La prise en charge des personnes souffrant de troubles psychiques ne cesse de se détériorer, tout comme les conditions de vie des proches aidants qui les soutiennent au quotidien. C’est le triste constat fait par l’Unafam à l’occasion de la publication de la 3e édition de son Baromètre.
En ce mois d’octobre traditionnellement associé à la journée nationale des aidants, l’Unafam, Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques, publie la 3e édition de son Baromètre des proches aidants consacré à la santé mentale et aux troubles psychiques. Elle y dénonce la dégradation constante de la prise en charge des personnes vivant avec des troubles psychiques et lance un SOS à destination des pouvoirs publics.
L’association évoque notamment une psychiatrie en proie à de grandes difficultés, un secteur médico-social sous-dimensionné, et une stigmatisation toujours aussi forte, avec une prise en charge des personnes vivant avec des troubles psychiques qui n’est plus assurée dans de nombreuses régions de France.
« La prise en charge des personnes vivant avec des troubles psychiques, notamment en termes de soins, ne cesse de se détériorer ! commente ainsi Marie-Jeanne Richard, Présidente de l’Unafam. En 2021, 73 % des personnes interrogées déclaraient rencontrer des difficultés lors des prises en charge en cas d’urgence. Ce chiffre monte à 84 % dans l’édition de cette année ! Le soin des personnes vivant avec des troubles psychiques doit être assuré, tout comme leur accompagnement social et médico-social qui reste, encore aujourd’hui, bien trop sous-développé. Une politique ambitieuse doit être mise en place, d’urgence ! ».
Découvrez ici les principales observations qui ressortent de ce baromètre des proches aidants accompagnant des personnes avec troubles psychiques.
Les troubles psychiques encore trop stigmatisés
Malgré les nombreuses campagnes de sensibilisation réalisées, l’Unafam constate que les troubles psychiques, pourtant très répandus, demeurent méconnus du grand public. Quand ils sont évoqués dans les médias, pour 60 % des répondants, c’est de façon stigmatisante. Ces représentations négatives affectent la vie quotidienne de millions de Français pour qui il n’est pas facile d’aborder le sujet (44 %). « Ce silence les enferme et les empêche de demander de l’aide, notamment au moment où ils en auraient le plus besoin ! », souligne l’association.
Une errance qui perdure en matière de diagnostic
L’Unafam rappelle que la période qui couvre les premiers symptômes est cruciale pour mettre en place les soins et l’accompagnement appropriés et ainsi éviter les situations de crise. Or, pour 49 % des répondants, 2 ans ou plus auront été nécessaires pour poser un diagnostic. Une longue période d’errance où les personnes concernées et leurs proches se sentent abandonnés, où les soins ne sont mis en place que lorsque survient une crise et que la situation dérape… entraînant des hospitalisations en soins sans consentement qui retardent le chemin vers le rétablissement.
Un manque de soutien ressenti par les aidants
Le manque de dispositifs adaptés disponibles fait peser une charge inadmissible sur les proches. 70 % des personnes interrogées déclarent apporter une aide fréquente à leur proche dans leur quotidien, y compris dans la gestion administrative. Faute de solutions de soutien, seuls 7 % sont confiants sur l’accueil et l’accompagnement dont pourra bénéficier leur proche lorsqu’ils ne seront plus là. « Ces responsabilités ont de nombreuses répercussions sur la vie des aidants, dont 72 % déclarent que la maladie de leur proche a un impact sur leur propre santé. Il est temps de sortir de la discrimination et de prendre en compte le handicap psychique de manière effective ! », déplore l’association.
Mieux prendre en compte les frères et sœurs
Parce que la maladie peut avoir des répercussions sur les fratries dès le plus jeune âge, l’Unafam a décidé cette année de donner la parole aux frères et sœurs de personnes vivant avec des troubles psychiques. Elle note que les frères et sœurs sont parmi les premiers à détecter les troubles : les deux tiers d’entre eux ont pris conscience de la maladie de leur proche avant leurs 24 ans (30 % entre 18 et 24 ans). Pourtant, seuls 35 % se sentent suffisamment informés sur les maladies psychiques alors qu’ils sont quasiment la moitié (46 %) à se considérer comme aidants. Il y a donc une véritable nécessité à les soutenir.
Pour en savoir plus sur l’Unafam : https://www.unafam.org/