Dans le cadre de la présentation des chiffres annuels de l’emploi des travailleurs handicapés par Cheops la fédération des Cap Emploi, nous avons interviewé son président Monsieur Jean-Pierre BENAZET.
Cheops qu’est-ce c’est ?
Cheops, Conseil national Handicap & Emploi des Organismes de Placement Spécialisés, est né en 2014, de la fusion des deux réseaux Unith et Ohé Prométhée, rejoints par des Cap emploi non affiliés. Cheops représente les Cap emploi auprès des pouvoirs publics, des décideurs économiques et des partenaires sociaux. Il est uniquement composé d’organisations à but non lucratif. Cheops à une délégation des pouvoirs publics pour représenter tous ses adhérents, ce qui représente un total de 2200 salariés. Cette représentation nationale est aussi dupliquée au niveau régional. Cheops et ses adhérents représentent l’outil opérationnel de la mise en œuvre de la politique de l’emploi, financé par l’Agefiph, le FIPHFP, et enfin pôle emploi avec lequel ils entretiennent un lien particulier. Nous sommes d’ailleurs sur un rapprochement avec Pôle Emploi qui offrira au demandeur un interlocuteur unique pour l’orienter en fonction de ses problématiques. Une approche que nous allons aussi proposer pour les entreprises. Il est clair que la logique parcours de la personne, comme celle de l’employeur, sont prioritaires. Les donneurs d’ordre politiques de CHEOPS sont, d’une part, le Ministère du travail, d’autre part le secrétariat d’État aux personnes handicapées, mais aussi la DGEFP (Direction de l’emploi et de la formation professionnelle).
Les 3 grandes missions de Cheops sont :
– De représenter les Cap emploi.
– De participer à la définition et la mise en œuvre des politiques d’accès à l’emploi, à la formation et au maintien dans l’emploi des personnes en situation de handicap.
– De professionnaliser les équipes et les acteurs de la gestion des ressources humaines pour l’emploi des personnes handicapées.
Qu’en est-il des chiffres 2018 ?
Tout d’abord, les principaux secteurs d’activité qui embauchent sont les suivants : la construction, l’agriculture, la sylviculture et la pêche, santé, administration et social, le commerce, l’industrie manufacturière. Malheureusement le taux de chômage des personnes en situation de handicap ne bouge presque pas et reste deux fois plus élevé que celui des personnes ordinaires. Pour passer à un autre niveau de réponse, il nous faudrait des moyens plus importants, or nous sommes au minimum dans un certain nombre de situations d’accompagnement. Pour être plus efficaces, il faudrait aussi que l’on nous définisse clairement le public dont nous avons la charge, car cette donnée a régulièrement changé entre ceux qui sont plus ou moins éloignés de l’emploi et pour qui les réponses sont très différentes. Mais pour parler chiffres il faut savoir que plus de 220 000 personnes sont accompagnées par les 98 Cap Emploi. Je parle ici d’accompagnement vers l’emploi et de maintien dans l’emploi (179 273 accompagnés vers l’emploi et 41840 dans le maintien dans l’emploi). Sur les placements on peut dire que plus de 84 000 personnes ont été placées, dont 81% dans le privé et 19% dans le public. Les nouveaux moyens pour l’évolution professionnelle dus à la nouvelle législation (2014) nous ont permis cette année de réaliser près de 80 000 conseils en évolution professionnelle.
Combien d’entreprises bénéficient des mesures d’accompagnement ?
Il y a environ 150 000 entrepreneurs qui font appel à nous. Les mesures les plus sollicitées sont l’aide à la définition de poste et l’accompagnement dans ce même poste. Ce qu’apprécie un employeur, c’est qu’en cas de difficulté il y ait un suivi assuré par nos services. Du côté du maintien, nous intervenons beaucoup sur la sécurisation du poste ou le possible transfert sur un autre poste avec d’éventuels aménagements.
Les entreprises font-elles confiance aux services de Cap Emploi ?
Nous avons mené des enquêtes de satisfaction qui montrent que les personnes et les employeurs ont globalement assez satisfaites. Les insatisfactions se situent surtout dans le sourcing quand les entreprises recherchent des bac+ 6 ou +7, que nous n’avons pas à proposer. Il faut bien savoir que le profil type du demandeur d’emploi inscrit à Cap emploi est le suivant : âgé de 40 à 49 ans, de formation CAP / BEP, qui n’a pas travaillé depuis au moins 24 mois et souffre d’un handicap moteur. Cela réduit sensiblement le niveau de réponse.
Aujourd’hui nous travaillons avec le MEDEF et la CPME pour tenter de mettre le plus possible en adéquation leurs demandes avec nos candidats.
Les entreprises recherchent-elle toujours autant de personnes en situation de handicap ?
Si on se situe à partir de la loi de 87, on constate tout le chemin parcouru. La politique handicap fonctionne de manière générale beaucoup mieux dans les entreprises. Dernièrement les Cap Emploi ont créé 6000 duos sur les 12 000 du Duoday. Quoi qu’il en soit la sensibilisation au handicap ne doit jamais s’arrêter, elle fait partie de la GPEC de l’entreprise. La notion actuelle d’inclusion est un outil qui peut nous permettre d’avancer sur le sujet. Pour les PME il faut savoir que Cap Emploi joue un rôle d’appui très important de même nature qu’un service RH externalisé.
Aujourd’hui le handicap psychologique est une donnée « nouvelle » avec laquelle les entreprises doivent conjuguer. Aujourd’hui nous arrivons à une étape où il faut repenser tout le dispositif.
Comment les entreprises réagissent-elles ?
Il y a eu au départ de mauvaises compréhensions, mais ça va plutôt dans le bon sens, tout dépend de la manière dont les entreprises vont s’accaparer ces nouveaux dispositifs. Il faut de toute manière débloquer le système, et la loi y participera. Bien évidemment, quand il s’agit de pénalités supplémentaires, les entreprises ne sont pas d’accord. On s’aperçoit que dès qu’une entreprise embauche une ou des personnes handicapées, cela fonctionne très bien malgré certaines situations complexes, qui ne sont pas que du ressort du handicap. Je ne sens plus de craintes de la part des entreprises. Quant à l’offre de service, la position de l’Agefiph qui se place de plus en plus comme un opérateur de service apporte une certaine confusion entre nos deux entités qu’il convient d’accompagner dans les meilleures dispositions. Nous nous sommes rapprochés de Pôle Emploi pour définir les modalités qui facilitent la vie du travailleur handicapé et de l’entreprise et cela n’est pas évident à faire passer. Au-delà de préserver un outil, si l’on se positionne pour le bien des personnes et des entreprises, la démarche de rapprochement avec Pôle Emploi est nécessaire, mais elle doit permettre la reconnaissance et la spécificité des Cap emploi.
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