« Sœur sans bruit : Grandir avec un frère différent » : Anne-Laure Chanel raconte son enfance et témoigne sur le fait d’avoir un frère polyhandicapé
Léon et Paulin sont nés à six mois et demi. À cause de cette prématurité, Paulin, le second, fait une hémorragie cérébrale. Il en gardera des séquelles graves et restera polyhandicapé, un état qui associe déficit mental et infirmité motrice cérébrale. Anne-Laure, la sœur ainée, à l’époque adolescente, s’interroge sur sa place dans cette fratrie et sur le fait d’avoir un frère polyhandicapé. À travers un récit poignant, elle retrace son histoire et celle de sa famille. Elle raconte également ce qui a changé dans la prise en charge des personnes handicapées et plus particulièrement dans le droit à une éducation spéciale.
« Du sang, d’abord : celui qui circule dans la main de mon frère. La peau n’est pas percée, le sang ne goutte pas, mais la trace rouge laissée par les dents, par la propre mâchoire de mon frère qui a serré de toutes ses forces la première chose se trouvant à sa portée, cette trace, elle, est bien visible. Un jour, ce fut une autre main qu’il serra fort, fort : ma mémoire a occulté le souvenir du regard maternel mais je sais que les yeux gris d’orage retenaient difficilement les larmes tant la douleur était violente. La souffrance physique de ma mère, cette maltraitance, involontaire bien sûr mais c’en était une, cette maltraitance infligée par son fils, cette douleur qu’il a imprimée dans une main qui n’était pas la sienne, m’atteignaient. Me trouaient le cœur. »
« Sœur sans bruit », Anne-Laure Chanel, aux éditions du Rouergue, collection La brune, 272 pages, 21,80 euros.
Plus d’infos : www.lerouergue.com
Camille Romand