Un « Premier pas » pour changer les regards sur le handicap
« Changer les regards sur le handicap » en allant à la rencontre de chefs d’entreprises engagés, d’inventeurs de concepts innovants et d’entrepreneurs en situation de handicap qui ont su créer leurs propres opportunités… Tel est l’objectif de l’association « Premier pas », créée par Léa Hardouin, étudiante en master à Science po Paris, et Laure d’Harcourt, étudiante en Master à l’EDHEC Lille. Toutes deux vont parcourir le monde pendant six mois afin de rapporter dans leurs valises des reportages concrets et porteurs de messages positifs. Rencontre avec Léa Hardouin.
Pouvez-vous nous raconter l’origine de ce projet ?
Étudiante à Science Po Paris, je suis en césure cette année et j’ai décidé de créer l’association « Premier pas » avec une amie, Laure d’Harcourt, étudiante en Master à l’EDHEC Lille, et également en année de césure. Nous nous sommes rencontrées dans le cadre d’une structure associative où l’on s’occupe de personnes malades et handicapées. Donc c’est un sujet qui nous tient à cœur et on voulait monter un projet qui a du sens pour essayer de promouvoir la société inclusive et de faire changer les regards sur le handicap.
Premier pas, qu’est-ce que c’est ?
C’est un projet de six mois de reportages vidéo et d’interviews écrites sur trois types de profils :
– Soit des entreprises qui ont un modèle assez innovant du point de vue du handicap et qui travaillent avec un grand nombre de personnes en situation de handicap. Nous allons étudier le modèle de ces entreprises.
– Soit des managers et entrepreneurs eux-mêmes en situation de handicap pour recueillir le témoignage de leur parcours, ainsi que des difficultés et opportunités qu’ils ont pu avoir.
– Soit des entreprises qui ont développé des produits techniques qui apportent des solutions pour des personnes en situation de handicap, et qui parfois ont aussi vocation à toucher un public plus large, pour faciliter l’ergonomie des produits et l’accessibilité des lieux.
Nous partons pendant six mois en France, en Europe et en Amérique du Sud, pour aller à la découverte de plus de 30 initiatives positives. Nous avons décidé d’aller à l’étranger pour avoir une dimension comparative et de nouvelles idées, en voyant ce qui se passe ailleurs et ce qui pourrait être répliqué en France.
Comment va s’organiser votre voyage ?
Concrètement nous avons déjà repéré pas mal d’entreprises en nous appuyant sur des réseaux types Ashoka (réseaux d’entrepreneurs sociaux). Nous avons ainsi identifié plusieurs entreprises et plusieurs acteurs du changement, que nous avons contactés. Le voyage va se dérouler en voiture sur la partie France-Europe. Pour la partie Amérique du Sud, on verra quelle forme ça prendra sur place et on s’adaptera. Nous essayons de prévoir les rendez-vous avec les entreprises au moins deux à trois semaines avant d’arriver dans chaque ville, sachant que nous les avons déjà contactées bien en amont du voyage. Nous avons déjà débuté le voyage à Paris où nous avons rencontré les responsables de six entreprises, ainsi que des entrepreneurs et managers en situation de handicap pour réaliser leur portrait. Nous aurons bientôt un site internet – actuellement en cours de construction – sur lequel toutes les vidéos et tous les reportages seront postés. Nous avons également une page Facebook « Premier pas » sur laquelle les reportages seront diffusés, et un compte LinkedIn.
Pour les reportages écrits on essaye de travailler en lien avec la presse locale des régions où l’on va, et avec les acteurs du champ du handicap, car notre but est d’avoir le plus d’impact possible. Plus notre projet est connu et plus il aura d’impact. Nous sommes également en lien avec Le Journal des grandes écoles, Business School et le Journal de Science Po qui vise soit des publics jeunes, soit des futurs entrepreneurs, soit des étudiants en situation de handicap. C’est l’occasion pour nous de montrer qu’on peut entreprendre même en situation de handicap et être un vecteur d’innovation. On souhaite leur montrer qu’il y a des entreprises qui les attendent… pour que du coup ils n’hésitent pas à y aller et à entreprendre de belles études.
Pourriez-vous nous donner quelques exemples de personnes rencontrées lors du début de votre voyage ou que vous prévoyez de rencontrer par la suite ?
Nous avons rencontré l’équipe de l’entreprise de communication Sabooj, à Paris, première à avoir été reconnue entreprise adaptée (EA) dans ce secteur. Nous avons également fait un reportage sur les restaurants et SPA dans le noir : les participants sont plongés dans le noir et les serveurs et masseurs sont des personnes aveugles. Le but est de faire découvrir des sensations au public afin de le sensibiliser.
Par la suite, nous aimerions rencontrer l’équipe du restaurant Le Reflet, à Nantes, et qui emploie en milieu ordinaire des personnes trisomiques. Ce restaurant est vraiment situé au cœur de la ville, ce qui fait le handicap est vraiment intégré dans le décor, ce qui est idéal pour changer le regard des citoyens.
Quels sont vos objectifs à court et long terme ?
À court terme, notre objectif est d’avoir le plus d’impact possible pour faire changer les regards sur le handicap et de faire connaître ces entreprises au plus grand nombre et surtout de participer à notre très humble échelle à changer le regard sur le handicap. Montrer que ça peut être vraiment un levier d’innovation, du fait des compétences qu’ont développées les personnes en situation de handicap pour s’adapter à la société – qui est une source d’innovation en elle-même – mais aussi dans le milieu de l’entreprise, vis-à-vis des managers : le fait d’intégrer des personnes en situation de handicap peut être une force dans une équipe parce que par exemple ça va la forcer à être plus claire dans la communication, à avoir une cohésion d’équipe s’il y a quelqu’un qu’il faut aider… ce en fonction de chaque type de handicap. On ne veut pas non plus montrer une vision trop idéaliste, mais montrer la réalité avec une vision positive.
À long terme, toutes les deux nous n’avons pas encore terminé nos études, il nous reste encore une année à faire respectivement. Donc nous ne sommes pas encore projetées. Nous essayons d’en faire le plus possible sur ces six mois et ensuite, en fonction de l’écho que ça aura pu avoir, on verra comment on pourrait éventuellement prolonger ce projet et l’intégrer dans nos cursus universitaires. C’est encore un très grand point d’interrogation… mais vu qu’on est potentiellement de futures entrepreneuses, peut-être que cela nourrira notre réflexion sur nos futurs projets.
Souhaitez-vous ajouter quelque chose ?
À tous les gens qui sont intéressés par notre projet et souhaitent aussi changer les regards sur le handicap, n’hésitez pas à nous suivre sur les réseaux sociaux et bientôt sur notre site internet.
Nous souhaitons aussi adresser un message à tous les jeunes et moins jeunes qui hésitent à se lancer du fait d’un handicap. Il peut y avoir des opportunités à saisir et il ne doit pas y avoir un monde à part. Le handicap peut vraiment être une source d’innovation. En très peu de temps nous avons déjà rencontré beaucoup de gens qui en ont fait une force.
Le projet en quelques mots
– Deux étudiantes qui souhaitent s’engager pour une société plus inclusive.
– Six mois de voyage en France, en Europe et en Amérique du Sud.
– Des reportages vidéos et écrits à découvrir sur le web : entreprises engagées, concepts et modes de fonctionnement innovants, portraits d’entrepreneurs qui ont réussi avec leur handicap…
– Plus de 30 initiatives mises en lumière pour montrer que le handicap peut-être une force et une source d’innovation.
En photo : Léa Hardouin et Laure d’Harcourt, fondatrices de l’association « Premier pas » pour changer les regards sur le handicap.