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Ca plane pour lui…

Branly – Spot 2 – PC
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A 45 ans, Dominique Raze est élève-pilote. Le planeur, cet ancien motard devenu paraplégique à la suite d’un accident, l’a découvert en 2006 alors que le club de Compiègne (Oise) avait pour projet d’acheter un appareil adapté et cherchait des personnes intéressées par la découverte de cette activité sportive.

 

« J’ai effectué un vol d’initiation, raconte Dominique. Il s’agissait alors d’un projet informel qui a fini par se tourner vers le handisport. D’autres clubs en France avaient déjà franchi le pas, ce qui n’est pas très difficile d’un point de vue pratique, puisque la seule adaptation nécessaire consiste à rapporter les gouvernes de direction des pieds aux mains.

 

Le club le plus au nord

Les premières expériences avaient eu lieu dans les années 80, en Ecosse, où un club de planeur avait mis au point le système – appelé malonnier en référence au palonnier habituellement utilisé pour gouverner l’appareil – avec un fabricant allemand. Ce système, qui existait déjà depuis longtemps dans l’aviation, a ensuite fait des émules en Suisse et dans le sud de la France, du côté de Montpellier, mais aussi dans la vallée de la Durance ou le Verdon. « Il n’y avait encore rien au nord de Paris, poursuit Dominique. Nous sommes le club le plus au nord de la France (80km de Paris) à disposer d’un planeur adapté. » Le projet a mis deux à trois ans à aboutir et le planeur est arrivé en septembre 2008, co-financé par le club et différents partenaires comme le Conseil Régional, le Conseil général de l’Oise, la ville de Compiègne, Jeunesse et sport ainsi que le Comité handisport de l’Oise.





 

Des vols d’initiation

« Avec l’inscription à la Fédération Française Handisport qui est en cours, nous espérons être bientôt reconnu comme club Handisport à part entière. » Parallèlement, le club a adapté ses locaux et, depuis 2005, l’accès se fait de plain-pied et douches et toilettes sont accessibles. « On est allé plus loin que la simple adaptation du planeur… » poursuit Dominique. Chaque année, le club participe aux Journées Oise verte et bleue durant lesquelles il propose des vols d’initiation pour personnes handicapées. « Nous avons déjà reçu un certain nombre de candidats au baptême, certaines atteintes de handicap mental, mais, en dépit de notre désir d’ouvrir cette pratique aux personnes à mobilité réduite, n’avons pas encore trouvé de personne tentée par l’apprentissage du pilotage.*

 

Facilement accessible

D’un point de vue pratique, et en dehors de l’apprentissage du pilotage, le planeur a l’intérêt d’être facilement accessible aux personnes en fauteuil. Beaucoup plus bas qu’un avion, il est équipé de roues qui ne mesurent que quelques dizaines de centimètres et le rebord du cockpit ne dépasse guère le niveau de la poitrine d’une personne assise. De plus, on peut facilement faire « piquer du nez » l’appareil, et le pilote rentre dans le poste de pilotage comme dans une baignoire. « Ce n’est pas si difficile que cela pour un paraplégique, explique encore Dominique, guère plus que pour un valide… nous sommes même avantagés car nous avons l’habitude de compter sur la force de nos bras… »





 

A la force des bras

Facile en effet de faire basculer le corps du fauteuil vers le siège du planeur pour s’installer, mais qu’en est-il pour s’extraire de l’appareil ? « On est assis assez profondément, c’est vrai, répond Dominique, mais il faut pouvoir le faire pour être breveté. C’est un impératif, car on vole avec un parachute, et en cas d’incident, on doit éjecter la verrière et se dégager par ses propres moyens… le tableau de bord suit la verrière, et l’on a de la place pour agir, mais il faut évidemment avoir la force nécessaire dans les bras ! » Dans d’autres pays, la réglementation est moins exigeante et, en Ecosse par exemple, des personnes tétraplégiques peuvent voler bien plus tôt.

 

Premier vol solo

En France, on peut commencer à voler dès quinze ans et le nombre d’heures augmente en fonction de l’âge. «J’ai 45 ans et j’ai actuellement une vingtaine d’heures de vol. J’ai effectué mon premier vol solo en octobre 2009.» Les premiers vols s’effectuent en double, en présence de l’instructeur. Pour être « lâché », l’élève-pilote doit être autonome, du décollage à l’atterrissage en passant par le vol. C’est l’instructeur qui est seul juge : « le lâché en solo, ça se fait souvent par surprise. On part seul, le cœur bat et le stress augmente. Ca se passe sur le même appareil biplace, mais cette fois, on est seul à bord… » La formation continuera tant que le brevet n’est pas passé. Il faudra avoir déjà effectué dix vols en solo, dont un de plus d’une heure, pour prétendre postuler. D’un point de vue pratique, le brevet se compose de deux phases, théorique et pratique. Ensuite, le pilote breveté devra effectuer un certain nombre d’heures de vol par an et il fera l’objet d’un contrôle annuel à l’issue de la période hivernale durant laquelle la pratique s’arrête pour cause de conditions météorologiques.

 

A armes égales

« J’avais déjà pratiqué d’autres activités aériennes, explique Dominique, mais ni l’avion, ni l’ULM ne m’avaient donné autant de satisfaction ni apporté un tel sentiment d’autonomie. Avec le planeur, je bénéficie d’un engin qui gagne en autonomie  grâce aux éléments naturels. J’éprouve une grande jubilation quand une ascendance emporte mon planeur… en tant que paraplégique, c’est pour moi un réel gain d’autonomie par rapport à des sports comme le ski ou la natation… je suis dans un milieu où je me retrouve à armes égales avec les valides. Le vol à voile est d’ailleurs un sport où les valides ne sont pas si autonomes que ça, en tout cas, pas plus que nous, puisque nous sommes tous entourés d’une équipe pour la préparation de l’appareil ou le décollage… »

 

*Afin de développer l’activité Handisport, le club de Compiègne cherche des personnes handicapées intéressées par la pratique de l’activité et l’obtention du brevet de pilote…

 

Site internet (en gestation): http://www.planeurcompiegne.fr/. Vous y trouverez les informations de base sur le club.

Pour des infos supplémentaires sur l’activité en général vous pouvez aussi consulter le site de la fédération de vol à voile : http://ffvv.org/, dans la rubrique « découverte, devenir pilote », on y parle aussi de planeur et handicap.

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