MONTREAL (AFP) – Des enfants emmurés dans leurs corps à cause d’handicaps très lourds ont pu pour la première fois exprimer ce qu’ils ressentaient, grâce à la traduction de leurs signaux physiologiques en musique, réalisée par une chercheuse canadienne qui a présenté ses travaux vendredi. Volontaire dans le centre de rééducation pour enfants Holland Bloorview de Toronto, Stefanie Blain a étudié pendant plus de cinq ans le contact entre ces enfants lourdement handicapés et leurs parents. « Ils peuvent +lire+ leurs enfants par un minuscule mouvement de lèvres, ou parce que leur respiration a changé », a-t-elle raconté lors de la conférence TEDx « Design pour la santé » qui se tenait vendredi à Montréal.
En mesurant ces signaux physiologiques infimes, elle a réussi à montrer que Max, un adolescent de 15 ans qui n’a jamais manifesté le moindre signe d’attention, s’anime quand il voit passer son jouet préféré.
Même entièrement paralysé, le corps continue à réagir par sa température, la sueur, les battements du coeur et le rythme cardiaque, a-t-elle expliqué.
« Mais mes courbes et simulations en 3D ne parlaient à personne », se remémore cette docteur en ingénierie biomédicale de l’université de Toronto.
Musicienne, elle a écrit un programme informatique pour convertir ses mesures en sons.
« Cet autre enfant, qu’on croyait constamment endormi, a commencé à émettre une +chanson biologique+ quand les clowns sont arrivés dans sa chambre.
C’était la première fois que ses parents et les soignants réalisaient qu’il a conscience du monde qui l’entoure. »
Les sons produits par l’invention de la scientifique vont des notes graves et douces quand l’individu est calme, à des tonalités élevées et chantantes quand il pense à quelque chose de plaisant.
« Chaque +chanson+ est unique », souligne Stefanie Blain.
Elle espère publier ses résultats dans une revue scientifique d’ici un an environ, pour pouvoir ensuite mettre en oeuvre son programme dans d’autres hôpitaux. « Cela permettra aussi aux personnes incapables de parler à cause d’accidents d’exprimer ce qu’ils ressentent », conclut-elle.
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