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Sport Santé : Booster le bien-être des personnes en situation de handicap

Sport Santé : L’engagement de la fondation ANAIS
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Vélo, marche nordique, course à pied, natation… Voici quelques-unes des nombreuses manières de pratiquer le sport santé. Un concept sur lequel la Fondation ANAIS a décidé de se pencher pour améliorer le bien-être et la qualité de vie de ses bénéficiaires en situation de handicap. Rencontre avec Pascal Bruel, son président.

La Fondation ANAIS, qu’est-ce que c’est ?

La Fondation ANAIS est une organisation qui a été créée en 1954, sous un modèle associatif. Les grandes crises sociales de l’époque ont engendré la nécessité d’apporter des solutions aux jeunes, essentiellement des enfants, au départ, qui présentaient une double forme de handicap : une déficience intellectuelle et des problématiques d’ordre social. Dans cette France, qui se réorganisait avec ces personnes qui se retrouvaient un peu exclues de la société, il fallait apporter des solutions. L’association ANAÏS a donc accompagné, en premier lieu, les enfants. Puis ces derniers sont devenus des adolescents, des adultes et il a fallu trouver, là aussi, des solutions. Une des premières priorités a été de leur apporter un travail. Puis nous nous sommes tournés vers d’autres pathologies. Ensuite, se sont ajoutées des structures thérapeutiques et de soins pour des formes de handicap beaucoup plus médicalisées. 

Puis, au fil du temps, l’association s’est structurée. Après une reconnaissance d’utilité publique en 2007, nous avons pensé à un nouveau mode de gouvernance, pour nous transformer en fondation. Nous avons, désormais, une entité qui pilote et qui essaye de répondre avec réactivité, agilité et professionnalisme. Aujourd’hui, ANAIS c’est une centaine d’établissements et de services avec 2600 personnes qui travaillent continuellement et 4000 places d’accueil permanent.

Pourquoi vous êtes-vous tournés vers le sport santé ? 

La genèse de ce projet est d’abord un enjeu de santé publique au sens large. Ça ne touche pas que la fondation ANAIS et les personnes dites neuro typiques ordinaires. Même si cela concerne, évidemment, toutes les populations les plus fragiles. Les constats que l’on peut faire, en termes de santé publique, sont qu’aujourd’hui nous avons une civilisation un peu moins dans l’activité physique et sportive. Les enquêtes conduites auprès des jeunes collégiens et lycéens, présentent une vraie perte de capacité physique. Ce constat est vrai pour notre population, comme pour les personnes en situation de handicap. Alors comment faire pour que ces personnes en situation de handicap puissent améliorer leur santé et leur qualité de vie ? L’un des moyens est de revenir à une activité physique plus ou moins intense.

Bien sûr, le facteur vraiment déclenchant a été la période covid. Cette pandémie a été très révélatrice d’un isolement, qui a conduit les personnes un peu plus exclues à l’être encore plus. Les confinements successifs ont entraîné une spirale un peu négative, où nous nous sommes retrouvés repliés sur nous-mêmes, sans sortir, sans rencontrer personne, avec aussi une alimentation de moins en moins équilibrée. De là est née l’idée d’un projet qui amènerait les personnes à sortir avec de l’activité entre nous, mais aussi avec d’autres sportifs, afin de renforcer, en plus de la santé physique et mentale, la création de lien social. Voilà, l’idée est de sortir de cette période de confinement qui a été absolument terrible. 

La Fondation ANAIS met le vélo à l'honneur pour promouvoir le sport santé.
La Fondation ANAIS met le vélo à l’honneur pour promouvoir le sport santé.

La Fondation ANAIS met le vélo à l’honneur pour promouvoir le sport santé.

Comment définiriez-vous le sport santé ? Quels sont ses principaux bénéfices et avantages pour des personnes en situation de handicap ?

On n’est pas dans ce qu’on appelle le sport sur ordonnance. Tout le monde fait du sport santé, presque sans le savoir. Quand vous allez faire votre footing, du sport dans le club d’à côté, c’est du sport santé. C’est-à-dire du sport pour son bien-être, pour se sentir bien dans ses baskets, bien dans son corps et dans sa tête, pour voir des gens. C’est la possibilité de choisir une activité physique comme n’importe quel citoyen et ça apporte évidemment énormément de bénéfices. D’abord, comme dit précédemment, d’améliorer sa santé physique et mentale, sa qualité de vie et créer du lien social.

Dans le cadre de notre projet, nous avons travaillé pour choisir des activités non traumatisantes. Celles-ci permettent de développer un renforcement musculaire, donc cardiaque, et d’améliorer les capacités physiques de toutes les personnes avec un suivi médical. On revient sur des activités connues et classiques que sont le vélo, la marche nordique, la course à pied ou encore la natation. 

Donc quand on parle de sport santé, ça ne concerne pas tout type de sport ? 

Si bien sûr, ce sera la tendance demain ! Mais pour l’instant, si on souhaite créer un événement, il faut proposer un événement de masse, qui peut intéresser le plus grand nombre. Et quels sont les sports qui peuvent être pratiqués par le plus grand nombre, non traumatisants et adaptables à des personnes ayant un handicap moteur ou une difficulté d’adaptation, compensable par des moyens techniques ?

Cette question nous a amenés assez naturellement vers le vélo. Le vélo comprend toutes ces caractéristiques, avec des matériels adaptés. Tout le monde peut faire cette activité physique. La dimension santé est le point d’orgue de tout cela et la santé c’est aussi la santé psychologique par le lien social. L’alimentation, le renfort musculaire, le lien social, tout est créé autour de cette dynamique là.

Bien sûr, on peut toujours pratiquer un sport seul, mais on peut aussi rechercher ce lien social. Même si on est un des seuls pratiquants dans un club de tennis de table, c’est très bien parce que dans tous les cas le pratiquant rencontrera d’autres personnes. Donc c’est tout ce lien social qui permet, aussi aux personnes que nous accompagnons dans nos structures, dans nos services, de pouvoir être en relation le plus possible avec l’extérieur. 

Pouvez-vous nous présenter plus en détails le projet “sport santé” lancé par la Fondation ANAIS ?

Le but premier de notre projet est d’offrir aux personnes qu’on accompagne le choix d’une activité physique. Beaucoup de personnes sont freinées, notamment par la crainte du regard de l’autre. Il y a donc énormément de travail à faire. On commence avec le vélo mais l’idée est ensuite d’ouvrir à d’autres sports, selon les envies de chacun.

Encore une fois, ce projet se construit sur la base du volontariat, on n’a rien imposé à personne. On mobilise, aujourd’hui, environ 150 personnes en situation de handicap et à peu près 80 professionnels encadrants. Le projet a démarré avec une formation pour nos professionnels. C’était important pour nous qu’ils puissent bien encadrer cette activité. Thierry Delage, l’entraîneur de l’équipe de France en paracyclisme adapté, nous a aidés dans le projet.

Donc on a lancé, en janvier dernier, un gros programme d’entraînement sur la base du “savoir rouler à vélo”. Il s’agit du programme proposé aux enfants dans les écoles, qu’on a adapté pour les personnes accompagnées. On y trouve des exercices très variés, tels que changer une roue, choisir son casque, freiner, rouler en file indienne… On a comptabilisé tous les km parcourus depuis janvier, on est à plus de 10 000 km actuellement. Beaucoup de petits défis, des quizz ou encore des maquettes sur les vélos sont organisés pour mobiliser d’autres secteurs d’activités.

L’encadrement et le nombre de séances de sport santé proposées dépendent des établissements. Pour certains c’est une fois par semaine, pour d’autres deux. C’est aussi en fonction du nombre de participants. Pour l’instant, ce projet s’adresse uniquement à nos bénéficiaires. Mais on aimerait pouvoir l’ouvrir aux personnes extérieures. Ainsi que permettre aux personnes qu’on accompagne déjà d’aller se licencier dans des clubs du milieu ordinaire.

Puis, il y a le gros défi du 23 juin. On a proposé à tous les participants de se retrouver au vélodrome Jacques Anquetil à Paris, à l’occasion de la journée olympique mondiale. L’idée est à la fois de les challenger collectivement, en leur proposant d’établir un record du monde, réaliser le plus grand relais sur piste en cyclisme adapté. On aura 150 personnes en situation de handicap qui vont se relayer sur le vélodrome. Les âges vont de 8 ans à 69 ans avec tous types de vélo ! En parallèle, on leur propose de se challenger individuellement avec des parcours santé de 3 km ou 10 km, selon les capacités, dans le bois de Vincennes.

Quels conseils pourriez-vous donner aux personnes en situation de handicap qui souhaitent pratiquer le sport santé ? 

Osez. Essayez. On est là pour vous accompagner. Il y a plein de choses qui existent, même si ce n’est pas forcément recensé ou assez valorisé dans les associations sportives. Il y a plein de bonne volonté, alors juste, osez pousser la porte et lancez-vous !

Pour en savoir plus : 

Site internet de la fondation : https://www.fondation-anais.org/ 

Propos recueillis par Angèle Duplouy

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