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Rentrée des enfants en situation de handicap : Des difficultés persistantes

Rentrée des enfants en situation de handicap : les difficultés persistent malgré les annonces
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Rentrée des enfants en situation de handicap : Les annonces du gouvernement reçoivent un accueil mitigé

À l’occasion de la rentrée scolaire 2019, le gouvernement a précisé les mesures phares de son nouveau grand service public de l’école inclusive 2019-2022 destiné à faciliter la rentrée des enfants en situation de handicap. Des annonces qui ont reçu un accueil mitigé de la part des associations et des parents d’élèves, dont les difficultés restent importantes.

« De nouveaux moyens et dispositifs destinés aux élèves, à leurs parents, aux accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) et aux enseignants » : Telle est la promesse du nouveau grand service public de l’école inclusive lancé en cette rentrée scolaire 2019 par le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse et le secrétariat d’État chargé des Personnes handicapées.
Venus à la rencontre des associations, des parents et des professionnels le 29 août dernier, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, et Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée des personnes handicapées, ont ainsi annoncé un « effort sans précédent » pour accompagner la scolarisation et la rentrée des enfants en situation de handicap sans exclure personne. Un tournant majeur qui doit s’appuyer notamment sur des cellules d’écoute mises en place dans chaque département à destination des familles et une coordination des dispositifs associatifs existants avec la mobilisation territoriale nouvellement mise en place par le gouvernement.

Les deux représentants du gouvernement ont fait part de trois leviers d’action à court terme :

–              relai par tous des numéros des cellules d’écoute pour les situations individuelles ;

–              vigilance collective et remontées d’alerte sur les situations territoriales problématiques ;

–              mise en partage des bonnes pratiques.

363 500 enfants en situation de handicap scolarisés en milieu ordinaire
Selon les estimations du gouvernement, on comptait en 2018 environ 340 000 élèves en situation de handicap scolarisés en milieu ordinaire dont 166 000 disposant d’un accompagnement humain, soit 6 fois plus qu’en 2006. Cette rentrée 2019 devrait voir ce chiffre passer à 363 500 (soit 23 500 élèves de plus) et ils devraient bénéficier de l’appui de 4 500 nouveaux accompagnants (ETP). Le gouvernement indique également que 70 000 enfants seront scolarisés en unité d’enseignement médico-sociale ou sanitaire.

Les principaux axes du nouveau grand service public de l’école inclusive 2019-2022
Lors de leur rencontre avec les représentants d’associations, les parents et les professionnels de l’éducation, Jean-Michel Blanquer et Sophie Cluzel ont évoqué les grands axes du nouveau service public de l’école inclusive, en donnant des précisions sur leur mise en œuvre. Parmi les points importants :

– La mise en place des cellules d’écoute pour les familles dans chaque département. Objectif : écouter les parents et les informer sur les dispositifs du service public de l’école inclusive, leur répondre sur le dossier de leur enfant, en les informant dans les 24h de la situation de leur dossier et de son suivi concret. Les coordonnées des cellules départementales, qui travaillent en étroite collaboration collaboration avec les MDPH, sont accessibles sur : https://www.education.gouv.fr/cid144159/aide-handicap-ecole-mieux-accueillir-les-parents-et-l-eleve-et-simplifier-les-demarches.html

– L’organisation nouvelle des services académiques, avec la mise en œuvre de Pôles Inclusifs d’Accompagnement Localisés – les PIAL (56 à la rentrée dans le Val-d’Oise et plus de 3 000 sur le territoire national). Objectif : permettre une meilleure coordination des accompagnants par l’Éducation nationale, une plus grande souplesse dans la gestion de leur emploi du temps, et des formations croisées entre les professionnels.

– La plateforme numérique Cap École Inclusive a été créée pour la rentrée 2019 dans le but de soutenir les enseignants dans leur pratique. Elle permet aux professeurs et aux personnels d’accompagnement d’accéder à des ressources pédagogiques et audiovisuelles, adaptées à tous les niveaux de la scolarité. Un enseignant ressource peut aussi être mobilisé pour accompagner un professeur qui le souhaiterait.

– Afin de mieux prendre en compte l’importance de la place à donner aux parents d’enfants en situation de handicap, les mesures prises pour l’école inclusive prévoient des réunions pendant la période de rentrée entre les parents et les accompagnants, d’ores et déjà organisées dans certains territoires.

– Des équipes mobiles d’appui médico-sociales seront mises en œuvre et pourront par exemple être amenées à sensibiliser les professionnels de l’Éducation nationale, à proposer des aménagements dans la classe en fonction des handicaps ou encore à intervenir directement dans le cas de situations de crise. Ces expérimentations seront généralisées en 2020.

D’importantes difficultés persistent malgré tout

Malgré la volonté du gouvernement de simplifier la rentrée des enfants en situation de handicap par de nouvelles mesures, la scolarisation de nombreux enfants reste encore un problème pour de très nombreux parents. Au vu des difficultés rapportés par les parents d’élèves et les associations, ces mesures semblent largement insuffisantes.

Dans un premier temps les parents sont confrontés à un dédale de démarches administratives et médicales pour faire accepter leur enfant à l’école du quartier, tel que le prévoit la loi de 2005 (qui date tout de même de 14 ans !). À cela, s’ajoutent la plupart du temps les problématiques liées au transport de l’enfant car les parents n’ont pas tous la possibilité d’assurer cet aspect. Ce sont encore d’autres démarches interminables de sollicitations pour la prise en charge financière d’un éventuel taxi. Autant dire qu’à chaque rentrée l’angoisse est grande chez beaucoup de parents dont le parcours du combattant ne fait que commencer à cette étape.

Arrive ensuite l’ensemble des critères liés à une pédagogie adaptée, quand c’est nécessaire, et qui est loin d’être systématiquement au rendez-vous : à savoir la présence d’un(e) accompagnant(e) d’élèves en situation de handicap (AESH). Bien que leur nombre soit passé de 26 000 en 2006 à 170 000 en 2019, cela ne semble pas être suffisant car en parallèle, le nombre d’enfants handicapés qui sont scolarisés a quasiment triplé. Il est passé de 118 000 élèves en 2006 à 340 000 en 2018, puis 363 500 en 2019, auxquelles s’ajoutent les 70 000 élèves qui sont scolarisés en parallèle dans des établissements psychosociaux.
Le statut des AESH est encore précaire, et bien qu’il s’améliore il reste peu attractif. Les conditions de recrutement sont assez souples mais les candidats doivent faire valoir un bac, le DEAES (diplôme professionnel dans le domaine de l’aide à la personne), ou une expérience professionnelle d’assistance ou d’aide à la personne. Le nombre d’heures réalisées par semaine est assez faible et largement en dessous des 30 heures… et le cadre juridique consiste en un CDD de trois mois renouvelables une fois pour obtenir un CDI – avec à la clé un poste sans perspective d’évolution.

Cette année, le gouvernement a décidé de redonner du peps à ce secteur professionnel par la mise en place du PIAL (Pôle Inclusif d’Accompagnement Localisés) qui est essentiellement une nouvelle forme d’organisation du travail des AESH afin de permettre une meilleure répartition et coordination de leurs interventions en fonction des besoins et des emplois du temps des élèves concernés. Il sera déployé jusqu’en 2022. D’ici là, cette année comme les précédentes, le corps enseignant doit souvent palier aux carences numéraires comme aux absences des AESH et bien que certains aient la fibre pour ce type d’accompagnement, ils ne sont pas formés, sans compter ceux qui sont tout à fait réfractaire à cette inclusion d’enfants en situation de handicap. Le reproche qui revient régulièrement quant à cette politique est le manque de moyens alloués qui finit par créer des tensions et gripper le système. 
Des couacs persistent tels que celui qui s’est produit dans la Drôme où, faute de place, 257 enfants handicapés déficients mentaux n’ont pas pu prendre part à la rentrée scolaire.

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