en a 10 qui sont potentiellement médaillables. Il n’y a que le champion d’Amérique du sud et le champion d’Amérique du Nord qui ont un niveau un petit peu en-dessous. Les dix autres ont le niveau pour gagner au même titre que moi. C’est reste donc très ouvert. C’est aussi la préparation qui va jouer. L’expérience comptera également, le fait que certains ne dépassent pas toujours les quarts de finale ou les demi-finales de championnat du monde, cela peut jouer sur les résultats. Pour ma part j’ai joué pas mal de quarts de finale et de demi-finales importantes donc j’ai cet apport-là, après ce sera quand même très difficile.

Comment vous préparez-vous à cette compétition ?
Je m’entraîne quasiment tous les jours, parfois deux fois par jour selon les périodes. En fait j’ai des stages répartis sur toute l’année. Souvent je travaille du lundi au jeudi en stage où l’on fait deux à trois séances par jour. Et sinon j’ai un entraîneur avec qui j’ai des entraînements particuliers. La fédération m’aide à financer ces entraînements. Je m’entraîne en général avec le matin, c’est le mieux car c’est plus difficile. Il me fait faire parfois des panières de 200 balles, ce qui est assez conséquent et permet de travailler de manière intensive sur des points particuliers (coup technique, déplacement, vitesse…). Pendant un match on a des points qui durent environ sur 5 à 7 échanges, donc une panière de 150 à 200 balles, ça fait du bien pour préparer les compétitions.
Je m’entraîne donc aussi avec l’équipe de France de sport adapté, notamment lors de stages. On a des relanceurs, qui sont tous numérotés (c’est-à-dire classés parmi les meilleurs français). Je continue également à m’entraîner dans mon club. J’étais au club de l’AS Niort mais j’ai changé pour le club de Saintes pour diminuer mes trajets en voiture. Donc pour résumer, pendant le courant de l’année je m’entraîne presque tous les jours. Et le week-end il y a presque tout le temps des compétitions en valide ou en sport adapté. Cependant, la saison vient de se terminer. J’ai continué mes entraînements habituels et à présent, sur conseil de mes entraîneurs, je prends une pause de trois semaines à la fin du mois de juillet, juste après le stage. Je vais tout de même faire un peu de sport, comme de la natation ou de la marche pour rester en forme. Et je fais quelques tournois d’été près de chez moi. L’idée c’est que je me repose un peu avant de reprendre à fond au mois d’août comme je l’ai fait les mois précédents. N’ayant pas pris de retard dans ma préparation, c’est aussi pour éviter les blessures, et avoir encore plus la rage quand je vais revenir.

Avez-vous travaillé des points forts en particulier ?
Oui. Les points forts que j’ai le plus travaillé ce sont deux nouvelles choses qui ont été intégrées dans mon jeu d’attaquant : le jeu court coup droit et le service pioche.

Y a-t-il des liens directs entre les joueurs de tennis de table valide et de tennis de table sport adapté ?
Oui. Je joue toute l’année pour un club en national, en valide. On allie les deux. C’est une bonne chose mais c’est aussi indispensable car si on veut avoir un très haut niveau en sport adapté (ou en handisport) il faut s’entraîner à un haut niveau en valide. Peut-être pas à très haut niveau mais à haut niveau quand même. Mais moi c’est ce que j’aime, jouer avec des valides aussi, connaître un maximum de joueurs.

Souhaitez-vous ajouter quelque chose ?
Je soutiens toute l’équipe de France paralympique et Olympique pour les Jeux paralympiques 2016 de Rio et j’espère que tous les français seront devant leur télévision le soir pour regarder et suivre nos prestations. On a tous travaillé très dur dans nos sports respectifs et je pense que ça va être une magnifique compétition.

Propos recueillis par Caroline Madeuf

Plus d’infos sur: http://cpsf.france-paralympique.fr/

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