Le plaidoyer de LADAPT pour réveiller les consciences autour des thèmes « Handicap en milieu rural » et « Jeunesse en situation de handicap face à l’emploi »
La Semaine Pour l’Emploi des Personnes en situation de Handicap 2021 (SEEPH) se déroule du 15 au 21 novembre, et comme à son habitude, LADAPT va dépoussiérer le paysage et relancer l’intérêt du public et des médias sur des sujets trop souvent mis de côté. Cette année, deux thèmes font l’objet d’un plaidoyer de LADAPT : « Le handicap en milieu rural » et « La jeunesse en situation de handicap face à l’emploi ». Nous avons interviewé Rémi Bellois, rédacteur de ce plaidoyer.
Parlons d’abord du premier thème du plaidoyer, « Ruralité et handicap ». Quels sont vos objectifs et quels changements souhaiteriez-vous voir intervenir dans ce domaine ?
Le plan d’action que nous proposons repose sur quatre grands axes opérationnels :
Axe 1 : Sensibiliser les personnes en situation de handicap aux métiers du milieu rural.
Axe 2 : Sensibiliser les employeurs du milieu rural aux compétences des personnes en situation de handicap.
Axe 3 : Déployer les stratégies existantes en matière d’accompagnement vers l’emploi dans le milieu rural.
Axe 4 : Accompagner le développement des compétences des personnes en situation de handicap.
Ce sont des axes opérationnels à spectre large pour que l’on puisse y décliner le plaidoyer en lui-même.
Pourquoi avoir choisi ce sujet ?
C’est un effet d’opportunité car nous avons constaté que la thématique de la ruralité n’a jamais vraiment été abordée lors de la SEEPH et peu de personnes s’intéressent à ce sujet. LADAPT renoue donc avec une tradition de lanceur d’alerte. Nous utilisons la définition de la ruralité comme un ensemble de cultures, de pratiques sociales, et un paysage marqué historiquement par l’activité agricole, même si ce n’est plus la seule activité du milieu rural.
Nous apportons une touche supplémentaire à notre vision de la ruralité, celle du sceau de l’ESAT agricole rural. Le milieu économique rural est varié et profite de nombreuses petites entreprises – qui sont des employeurs potentiels – mais aussi d’opportunités d’auto-entreprenariat, et bien sûr, d’activités tertiaires tels que les services comptables, juridiques, de secrétariat, d’interprétariat… grâce notamment à la révolution du télétravail. Le travail en milieu rural permet de renouer avec des activités ressourçantes telles que le travail de la terre, la promiscuité avec les animaux, le rythme biologique de la nature, et de se réapproprier le sens des responsabilités.
Vous évoquez aussi la place importante de l’ESAT…
En effet, l’ESAT rural occupe une place légitime et pleinement reconnue. L’ESAT de production en milieu rural offre de nombreuses possibilités d’acquisition de nouvelles compétences. Notamment avec la création d’un réseau de distribution des produits de l’ESAT en circuit court. Par ailleurs, le travail en ESAT peut trouver des débouchés par une mise en disponibilité auprès des particuliers comme des petites entreprises locales. La finalité, c’est l’insertion sociale en milieu rural, et, dans ce cadre, notre chercheur Meddy Escuriet a identifié que la taille idéale pour cette insertion sociale est une ville de 3000 à 4000 habitants maximum. Des défis restent à relever, notamment supprimer les déserts médicaux, les zones blanches, et maintenir les SAVS (Service d’Accompagnement à la Vie Sociale) et les SAMSAH (Service d’Accompagnement Médico-social pour Adultes Handicapés) en milieu rural.
Qu’en est-il du second thème du plaidoyer, la jeunesse ?
Nous avons travaillé avec la FEDEEH – Fédération nationale pour la réussite des jeunes en situation de handicap pour rédiger cette partie. Nous partons d’un constat alarmant : la crise Covid a entrainé une crise de l’emploi des personnes en situation de handicap qui ont servi de variable d’ajustement des politiques de ressources humaines. Pour dire cela, nous nous basons sur des signaux faibles de terrain et des statistiques. Pour aller plus loin, nous avons mené une analyse sociologique de terrain sur le vécu de la crise Covid par les jeunes en situation de handicap, et celle-ci a montré une certaine dynamique.
Qu’est-il ressorti de cette étude ?
Dans un premier temps, les personnes ont montré une sur-adaptation avec joie car elles étaient capables d’assumer la crise Covid que des personnes valides refusaient. Elles ont fait preuve d’une plus forte résilience malgré le handicap, car face aux efforts habituels du quotidien, le delta était faible. Mais dans un deuxième temps, l’isolement a plutôt créé de l’angoisse. Cet axe de la jeunesse nous ouvre la voie vers un troisième thème qui s’impose de lui-même : le numérique. Nous devons surfer sur la vague de la sensibilisation croissante aux problèmes d’ergonomie numérique pour sensibiliser le public au handicap. Le public fait face à des problèmes musculo-squelettiques et des problèmes d’accès au numérique, y compris pour les personnes précarisées. C’est l’occasion pour nous de faire passer ce message.
Pour en savoir plus sur le plaidoyer de LADAPT pour le handicap : https://www.ladapt.net/le-plaidoyer-de-la-seeph