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Secteur protégé et adapté : L’UNEA fête ses 30 ans !

Jean-Marc Froger secteur protégé et adapté UNEA
Branly – Spot 2 – PC
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L’Union Nationale des Entreprises Adaptées, organisme de référence pour le secteur protégé et adapté, fête ses 30 ans !

Cela fait 30 années que l’UNEA est au service des entreprises adaptées, qu’elle porte l’image des EA et du secteur protégé et adapté, et qu’elle défend avec ferveur les intérêts de ses adhérents. Rencontre. À l’occasion des 30 ans de l’UNEA, qui ont été célébré le 1er juin 2017 à Paris, nous avons donné la parole à Jean-Marc FROGER,  il a occupé le poste de président durant quatre années et assuré une place au Conseil d’Administration pendant 17 ans. 

Quel a été votre rôle au sein de l’UNEA ?
Cela fait 17 ans que je suis entré pour la première fois au Conseil d’Administration de l’UNEA, depuis je ne l’ai jamais quitté.  Durant dix ans, j’ai assumé le rôle de délégué régional des Pays de Loire, et également dix ans au bureau exécutif de l’UNEA. Et pour finir, j’ai assumé  durant quatre ans la présidence de l’UNEA, soit deux mandats de deux ans, ce qui est une première dans l’histoire de l’association. À l’origine, l’association s’appelait le GAP (Groupement national des Ateliers Protégés). Puis GAP UNETA (Union Nationale des Entreprises de Travail Adapté), puis UNEA (Union Nationale des Entreprises Adaptées) en 2005, lorsque les Ateliers Protégés sont devenus des Entreprises Adaptées et par la même occasion des entreprises ordinaires un vrai changement et une belle évolution dans son statut d’entreprise à part entière et par conséquence dans la reconnaissance citoyenne du salariés en EA. L’association a vu le jour en 1987 grâce à la réunion d’une trentaine de dirigeants d’Ateliers Protégés. Je n’étais pas présent à ce moment là mais la volonté était de se structurer et de donner le jour à un interlocuteur des pouvoirs publics. Mais ne l’oublions pas, dès l’origine, le GAP avait mis en place un centre de ressources pour offrir de l’information et de la formation au service des dirigeants. Rien de ce style n’existait en 1987. A cette époque nous étions sur un mode moins commerciale qu’aujourd’hui.





Quel était le contexte des Ateliers Protégés il y a 30 ans ?
Il y avait déjà une certaine inclusion car les AP étaient gérés par le Code du Travail. La notion de travail existait déjà fortement dans les AP même si par exemple, la règle était de payer les salariés 90% du SMIC. Avec le temps, les choses se sont professionnalisées mais nous étions déjà dans une démarche commerciale avec un rapport client/fournisseurs. Et déjà beaucoup de métiers différents. Ce qui nous différenciait d’aujourd’hui, c’est sans doute la nature des marchés, nous étions dans la sous-traitance de charges en qualité de sous-traitant. Cela a beaucoup changé, les entreprises adaptées se sont professionnalisées. L’une des caractéristiques du secteur est de savoir s’adapter aux personnes et au contexte économique.

Quelles évolutions l’UNEA a-t-elle connu ?
Nous avons créé une académie et de nombreux services au fur et à mesure des nouveaux besoins et des valeurs fortes que porte notre modèle. À une époque, nous étions une interface entre le client et l’Entreprise Adaptée, aujourd’hui, nous sommes plus sur la défense auprès des pouvoirs politiques et de l’administration afin de promouvoir le développement du modèle, et en particulier la création d’emploi pour des personnes en situation d’handicap. Nous avons créé les filières métiers pour créer des synergies et en faciliter l’organisation auprès de nos adhérents.  Quand j’ai pris la présidence nous sommes allés vers une démarche plus politique, nous avons mis en place une vision stratégique car il apparaissait que l’Etat avait moins de moyens pour soutenir notre modèle. Nous nous sommes mis davantage dans une posture de syndicat professionnel et en pratique collaborative. Il y a eu lla période du militantisme, une période de service et aujourd’hui, la pénurie aidant, nous en sommes arrivés à une force politique. Nous sommes amenés à faire beaucoup de lobbying, c’est d’ailleurs le rôle du président.





Quelle est la situation des EA aujourd’hui ?
Ce sont des entreprises à part entière qui sont dans une logique de performance économique. Nous ne pouvons réussir notre mission sociale que si nous réussissons par les performances économiques. Cela nécessite de savoir s’adapter à tous les nouveaux métiers. Le modèle de l’EA représente une solution qui peut permettre à certaines personnes de se remettre au travail, d’apprendre un métier, et par elles-mêmes, elles prendront ensuite leur carrière en main. En 30 ans, nous avons totalement changé de public, les individus, la pathologie, les ambitions des salariés d’EA sont totalement différentes. 

 

À la suite de notre rencontre avec Jean-Marc Froger, nous donnons la parole à Stéphane Foisy et Sébastien Citerne, deux personnages clés dans la vie de l’UNEA. 

Quel est votre rôle au sein de L’UNEA et depuis combien de temps ?
Stéphane Foisy :
Je suis président depuis le mois de mai 2016, précédemment j’étais secrétaire de l’UNEA. Je suis dans le bureau de l’association depuis 2010. Mes premiers pas dans le monde du travail protégé datent de 2000.
Sébastien Citerne : Je suis Directeur Général de l’UNEA depuis mars 2012. Parallèlement, je suis dans les instances de l’UNEA depuis 2006 et j’ai été président de l’association de 2008 à 2010.

Quelles sont les missions de l’UNEA ?
Stéphane Foisy :
Pour moi le cœur de la mission, celui qu’il faut préserver, c’est le lobbying politique pour la défense de notre modèle d’entreprise adaptée. Cela passe par la communication, les échanges avec l’administration, les échanges avec les pouvoirs publics et les politiques, pour le développement des Entreprises Adaptées.
Sébastien Citerne : Au travers de cette mission, nous cherchons à obtenir toujours plus de postes  pour les entreprises adaptées.
Stéphane Foisy : Nos autres missions sont aussi nombreuses et importantes, un rôle de service aux entreprises adaptées, nous proposons des formations telles que la formation de dirigeant d’EA mais aussi des formations plus « terrain » telles qu’encadrant de proximité, management des compétences de travailleurs handicapés, cadre administratif et fonction de l’entreprise adaptée. En fait tout type de formation autour du fonctionnement d’une EA et la connaissance des différentes pathologies. Nous apportons aussi un soutien juridique sur les questions liées aux processus de recrutement, la gestion du personnel la nature des contrats commerciaux…

Pour quelles raisons une EA va-t-elle adhérer à l’UNEA ?
En premier lieu, que c’est parce que nous défendons les intérêts du secteur par notre lobbying politique. Ensuite, d’autres viennent pour les services que nous offrons, d’autres pour travailler en réseau. La majorité des adhérents arrivent un peu avant la création de leur entreprise, lorsqu’ils se posent beaucoup de questions.

Quelle est la particularité de l’UNEA ?
Nous réunissons des entreprises de toute taille, qui ont des activités très différentes les unes des autres. A priori, rien ne nous unit et nous pouvons même nous retrouver en concurrence. Le tronc commun, c’est notre mission autour du handicap. Lors de la défaillance d’une EA, il y a une véritable mobilisation des membres du réseau pour réembaucher les salariés licenciés. Nous apportons aussi un soutien juridique à nos membres sur leurs spécificités.

Combien de membres compte l’UNEA ?
Nous avons environs 480 adhérents qui représentent les deux tiers du secteur en nombre de structures qui elles-mêmes représentent les trois quarts des salariés du secteur. En termes de réseau c’est vraiment très important. Notre communication passe pour ainsi dire dans la totalité du secteur protégé et adapté, même auprès des non adhérents.

Quelle vision porte l’UNEA ?
Aujourd’hui nous visons le maximum de développement pour les entreprises adaptées et surtout d’ être soutenu par l’État chaque fois que nous créons des emplois.

Concrètement qu’est-ce que vos adhérents ont obtenu ces dernière années ?
Le pacte pour l’emploi avec François Fillon en 2008 qui fut une vraie réussite et dernièrement la signature d’un contrat historique avec Myriam El Khomri pour le financement de 5000 aides au poste sur des créations d’emploi sur les cinq prochaines années. Ce sont des résultats que nos membres attendent de nous.  Mais pour nous ce n’est pas suffisant car le dispositif du contingentement reste en vigueur.

Du côté du sourcing, que faites-vous pour vos adhérents ?
Sur le sourcing des personnes qui entrent en EA, nous avons travaillé avec le réseau CHEOPS, Pôle emploi et le ministère du travail afin d’uniformiser et faciliter le processus d’entrée en EA sur tout le territoire.

Qu’en est-il du passage de salariés vers le secteur ordinaire du travail ?
Nous réfutons toute politique de quota, nous ne sommes pas des entreprises d’insertion même si nous accompagnons et favorisons la mobilité interne et externe de nos salariés. Ce qui est important pour nous c’est avant tout de former et qualifier les personnes, plus que dans le secteur classique. Ce que nous défendons à travers cela c’est la capacitation, qui représente pour une personne la capacité de prendre les bonnes décisions pour elle-même. Si une personne souhaite quitter le secteur protégé et adapté, nous l’aiderons avec tous nos moyens pour participer à la sécurisation de son parcours, si elle souhaite évoluer dans l’entreprise adaptée, nous l’aiderons tout autant.

Que représente pour vous les 30 ans de l’UNEA ?
Cela représente 30 ans de militantisme, c’est un réseau de bénévoles portés par une mission et c’est une réussite car aujourd’hui l’UNEA c’est 35 000 emplois et 1,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires.  Il y a encore beaucoup trop de belles choses peu connues dans ce secteur. Les EA méritent d’êtres plus connues du monde économique et politique. Notre ambition c’est la levée du contingentement pour revenir à la liberté de recrutement sans limite d’aide au poste. Créer de l’emploi c’est très dur, l’État doit nous accompagner sans restriction. Aujourd’hui nous pouvons dire avec fierté que l’UNEA est le spécialiste du travail adapté en France.

Photo : Jean-Marc Froger.

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