Rencontre avec Denfima, rappeur talentueux qui se joue du handicap
Nous avons eu l’opportunité de rencontrer « Denfima » un jeune rappeur de 25 ans en situation de handicap particulièrement talentueux, qui fait l’unanimité partout ou li se produit. Denfima vit à Toulouse et se consacre uniquement à sa passion, la musique depuis deux ans.
Que vous faisiez-vous avant de vous consacrer à la musique ? Et pourquoi avoir laissé tomber ?
Je suivais des études en ressources humaines. La possibilité de faire parler de moi dans la sphère régionale m’a demandé de consacrer de plus en plus de temps à la musique. Mais c’était aussi une volonté de ma part. Ce sont aussi des rencontres avec des professionnels de la musique qui m’ont ouvert les portes du professionnalisme et je me suis dit que c’était le moment de me lancer. Maintenir études et musique devenait impossible.
De quand date cette passion ?
J’ai commencé à écrire des chansons à l’âge de 12 ans et rapidement je me suis mis à rapper. On peut dire que de 12 ans à 20 ans j’ai fait mes armes tout seul. En me produisant régulièrement sur des scènes amateures.
D’où vient le choix du Rap ?
J’ai baigné dedans tout comme mon frère qui en écoutait aussi ? J’ai été frappé positivement par la langue, le sens du mot. La manière dont les rappeurs s’approprient la langue française me parle car il y a un coté très authentique, on raconte ce que l’on vit. Il y a dans ce style une grande recherche de l’image et c’est ce que je voulais, imager ce que j’ai à raconter à des personnes que je ne connais pas. Avec mes mots je peux les toucher et faire passer des émotions, c’est ce que je trouve intéressant.
Quel message voulez-vous faire passer à travers vos chansons ?
Mon message tient beaucoup au fait de s’assumer tel que l’on est, avec ses qualités et ses défauts, envers et contre les autres. Mais aussi de croire en ses rêves et d’aller au bout de ses passions. Il y a un côté très positif et très courageux, ce qui est important pour moi. Ceux qui aiment me textes, me donnent aussi l’envie de continuer à créer et avancer, et avec mes textes je veux aussi leur transmettre cette force. Ces messages s’inscrivent dans une période de ma vie, je me suis lancé à fond dans la musique et ce n’est pas facile, mais je l’ai fait, et je veux dire à ceux qui m’écoutent : vous aussi vous pouvez le faire. Il faut au moins essayer.
À quelles difficultés faites-vous face ?
Tout d’abord ne pas se laisser ronger par le doute car au-delà des concerts il y a la vie quotidienne et il faut arriver à concilier tous les aspects de la vie. Il faut aussi être très patient et beaucoup travailler.
Comment trouvez-vous les moyens de vivre en attendant le succès ?
J’ai la chance d’être très soutenu par ma famille et mon entourage et le fait d’être aujourd’hui professionnel me permet de gagner ma vie petit à petit, mais je vis encore chez mes parents. J’insiste sur le soutien moral de ma famille car pour un artiste c’est fondamental.
Denfima, aujourd’hui où en êtes-vous de votre carrière ?
Mon point fort c’est la scène et le rapport aux gens et c’est dans cet exercice que je réussis à me faire un nom. Mais pour être sur scène il faut écrire des textes et de la musique et de fait, il y un an et demi j’ai sorti un mini album qui s’appelle « Bloqué là-haut ». Ce fut le premier support qui m’a permis de faire toute une série de concerts. Aujourd’hui, je travaille sur le prochain album avec toujours l’idée de faire une série de concerts et pourquoi pas une tournée ! Mais je ne veux pas me limiter à un seul public : je peux me produire dans des structures ou face à du grand public, je peux faire des concerts pour un très large public, c’est aux organisateurs de savoir s’ils veulent me programmer.
Est-ce que votre handicap a été un frein ?
J’ai du mal à ne pas considérer le handicap comme un frein de base. Après, si l’on parle de contexte musical, cela demande de savoir qui l’on est. Le jour où je devrai enchaîner les concerts avec mon équipe, nous devrons prendre toutes les dispositions pour que je puisse le faire dans de bonnes conditions. Il y aura bien sûr des contraintes à prendre en compte. Côté handicap, on m’a déjà reproché à la sortie d’un concert de justement trop jouer de mon handicap, une remarque à laquelle je ne m’attendais pas du tout. Mon handicap peut jouer le rôle de miroir et interpeller ceux qui me voient sur scène. De toute manière, je ne peux pas cacher mon handicap. Mais on pourrait faire les mêmes réflexions à une artiste féminine. C’est en tout cas nouveau pour beaucoup de personnes mais au final il faut que je sois bon. J’ai bien sûr dans ma culture « Grand corps malade ». Je ne suis pas naïf non plus, il y a beaucoup d’artistes et le handicap est une manière de nous différencier.
Quelles sont vos ambitions ?
Mon but c’est de faire des tournées et à terme de vivre décemment de ma musique, être bon dans ce que je fais et vivre tranquillement, pas nécessairement sous les feux de projecteurs du showbiz.
Pour en savoir plus sur Denfima, rendez-vous sur sa page Facebook.