À l’occasion des 70 ans de la panthéonisation de Louis Braille, cinq organisations d’aide aux personnes déficientes visuelles alertent les pouvoirs publics sur l’urgence de promouvoir et développer l’utilisation du Braille en France.
Aujourd’hui, à l’occasion des 70 ans de l’anniversaire de la panthéonisation de Louis Braille, cinq associations organisent « Le retour de Monsieur Braille au Panthéon ». Initiée par l’INJA (Institut National des jeunes aveugles), cette journée est l’occasion de sensibiliser tous les Français aux enjeux liés au braille et à son développement, à-travers plusieurs événements dédiés à tous les publics au Panthéon. Le braille favorise l’insertion sociale et professionnelle des personnes en situation de handicap visuel, et garantie leur autonomie, mais il reste très insuffisamment soutenu en France. C’est pourquoi l’ensemble des associations représentants les personnes aveugles ou malvoyantes publie un manifeste à l’attention des pouvoirs publics comprenant 4 propositions phares pour défendre urgemment le développement de ce système d’écriture en France.
En France ce sont 207 000 personnes qui sont concernée par la déficience visuelle. Mais aujourd’hui, le braille est une invention révolutionnaire utilisée par 6 millions de personnes aveugles à travers le monde, et représente une passerelle vers l’orthographe, la ponctuation, l’éducation au sens large. Soit un vecteur d’inclusion social décisif.
C’est dans ce contexte que cinq organisations mette en avant les nouveaux enjeux liés à la promotion du Braille, notamment via l’utilisation du numérique. Elle porte également un plaidoyer fort pour alerter les pouvoirs publics sur l’urgence de déployer des mesures en faveur de la promotion du Braille en France.
Par ailleurs, les cinq organisateurs ont fait une demande officielle de renommer la station de métro « Duroc » (lignes 10 et 13, Paris, 7e) en « Duroc – Louis Braille ». « Renommer une station de métro peut paraître symbolique. Pour nous, cette action serait un geste fort : celui de permettre de sensibiliser à l’importance capitale du braille pour l’inclusion des personnes déficientes visuelles en France et à travers le monde, et remettre en lumière la figure de Louis Braille »
Les quatre propositions pour développer le braille en France :
Proposition n°1 : garantir l’enseignement du braille dès le plus jeune âge à tous les enfants déficients visuels
Le braille permet de garantir une éducation à toutes les personnes en situation de déficience visuelle. Ces 63 signes permettent de réaliser l’ensemble des lettres de l’alphabet, de couvrir tous les accents, de produire les signes mathématiques et scientifiques et d’établir une musicographie complète.
Pour pallier cette situation et permettre une scolarité inclusive dès leur plus jeune âge, nous demandons aux autorités politiques et administratives :
– Une augmentation du nombre d’enseignants qualifiés en braille sur tout le territoire en les incitant à valider une certification braille officielle;
– De faire en sorte que tous les accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) accompagnant des élèves aveugles ou malvoyants à suivre un module de braille ;
– Une introduction dans les programmes scolaires à une sensibilisation à la cécité pour toutes et tous les élèves, incluant le braille.
Proposition n° 2 : Garantir l’accès à la lecture grâce au braille
Aujourd’hui, les personnes déficientes visuelles subissent une intégration sociale et professionnelle complexe et difficile et de fait 50 % d’entre elles sont au chômage.
Nous proposons de :
– Assurer la fourniture de manuels scolaire adaptés (papier ou numérique) pour tous les élèves et étudiants braillistes ;
– De financer de façon pérenne la production de livres en Braille pour que les personnes déficientes visuelles aient accès au livre de leur choix, dans un délai raisonnable et au prix du marché;
– De faire baisser les coûts de production des afficheurs braille (bloc-notes et terminaux) en soutenant des projets d’investissements et en promouvant une action au niveau européen pour éviter les variations de prix entre États membres.
Proposition n° 3 : généraliser l’utilisation du braille dans les sites culturels
L’accessibilité culturelle aux personnes en situation de handicap visuel représente un défi de taille. Malgré les efforts réalisés ces dernières années, notamment en région, dans les musées, la tâche reste colossale :
– Seuls 10% des sites Internet sont accessibles aux personnes aveugles et malvoyantes
– 6% des livres sont adaptés à l’usage des personnes aveugles et malvoyantes
– Sur 500 films qui sortent au cinéma chaque année, seulement 100 sont audiodécrits
– 4% seulement des émissions TV sont audiodécrites
Pour lutter en faveur de l’accessibilité culturelle, nous souhaitons :
– De faire de la présence de livrets en braille, incluant des dessins en relief adaptés à la compréhension tactile, une obligation pour tout établissement culturel (monument, office de tourisme…) bénéficiant de financements publics;
– De rendre obligatoire la mise en place de cartels ergonomiques (horizontaux ou inclinés) en braille et gros caractères pour compléter les dispositifs d’accessibilité multisensorielle dans les musées et lieux d’expositions.
Proposition n° 4 : Généraliser l’étiquetage en braille sur les produits de grande consommation et dans les espaces publics
Enfin, pour garantir une meilleure autonomie des personnes déficientes visuelles, nous demandons de :
– De favoriser l’étiquetage en braille des produits alimentaires sous emballages, comme cela se pratique pour les produits pharmaceutiques;
– D’inciter les fabricants à rendre accessibles les sites dédiés à la mise en service de tous les appareils électroménagers (ou à inclure un descriptif en braille dans leurs emballages);
– D’étendre la norme braille établie par l’AFNOR à tous les automates (distributeurs bancaires ou de titres de transports, digicodes, etc.) ainsi que dans les établissements recevant du public (les escaliers et ascenseurs, numéro de chambres des hôtels…)
Le dossier est désormais entre les mains de Damien Abad, notre Ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées