Dans le cadre de l’Université du Réseau des Référents Handicaps 2023, organisée à Bordeaux les 27 et 28 mars, les participants ont été invités à réfléchir sur le thème de l’entreprise inclusive idéale au regard du handicap. Retour sur cet événement.
Quel modèle pourrait-on envisager pour construire une entreprise idéale pour le handicap ? L’entreprise inclusive par excellence existe-t-elle ? Sur quels critères pourrions-nous évaluer cet état de fait ? Voici les principales questions abordées ce mardi 28 mars lors de la conférence « Handicap : Dessinons l’entreprise idéale » organisée à Bordeaux dans le cadre de l’Université du Réseau des Référents Handicaps 2023 (URRH) de l’Agefiph.
Objectif : Réfléchir et confronter les points de vue pour déterminer quelles sont les conditions qui permettent aux personnes en situation de handicap de s’intégrer au mieux dans une entreprise et de s’y épanouir à travers un emploi durable et une carrière réussie.
Parmi les intervenants qui ont pris part au débat :
– Hugues Defoy, directeur métier en charge de la mobilisation du monde économique et social Agefiph.
– Benoît Clocheret, directeur d’Artélia.
– Thibaut Hyvernat, président de la Commission Handicap du METI et Président & CEO du Groupe Sterimed Meti et groupe Sterimed.
– Solange Teyssier, chargée d’études et de développement en Délégation Auvergne-Rhône-Alpes Agefiph.
– Natacha Fellous, journaliste d’entreprise et animatrice de débats.
– Florian Trichaud, président du Bureau National des Elèves Ingénieurs BNEI.
Des échanges basés sur une consultation préalable
La conférence « Handicap : Dessinons l’entreprise idéale » a été présentée dans un format original, combinant les échanges verbaux avec les œuvres du dessinateur Tommy Dessine. Et pour aborder ce sujet complexe d’une manière à la fois globale et complète, elle a été précédée d’un atelier sur le thème de l’entreprise inclusive.
Ainsi, deux groupes de réflexion représentatifs avaient été formés dans la matinée : l’un composé de référents handicap issus des entreprises participantes, l’autre de personnes en situation de handicap, et plus particulièrement des étudiants, des demandeurs d’emploi, et des salariés. Des travaux dont la restitution a constitué une excellente base pour initier les débats.
Dans ce cadre, Solange Teyssier et Natacha Fellous ont chacune partagé les conclusions du groupe qu’elles avaient animé.
Dialogue, management inclusif et accessibilité pour le groupe des référents handicap
Du côté des référents handicap, trois grandes thématiques ont été sélectionnées par les participants pour définir une entreprise inclusive idéale :
– La stratégie d’entreprise : Les participants estiment que l’entreprise idéale doit être engagée dans la RSE et la diversité, avec une direction qui porte le sujet du handicap et l’intègre dans le dialogue social. Mais ils accordent aussi de l’importance à la valorisation des travailleurs handicapés à travers la marque employeur, et un suivi des objectifs à l’aide d’indicateurs de mesures mis en place à cet effet.
– Le management inclusif ressort également comme un élément important, avec notamment la nécessité de former et sensibiliser toute l’entreprise pour lutter contre les préjugés, les stéréotypes et les discriminations. L’identification de personnes ressources (référent handicap, médecin du travail, assistante sociale) ; l’aménagement de temps d’échanges entre managers et collaborateurs sur les difficultés rencontrées ; l’accompagnement et le suivi du manager.
– L’accessibilité reste par ailleurs un critère incontournable, qu’il s’agisse de l’environnement de travail, de l’aménagement du poste, ou de l’accessibilité de la communication interne et externe.
Valeurs, souplesse et accessibilité pour le groupe des personnes en situation de handicap
Quant aux personnes en situation de handicap, elles ont, pour leur part, voté pour quatre grandes thématiques :
– Les valeurs de l’entreprise arrivent en tête des discussions. Les participants attendent de l’entreprise inclusive idéale qu’elle rende tous les métiers accessibles à tous, avec une mixité entre les personnes valides et en situation de handicap, un droit à l’erreur et une possibilité de recommencer en faisant mieux, ainsi qu’une écoute et de la simplicité dans les relations.
– L’organisation de l’entreprise est également un critère qui fait toute la différence, si l’entreprise propose un temps de travail personnalisé, certaines tâches réalisées en binôme ou en équipe, et une remise en question régulière des gérants de la part des gérants de l’entreprise.
– L’accessibilité de l’entreprise, à l’intérieur comme à l’extérieur, ressort, là aussi, comme un aspect déterminant : accessibilité des locaux, toilettes, ascenseurs, portes automatiques, signalétique…
– Les participants donnent également beaucoup d’importance à la sensibilisation du collectif, avec une sensibilisation régulière à tous les types de handicap, demandée par des personnes handicapées, qui elles-mêmes ne connaissent pas toutes les spécificités du handicap. La notion de pair-aidant a été évoquée dans ce cadre, tout comme l’utilité que des personnes en situation de handicap aient elles-mêmes le statut de référent.
Au cœur de l’entreprise idéale, la sensibilisation et la formation au handicap
Chez les intervenants, qui adhérent à chacun des points soulevés par les deux groupes de réflexion, deux axes de travail reviennent systématiquement au centre des préoccupations, la sensibilisation et la formation des managers et salariés au thème du handicap.
« Quand on ne connaît pas, on a peur, et on a peur de mal se comporter, commente ainsi Benoît Clocheret, directeur d’Artélia. C’est donc le rôle de l’entreprise d’agir sur ce terrain, de sensibiliser, d’accompagner l’inclusion et d’instaurer une réglementation pour que ce soit fait dans les grands groupes ».
Un avis partagé par Thibaut Hyvernat, président de la Commission Handicap du METI et Président et CEO du Groupe Sterimed Meti & groupe Sterimed : « Je crois qu’en 2023, nous sommes encore dans une politique de libération de la parole et qu’il faut porter davantage le sujet du handicap dans le dialogue social, que ce soit par le collectif de salariés ou par le gérant. Dans le cadre de la RSE, nous devons peut-être aussi l’intégrer dans la politique générale de l’entreprise ».
Pour Florian Trichaud, président du Bureau National des Elèves Ingénieurs BNEI, la sensibilisation est évidemment primordiale, mais il faut aller plus loin en intégrant le handicap à toutes les formations : « Une entreprise idéale pour le handicap serait une entreprise où chacun arriverait formé et saurait de quoi on parle quand on prononce le mot handicap, espère-t-il. Mais la réalité c’est que quand on sort de 5 ans d’études supérieures et qu’on arrive dans le monde professionnel, on n’est pas réellement au fait de ces sujets-là. Moi-même, tout en étant en situation de handicap, je ne sais pas m’exprimer sur tous les types de handicap. C’est là qu’il y a encore un gros travail à faire. Plus on en parlera tôt dans nos formations, et plus on aura des personnes qui sauront faire et qui pourront accueillir ».
Pour en savoir plus sur l’URRH 2023 : https://agefiph-universite-rrh.fr/