Gros plan sur l’accessibilité de l’enseignement supérieur en Grande-Bretagne
Par Jean-Christophe Verro. En Grande-Bretagne, il n’y a pas de Grandes écoles à la française. Tout l’enseignement supérieur en Grande-Bretagne est assuré par les universités qui peuvent avoir chacune leurs spécialité ou pôle d’excellence. Par exemple la Medical School de l’université de Newcastle est l’une des meilleures écoles de médecine du pays.
L’accès à l’éducation et au handicap a été formalisé dès 1995 par le gouvernement britannique avec le Disability Discrimination Act (DDA). Cest le premier projet de loi qui s’est attaqué directement à la discrimination fondée sur le handicap dans l’éducation, l’emploi et l’accès aux services publics. La loi a été mise à jour au fur et à mesure des années et stipule que les fournisseurs de biens et de services, les employeurs et les prestataires de services d’éducation entreprennent trois tâches essentielles :
- Ne pas discriminer sur la base du handicap ;
2. Entreprendre une obligation d’anticipation, c’est-à-dire s’attendre à ce que les personnes handicapées souhaitent utiliser leurs biens ou services, chercher un emploi, etc. ;
3. Effectuer des ajustements raisonnables au besoin.
L’accès à l’éducation des personnes handicapées au Royaume-Uni est reconnu comme un droit.
Les prestataires de services d’éducation (publics et privés) ont le même devoir d’anticipation sur les ajustements à apporter à leur offre. Pour ce faire le gouvernement a mis en place des financements à la destination des professionnels de l’enseignement et des étudiants pour couvrir le coût de tout ajustement raisonnable important. Il s’agit notamment de la mise en accessibilité des bâtiments et de leur environnement, et du matériel d’apprentissage. Des fonds dédiés sont mis à la disposition des universités et de leurs étudiants. Pour ceux-ci, le financement prend la forme d’allocations pour étudiants handicapés. Les universités au Royaume-Uni ont ce même devoir en vertu de la loi sur l’égalité que tout autre fournisseur.
Les étudiants ont la possibilité de déclarer ou non leur handicap au cours de leur processus de candidature.
Ils peuvent également divulguer leur handicap à tout moment pendant leur scolarité à l’université. L’université doit alors s’assurer, en collaboration avec l’étudiant, que ses besoins en accessibilité sont satisfaits. À noter qu’en cas de non-divulgation, l’université n’étant pas informée d’un handicap, elle est exonérée de son devoir de fournir accessibilité et ajustement. Les universités sont conscientes que tous les étudiants ne choisissent pas de révéler un handicap. Il s’agit d’une préoccupation nationale car environ 40% des étudiants considérés comme handicapés choisissent de ne pas le signaler.
L’Université de Leeds veut être le plus inclusive possible, car cela améliore à la fois l’expérience des étudiants non handicapés, mais garantit également que ceux qui choisissent de ne pas divulguer leur handicap puissent toujours accéder à un soutien passif. Pour ce faire, elle met en place des processus qui encouragent de manière proactive les étudiants à parler des difficultés qu’ils pourraient rencontrer.
Le financement gouvernemental pour soutenir les étudiants se limite au soutien éducatif et pédagogique.
Cela signifie que les étudiants ne reçoivent ni fonds ni soutien pour l’aspect social de leur séjour à l’université. Cela peut entraîner des inquiétudes concernant l’isolement et l’inégalité. Cependant, en tant qu’organisme public, les universités ont la responsabilité de veiller à ce que toutes les activités fournies soient rendues accessibles, quand bien même les étudiants auraient du mal à trouver le soutien dont ils ont besoin pour accéder à ces installations.
Le gouvernement apporte actuellement des changements importants aux allocations pour étudiants handicapés, réduisant le niveau de financement mis à la disposition des étudiants et restreignant les types de soutien qui sont admissibles à un soutien. En réponse à cela, les universités s’attendent à fournir ce soutien non financé dans le cadre de l’obligation globale d’apporter des ajustements raisonnables. Ces activités comprennent un soutien tel que la prise de notes et l’assistance personnelle sur le campus, ce qui implique de soutenir certains étudiants sur de la mobilité non spécialisée dans l’université.
En termes de soutien, la législation et le financement déterminent que la majorité des ajustements raisonnables doivent répondre aux besoins individuels de l’élève. Cependant, des exemples de soutien peuvent inclure des preneurs de notes, des technologies d’assistance telles que les logiciels spécialisés, ainsi que l’accès au soutien personnel de tuteurs avec des stratégies spécialisés, de mentors, de guides d’orientation…
Enseignement supérieur en Grande-Bretagne : Un exemple de soutien aux personnes handicapées à Leeds
À l’université de Leeds, le Disability Service est une équipe de professionnels qui travaillent spécifiquement avec les étudiants pour les aider à identifier leurs besoins et les soutenir. Il comprend également une équipe dédiée qui fournit toute l’assistance personnelle décrite ci-dessus. Le service offert à Leeds est très similaire à de nombreux autres services de soutien aux personnes handicapées offerts dans de nombreuses autres universités britanniques.
En plus de l’équipe des services aux personnes handicapées, l’université de Leeds dispose également d’un service spécialisé de santé mentale et soutien psychologique, répondant aux besoins des étudiants.
Le Leeds Assessment Centre, lui, est un service social qui offre aux étudiants des aides pour demander les allocations aux étudiants handicapés.
Leeds accueille également un partenariat de collaboration entre l’Université et le RNIB, offrant des services de transcription pour les étudiants aveugles et malvoyants, afin de s’assurer qu’ils disposent de tout le matériel d’apprentissage dans des formats accessibles.
Si un étudiant cherche ou a besoin d’un soutien qui va au-delà des ajustements raisonnables ou modifie l’activité normale, il doit fournir à l’université des preuves médicales de son handicap. Le coût de ces preuves est à leur charge, mais dans le cas des étudiants dyslexiques, où le coût de la fourniture de preuves peut être important, l’Université de Leeds met à disposition des fonds pour aider les étudiants à couvrir ce coût, lorsqu’ils répondent aux critères de financement.
En vertu de la loi sur l’égalité, les universités doivent prendre les mêmes dispositions pour les étudiants européens et internationaux handicapés que les résidents britanniques.
Comme dans le cas de l’Université de Leeds, les universités britanniques ont mis de côté des fonds pour couvrir les frais de soutien aux étudiants européens et internationaux lorsqu’ils révèlent un handicap.