Dans le cadre de la semaine de la mobilité, nous vous proposons un dossier dédié sur notre site du 3 au 7 avril. Emmanuel Macron avait annoncé le respect des droits des personnes en situation de handicap comme une de ses priorités lors de ses deux campagnes. Pour autant, 18 ans après la loi de 2005, certains de ces droits, comme la mobilité, sont loin d’être respectés. Alors que fait le Gouvernement pour améliorer cette situation ?
En 2019, se tenait le troisième Comité Interministériel du Handicap (CIH). L’occasion pour le Gouvernement d’Emmanuel Macron de prendre la parole pour affirmer le caractère prioritaire, entre autres, de l’accessibilité aux transports pour les personnes en situation de handicap. Trois ans plus tard, en octobre dernier, à l’occasion du CIH 2022, les autorités ont pu tenir le grand public informé de l’avancée de leur stratégie et de leurs politiques prioritaires. Et concrètement, une seule mesure a réellement été appliquée depuis le CIH précédent. En effet, les politiques en charge de la question avaient annoncé vouloir faire en sorte que les personnes en situation de handicap puissent avoir accès à la carte mobilité inclusion à vie. Jusqu’alors, ils devaient systématiquement renouveler leurs dossiers pour bénéficier de ces aides. Et effectivement, 935 000 cartes mobilité inclusion stationnement ont été délivrées à vie, ainsi que 670 000 CMI invalidité et 492 000 CMI priorité.
Plusieurs autres initiatives « en cours » de développement
Plusieurs autres mesures sont « en cours » de développement d’après le rapport du CIH 2022. Tout d’abord, le Gouvernement travaillerait sur une généralisation de la tarification préférentielle pouvant aller jusqu’à la gratuité pour l’accompagnateur. Les autorités se sont également penchées sur la création d’une plateforme de réservation des prestations d’assistance et de substitution sur les réseaux ferroviaires. Cette mesure serait accompagnée d’une enveloppe de 120 millions d’euros à utiliser par la SNCF pour poursuivre la mise en accessibilité des gares.
Concernant cette dernière initiative, 158 lieux étaient visés par des travaux pour améliorer l’accessibilité en gare. À l’heure actuelle, seuls 78 de ces points sont équipés pour accueillir correctement les personnes en situation de handicap jusqu’au quai. Pour rappel, il existe 3000 gares en France, et la majorité est loin d’être accessible. « Cela fait très longtemps que je n’ai pas pris le train, témoigne Alex Renaud-Bourbon, étudiant en situation de handicap. Il faudrait que je réessaye, mais ça me semble compliqué. »
Le Gouvernement a par ailleurs promis plusieurs autres mesures concernant la mobilité comme :
- une accessibilité plus simple des locaux de travail ;
- la publication d’un arrêté sur l’accessibilité des emplacements de recharge équipés de bornes électriques ;
- le lancement de la plateforme AccesLibre, une application numérique collaborative pour que les personnes puissent connaître en temps réel l’accessibilité des ERP d’un territoire, publics comme privés.
Et en 2023 alors ?
Le Gouvernement a également pris plusieurs engagements sur la mobilité pour cette nouvelle année. Dans une optique de permettre à l’état d’être « plus inclusif », l’État a pris dix engagements, parmi lesquels : donner une information en temps réel aux citoyens sur le niveau d’accessibilité des établissements recevant du public, ou encore assurer un accueil accessible et de qualité des personnes en situation de handicap dans les maisons France services. D’autres mesures, comme le renouvellement et le renforcement des aides à l’achat de vélos, ou la gratuité des transports sanitaires urgents, qui seront désormais entièrement remboursés par la sécurité sociale pour les personnes en situation de handicap, ont été annoncées.
Préparation de la 6e Conférence Nationale du Handicap
Toujours durant le CIH 2022, les autorités ont annoncé pour le printemps 2023, la préparation de la 6e Conférence Nationale du Handicap ou CNH. « L’objectif est de débattre des orientations et des moyens de la politique concernant les personnes handicapées », s’est exprimé le Gouvernement dans un communiqué. Cette conférence sera l’occasion de débattre sur de nombreux sujets mis en avant par le Gouvernement, parmi lesquels la mobilité.
Objectif Jeux Olympiques et Paralympiques 2024
En 2024, se tiendront les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris. À cette occasion, environ 300 000 personnes en situation de handicap sont attendues dans la capitale. Pour pouvoir accueillir tout le monde, le Gouvernement a lancé un grand plan de restructuration des transports et de la voirie à Paris. Pour autant, le Gouvernement accuse beaucoup de retard et les travaux annoncés n’avancent pas aussi vite que prévu. « On se heurte à un problème historique, qui est le manque d’accessibilité de la capitale », reconnaît Marie-Amélie Le Fur, présidente du Comité Paralympique et Sportif Français. L’optimisme reste de mise du côté des organisateurs, qui promettent de mettre en place des solutions alternatives. « L’idée c’est de pallier à des lignes de transports qui étaient prévues mais qui ne seront pas livrées à temps pour les Jeux Paralympiques, explique Marie-Amélie Le Fur. Ça va passer par la mise en disposition de navettes, de parking à proximité des sites… Il y a une volonté de montrer que la France peut créer un réseau pour les personnes en situation de handicap rapidement ».
Au-delà des Jeux, cette politique de rendre accessible une plus grande partie du territoire impacte positivement la France entière. Et il faut dire qu’il était temps ! En 2020, à travers une enquête sur l’accessibilité en France, l’APF France-Handicap révélait qu’une personne sur deux en situation de handicap se déclarait mécontente de l’accessibilité des transports en commun et 74% des sondés estimaient mauvaise la qualité de la voirie. Espérons que ces Jeux Olympiques et Paralympiques seront un tremplin pour continuer de développer l’accessibilité des rues et des transports français.