Récit d’un périple en Bretagne, au cœur du Finistère Sud, en fauteuil roulant
Je vais vous retracer les différentes étapes de mon périple en Bretagne de l’été dernier, qui m’a conduit de Lyon à Brest, avec un retour par Rennes, en passant par Saint-Brieuc. C’est principalement le Finistère Sud que je souhaitais découvrir et je n’ai pas été déçu.
Je me déplace en fauteuil roulant, aussi mes références en termes d’accessibilité sont basées sur ce mode de déplacement. Pour m’aider dans mes déplacements j’étais équipé d’une motorisation électrique qui se fixe à l’avant du fauteuil et qui de fait me libérait de tous efforts dans les rues en pente ou recouvertes de pavés. Dans ce type de voyage, je trouve cela indispensable mais il faut un grand coffre de voiture. Je précise qu’en dehors de la première nuit, je n’avais rien réservé, je trouvais mes hôtels au jour le jour et je n’ai jamais eu aucune difficulté, même pour avoir une chambre PMR.
Ma première étape de ce périple en Bretagne fût de faire Lyon-Nantes d’une traite.
J’avais réservé un hôtel dans le centre situé dans une rue piétonne mais je ne le savais pas. J’ai donc commencé par tourner une heure en voiture pour trouver le parking à proximité de l’hôtel. Une fois installé je me suis lancé dans une visite rapide du centre de Nantes que je connaissais déjà un peu. Cette ville est tout simplement magnifique, il y a de nombreux et superbes édifices, ainsi que de nombreuses places et terrasses le long des rues piétonnes. Vous pourrez sans problème passer une bonne journée, sans vous ennuyer mais attention la ville est relativement en relief et vous devrez faire pas mal d’efforts si vous êtes en fauteuil manuel. Cependant l’accessibilité du centre est bien présente et vous ne devriez rencontrer aucune difficulté dans vos déplacements. N’hésitez pas aller sur les quais pour prendre un verre ou tester l’un des restaurants.
La deuxième étape était Pornic, une petite ville de pêcheurs devenue un haut lieu de tourisme. Il y a des places de stationnement réservées sur les quais de la vieille ville. Deux ou trois heures suffiront, le temps de parcourir les vieilles rues (pavées) bordées de magnifiques façades et de flâner ou boire un verre sur les quais. Attention : l’été il y a beaucoup de monde mais cela n’enlève rien au charme du lieu.
Étape suivante Saint-Nazaire, si vous êtes en voiture vous ne pouvez pas manquer de franchir le pont de Saint-Nazaire qui est un véritable monument. La ville en elle-même ne présente pas grand intérêt en dehors de son histoire liée à la Deuxième Guerre mondiale car les allemands y ont construit une immense base en béton pour les sous-marins U-Boot. Elle abrite aujourd’hui un musée et différents commerces, et son toit accueille le Jardin du tiers paysage, œuvre de Gilles Clément. Elle se visite très facilement et son côté tragique ne vous laissera pas insensible. C’est assez facile de se garer en été où que vous soyez. Une autre particularité de la ville, ce sont les chantiers navals qui ont réalisé et réalisent encore les plus grands et les plus bateaux de croisière du monde (Symphony of the Seas). Des visites sont sans doute possibles mais je n’ai eu qu’un bref aperçu depuis les abords des chantiers.
L’étape d’après était incontournable : Guérande et ses fameuses salines. Vous allez me dire que j’ai laissé de côté Pornichet, la Baule, la Croisic, et la Turballe ! C’est vrai, je devais faire des choix, mais ce n’est pas perdu. Tout d’abord Guérande, c’est autre chose que simplement des salines, la ville possède une superbe cité médiévale qui mérite le détour et qui est facilement praticable en fauteuil roulant. L’enfer c’est les autres. L’été, cette cité est pleine comme un œuf, ce qui atténue franchement le plaisir. Guérande est aussi une ville chargée d’histoire avec ses périodes flamboyantes et ses périodes creuses. Les amateurs seront comblés. Enfin les salines très éloignées de la ville et là c’est plutôt décevant. En effet, ce n’est pas très excitant de regarder des salines, au bout de 10 minutes vous avez fait le tour de la question. Heureusement, il y a un centre commercial où vous pouvez acheter le sel de Guérande sous toutes ses formes, mais il faut y mettre le prix. L’authentique ça se paye. Me voilà repartant – avec les bras chargés de boîtes de sel en guise de cadeaux – pour l’étape suivante qui est certainement l’une des plus belles du voyage.
+ Photo 4 : Guérande et son célèbre sel (floutter les plaques d’immatriculation).
Je me rends ensuite à Vannes, une ville dont j’ai souvent entendu parler notamment pour sa prise en compte du handicap. J’étais hébergé dans un hôtel assez loin du centre mais avec ma motorisation électrique pas de problème. Mon premier constat, c’est que la ville est très en relief. Mais qu’à cela ne tienne j’y suis, je vais donc la visiter à fond. À la première occasion je file vers le centre historique. Je tombe sous le charme. Les rues, les façades, on se croirait transposé quelques siècles plus tôt. Détail qui a son importance, les rues sont très en pentes et pavées. Les entrées des commerces sont peu accessibles ! C’est comme au moyen âge, il ne faut pas rêver. Mais qu’importe, le cadre me fait tout oublier. Encore une fois il y a beaucoup, beaucoup de monde. Cette partie de la ville est très en hauteur et j’entreprends de me diriger vers la marina, ce qui représente quelques difficultés car le cheminement n’est pas très adapté et je me retrouve régulièrement sur la chaussée au milieu d’une circulation dantesque. Enfin j’arrive au niveau de la marina qui offre de belles possibilités de balades le long de l’eau et des nombreux bateaux qui sont à quai. Face à la marine se trouve une porte médiévale qui offre un autre accès à la vieille ville. Une fois de plus c’est magnifique (mais pavé) et l’on s’attend presque à croiser Anne de Bretagne et sa cour. Il y a de quoi se balader des heures et les férus d’histoire pourraient arpenter ses rues une semaine durant sans jamais s’ennuyer.
Mon voyage est assez cadencé et dès le lendemain je visite Carnac et la presqu’île de Quiberon. Géographiquement c’est la zone où il faut beaucoup de patience. L’accès à la presqu’île se fait par un bras de terre pourvu d’une route à deux voies. Et en été c’est totalement bouché et il n’est évidemment pas possible de dépasser. Une fois pris dans la nasse, il faut terminer le trajet. Cette patience est heureusement récompensée car la presqu’île de Quiberon mérite vraiment le détour. De magnifiques et longues plages, quelques édifices remarquables dont un superbe phare, le Château Turpault, au bord de l’eau, un port typique, un très joli centre-ville et son dépôt de la Belle-Iloise pour tous les amoureux des produits de la mer. Incontournable et impossible d’en ressortir sans un sac plein de conserves, et ce n’est que du bonheur. Alors certes, des magasins de cette marque il y en a beaucoup en France, mais là nous sommes dans sa ville et son port d’origine et ça compte. En fauteuil roulant, Quiberon est très praticable ce qui est un bon point supplémentaire.
Je poursuis ma route pour me diriger vers une ville non moins célèbre, Lorient. La ville est importante mais on circule facilement. Le jour de mon arrivée je découvre avec bonheur que c’est l’ouverture du célèbre Festival Interceltique avec l’Irlande comme pays d’honneur. Une fois de plus il y a énormément de monde et les quais sont recouverts de stands de tout ce que la culture Celtes peut offrir avec les kebabs en plus. Installé sur une terrasse, j’assiste à des défilés de groupes folkloriques où la cornemuse règne en maitresse absolue. L’ambiance est chaleureuse et bon enfant et ce jour-là le soleil brille au-dessus de nos têtes. La ville est assez plate, donc pas difficulté particulière pour la visite. Je me suis contenté du centre-ville qui est assez vaste et doté de nombreuses terrasses de restaurants comme de commerces en tout genres. La ville a connu de grandes périodes de commerce maritime mais aussi des jours plus sombres au moment de la Deuxième Guerre mondiale, et comme à Saint-Nazaire, les nazis y ont installé une gigantesque base pour leurs sous-marins U-Boot. La ville possède aussi un important chantier naval pour les bateaux de combat.
L’étape qui suit me tenait à coeur puisqu’il s’agit de Pont-Aven et ses célèbres galettes, mais c’était aussi pour la trace laissée par le peintre Gauguin, chef de file et fondateur de l’École de Pont-Aven en 1886. Comme toujours depuis le début du voyage, il fait beau et il y beaucoup de monde, je réussis à me garer en hauteur dans une contre-allée mais la rue est en pente pour aller jusqu’au fleuve l’Aven qui se jette dans l’océan. Le centre-ville est comme la plupart du temps en Bretagne très pittoresque, mais c’est le long de l’Aven que j’ai pris le plus de plaisir. Une atmosphère bucolique s’en dégage, c’est calme, lumineux, toutes les maisons sont belles et une flopée de petits bateaux est amarrée le long des berges. Idéal pour flâner, se ressourcer et se remplir les yeux de souvenirs. Le départ ne s’est pas fait sans un passage à la biscuiterie de Pont-Aven qui regorge de gourmandises au beurre et au caramel salé. C’est l’un des côtés incontournables de la Bretagne mais qui s’en plaindra ?
Je continue ma route en Bretagne en direction de Concarneau et sa célèbre « ville close ». J’arrive par la côte et bien que le paysage soit magnifique, pas possible trouver une place libre sur le bord de la route pour l’admirer en toute sérénité. Lorsque j’arrive dans le centre, le marché est installé et c’est noir de monde. La circulation est difficile et trouver une place de stationnement relève de l’exploit. C’est finalement face à l’ancienne gare SNCF que je trouve mon bonheur. Je descends vers le centre ville, profite un peu de l’ambiance des quais et me dirige droit vers la « ville close ». La Ville close est une cité fortifiée des XVᵉ et XVIᵉ siècles construite sur un îlot. Elle est le cœur historique de la ville de Concarneau qui s’est progressivement développée autour de l’îlot. Entrer dans cette ville c’est faire un retour authentique au XVIème siècle. Un véritable voyage dans le passé mais avec un très, très, gros volet commercial. Rares sont les pas de portes qui ne soient pas une boutique, une crêperie ou un restaurant. Les rues sont très praticables en fauteuil roulant mais la marée humaine me rappelle tous les mètres que je ne suis pas le premier à avoir l’idée de visiter ce site historique ce jour-là. Je trouve quand même une échappatoire en prenant une ouverture de coté qui donne accès à la mer, face à une partie du port, et qui bizarrement est vide de monde. La « ville close » de Concarneau fait partie des incontournables de la Bretagne sud mais si possible hors saison.
Concarneau depuis la ville close – BretagneMon voyage se poursuit vers une autre ville tout aussi connue : Quimper, ville historique dont les fondations remontent au IVème siècle. La ville est traversée par l’Odet, un cours d’eau qui s’évase en vaste étendue à la sortie de la ville. Quimper est une ville très en relief mais le centre-ville comme la ville historique sont très facilement praticables car au niveau des quais. La ville historique regorge de bâtiments aux façades et à l’architecture médiévale qui ont sublimé ma visite lors d’une soirée claire et chaude. J’ai passé un temps incroyable à parcourir ses rues piétonnes sorties d’une autre époque et à m’extasier devant la principale façade de l’imposante cathédrale Saint-Corentin. La dégustation de galettes au Sarrazin s’est imposée comme pour parfaire cet itinéraire typiquement breton. J’avais trouvé un hôtel à la sortie de la ville à 10 minutes du centre et les transports en communs sont très accessibles.
Et pour finir mon récit sur la Bretagne, qui comportait d’autres villes et bien d’autres lieux que je ne peux pas décrire faute de place, j’en arrive à Brest, la ville que je rêvais de voir depuis de nombreuses années. J’arrive par un pont qui surplombe un bras de mer et me mène par la côte jusqu’à la ville. J’arrive sur les quais et stationne à côté d’un énorme remorqueur : « le robuste », et sur le quai d’en face j’aperçois « L’Abeille Bourbon », le célèbre remorqueur d’intervention, d’assistance et de sauvetage. Les quais sont assez tristes mais je vais quand même prendre un verre en terrasse. Je me dirige ensuite vers mon hôtel, situé dans le centre sur partie piétonne, heureusement stationner n’est pas compliqué. Le premier jour, j’entreprends de visiter la ville et je suis assez déçu. La ville est très en relief et plonge vers la mer de manière abrupte de chaque côté de la rade. Une grande avenue sans vie, occupée par le tramway, relie les deux parties de la ville séparées par la rade. Il y a même un téléphérique pour le faire mais c’est sans grand intérêt. Visiter Brest ne représente pas d’intérêt non plus. À Brest il y a les chantiers navals et le port militaire, interdit au public bien sûr, mais que l’on peut apercevoir sans difficulté. Je décide donc de faire dans le culturel et d’aller visiter le musée de la Marine dont tout le monde me dit le plus grand bien. Et là, très grande déception, le musée n’est absolument pas accessible en fauteuil roulant, on ne peut même pas accéder à l’accueil. J’interpelle la réceptionniste qui me dit, très fière, que l’accessibilité est prévue pour dans 4 ans. Me voilà rassuré. Contenant ma déception je pars pour Océanopolis, le site composé d’aquariums géants qui est aussi un centre de culture scientifique consacré aux océans à la sortie de Brest. L’accessibilité est parfaite et le site fantastique, même si, comme d’habitude, tous les espaces sont noirs de monde. Je passe plusieurs heures à découvrir des espèces marines les plus diverses qui soient de la plus petite à la plus grande. Le soir-même je décide de dîner sur les quais et à ma grande surprise je ne trouve pas une table disponible alors que la veille ces mêmes quais étaient déserts. Je pars à l’aventure dans les hauteurs de la ville et je finis par trouver une petite crêperie typiquement bretonne comme on rêve d’en fréquenter une en visitant la Bretagne. Ma dernière soirée à Brest est donc une réussite. Le lendemain, je visite Landerneau situé à une demi-heure de voiture au bout du bras de mer. La ville est aussi typique que sympathique et ses petites rues, bien que pavées, n’ont pas entamé mon plaisir.
J’arrête ici mon récit pour conclure que la Bretagne et plus particulièrement le Finistère Sud est une région qui mérite vraiment le trajet. La majorité des villes et villages sont magnifiques, tout comme la campagne dont je n’ai pas parlé. Il y a encore des centaines de lieux qui méritent le détour et que je n’ai pas eu le temps de visiter car je n’ai pris que 10 jours. Les traces de l’histoire médiévale sont très présentes tout comme les vestiges de la Deuxième Guerre mondiale et ce sont donc de grands moments d’émotion auxquels il faut s’attendre. Voyager en fauteuil roulant n’est pas toujours aisé, aussi il vaut mieux anticiper, s’équiper d’un dispositif de traction électrique ou, mieux encore, voyager en couple ou entre amis si c’est possible. Il faut venir et revenir de nombreuses années pour affirmer connaître la Bretagne, une région qui vaut très largement la Côte d’Azur et vous donnera à vivre de l’authenticité.
Photo principale : Pornic.