AGEFIPH : Didier Eyssartier évoque les aides mises en œuvre, la situation économique et la prochaine Université du réseau des référents handicap
Rencontre avec Didier Eyssartier, directeur général de l’Agefiph. Nous lui avons demandé de faire un point sur l’emploi des personnes en situation de handicap, sur l’utilisation des aides mises en œuvre par l’Agefiph et sur la prochaine Université du réseau des référents handicap qui aura lieu les lundi 29 et mardi 30 mars 2021 en direct sur internet depuis la Cité des congrès de Lyon.
Quelle est la situation de l’emploi des personnes en situation de handicap après un an de crise sanitaire et économique ?
Nous n’avons pas encore toutes les données nécessaires pour faire une bonne analyse de la situation, mais nous avons des inquiétudes assez fortes sur l’emploi des personnes en situation de handicap. Pour l’instant, nous ne voyons pas baisser la dynamique générale et le taux d’emploi. Les entreprises nous font remonter une légère décroissance du recrutement avec le report des campagnes. Mais elles conservent un regard positif sur l’avenir. Nos interlocuteurs expriment toujours une attente de simplification des formalités de recrutement des personnes handicapées, bien que nous fassions beaucoup d’efforts de ce côté. Elles sont encore trop nombreuses à penser que c’est compliqué d’embaucher une personne en situation de handicap. Notre rôle reste de toujours mieux les accompagner car les chiffres montrent que 50% d’entre elles trouvent que le recrutement est simple lorsqu’elles sont accompagnées par nos services. Et lorsqu’elles bénéficient de cet accompagnement, elles sont 80% à afficher leur volonté de recruter une personne en situation de handicap. Les référents handicap, qui très souvent, se sont sentis isolés lors des deux confinements font savoir qu’ils ont besoin des services de l’Agefiph comme par exemple l’Activ box. C’est une solution clé en main pour les entreprises qui souhaitent mener des actions de sensibilisation au handicap toute l’année auprès de leurs collaborateurs.
Quel est le point de vue des référents handicap du réseau ?
Ils nous donnent le sentiment que la dynamique se poursuit. En 2020, nous avons accueilli de nouveaux référents handicap au sein de notre réseau. La loi impose aux entreprises de plus de 250 salariés de nommer un référent handicap. Nous essayons de les identifier pour les former et les accompagner. Le retour que nous font ces référents, c’est que le sens sociétal de l’emploi des personnes en situation de handicap n’a pas fléchi avec la crise. Toutes les personnes ont leur place dans l’entreprise, grâce aux compétences qu’elles apportent en fonction des besoins de l’entreprise.
En 2020, le nombre d’aménagements de situations de travail a été supérieur à celui de 2019, même si la reprise d’emploi pour les personnes handicapées est plus timide que pour le grand public. Parallèlement, le nombre de personnes handicapées qui se sont positionnées sur le marché du travail a baissé, certainement par manque de perspectives.
Du côté de la formation, quel est le niveau de demande ?
Les données que nous possédons montrent une tendance à la baisse des entrées en formation. C’est en dessous de ce nous espérions, car nous avions mis en place en 2019 une approche plus inclusive de nos services avec les organismes de formation. Lesquels sont aussi embarqués dans une dynamique positive avec l’obligation d’avoir un référent handicap, en particulier au sein des CFA.
Parmi les aides exceptionnelles que vous avez mises en œuvre, quelles sont les plus sollicitées ?
Elles ont connu un grand succès puisqu’en 2020 nous sommes à plus de 20 000 aides distribuées. Les aides destinées aux travailleurs indépendants handicapés (TIH), celles qui ont soutenu l’aménagement du poste de travail à domicile pour poursuivre son activité professionnelle ou une formation ont particulièrement rencontré leur public. En 2021, ce niveau de demande se poursuit. Nous avons le budget pour assumer ces aides, mais nous restons très attentifs à l’équilibre financier car la crise économique a aussi un impact sur nos propres ressources.
Parlez-nous des temps forts de la prochaine Université des référents handicap de l’Agefiph.
Pour cette nouvelle édition, encore au format digital, nous proposons aux acteurs du handicap en entreprise de se réunir pour participer à des conférences inspirantes, des ateliers, des modules d’appui à la professionnalisation et un espace inspiration destiné à enrichir son réseau de partenaire. Le message principal c’est : agir pour l’emploi des personnes handicapées. La crise sanitaire et économique provoquée par la Covid 19 a révélé la formidable capacité des acteurs de l’entreprise, du handicap et de l’emploi à s’adapter pour poursuivre leurs missions. Mais elle a aussi révélé les enjeux majeurs, soulevé de nouvelles questions : le recours massif au télétravail, la place des référents handicap, la formation des managers pour identifier les fragilités, l’importance du handicap dans les préoccupations des entreprises et notamment des plus petites.
L’Agefiph tient à montrer qu’elle est présente pour accompagner les entreprises tant que ce sera nécessaire. Il faut aussi souligner que les personnes handicapées ont des compétences qui peuvent être très utiles durant cette période. Nous gardons à l’esprit qu’une relance solide passera par le recrutement des personnes en situation de handicap. À l’occasion de cette université, nous allons mettre en lumière les entreprises qui ont une politique handicap remarquable et présenter un outil d’autodiagnostic en matière de politique handicap qui sera mis à disposition des entreprises. Cet outil offre la possibilité aux entreprises d’avoir une vision précise de l’avancée de leur politique handicap et du chemin qu’il reste à parcourir avec des conseils embarqués dans l’outil pour progresser.
En photo : Didier Eyssartier, directeur général de l’Agefiph.