Avec Flora, la vie trouve un sens au quotidien

Flora est une adolescente de 17 ans pleine de vie. Elle soigne son physique, mais aussi son mental : c’est une très bonne élève qui a beaucoup d’ambition. Elle a du caractère et sait se faire entendre, bien que portée par la légèreté de l’adolescence. Été 2017, elle profite des vacances dans le Sud-Ouest avec la famille de sa meilleure amie.

L’accident qui casse et détruit des vies

Un matin, alors qu’elle circule avec celle-ci à bord de la voiture, conduite par le père de son amie, une autre voiture, qui roule à vive allure en sens inverse, les percute avec une incroyable violence à la sortie d’un virage. Son amie s’en sort sans trop de dommage, ce qui n’est pas le cas de Flora qui est héliportée en urgence à l’hôpital de Bordeaux, dans un état extrêmement grave. Sa vie est en sursis ! Elle reste 10 jours dans le coma et 3 mois en réanimation. Sa famille, ses amis sont effondrés.

Les premiers deuils

Sous traitement lourd et complètement perdue, il faudra plusieurs semaines pour réaliser ce qui lui est arrivé et la gravité de son état. «La première chose dont j’ai pris conscience, c’étaient les cicatrices et notamment l’énorme qui partait du thorax jusqu’au bas du ventre. Et je me suis dit que je n’aurai plus jamais le même ventre plat. Pour une adolescente telle que moi, c’est un aspect très important. Je vais garder cette cicatrice toute ma vie. C’est ce que j’ai eu le plus de mal à accepter. Les autres questions sont arrivées après».

Une prise de conscience douloureuse

Flora part ensuite dans un centre de rééducation et c’est là qu’elle prend conscience de sa paraplégie et des nombreuses conséquences de son accident. « Je voyais un fauteuil confort à côté de mon lit, je ne sentais plus mes pieds lorsque le kiné me les massait, je n’avais plus conscience de mon corps… Et je mettais tout ça sur le dos des traitements. Mais j’ai fini par comprendre que je ne serai plus jamais la jeune femme que j’étais. Ce fut très compliqué et j’ai ressenti énormément de colère. Je n’ai pas compris pourquoi moi, pourquoi ce jour-là, pourquoi je suis montée dans la voiture… »

Flora se voit alors poursuivre sa vie seule, condamnée à vivre chez ses parents le restant de ses jours. « Une vie de merde » selon ses mots.

Se reconstruire et se projeter

Avec l’amour de sa famille, la présence de ses amis Flora s’est accrochée, et après deux années de centre de rééducation elle a su rebondir. 

Il lui a fallu retourner à l’école avec sa nouvelle apparence, sa nouvelle vie, dans un établissement pas ou très peu accessible. Heureusement, la présence d’une AESH a grandement facilité les choses, dans un quotidien parfois très lourd et l’absence de prise en compte de son handicap par l’établissement. Sa motivation et ses ambitions souffriront de cette indifférence mais Flora finalisera son bac à distance avec encore beaucoup de difficultés.

À l’issue de son bac d’Art appliqués (STD2A), Flora s’est détournée de cette branche. C’est à ce moment-là de sa récente vie de personne handicapée qu’elle s’est dit « Tu as eu un accident, tu as vécu tout ça, quelle leçon tu peux en retirer pour avancer, comment tu peux t’aider, aider les autres et recevoir d’eux ? » C’est alors qu’elle a pris la direction du développement personnel pour s’aider elle-même mais aussi aider les autres. Son orientation naturelle à aider les autres l’amène à se former au coaching de vie. Après une année de formation, elle se pose alors la question de créer sa propre activité ou de contribuer dans une association. C’est le premier choix qui s’est imposé, car cela lui laissait la liberté de poursuivre à mi-temps tous les soins et la kinésithérapie dont elle fait encore l’objet.

De grandes ambitions et des rêves

Sa structure baptisée « inspiravie » a pour objet d’aider les personnes en situation de handicap, les personnes qui ont vécu un traumatisme et les aidants. Ces derniers sont pour Flora, encore trop mis de côté dans le parcours de soins de la personne malade. « Je l’ai ressenti de manière flagrante avec mes parents et ma sœur qui se sont épuisés à cause de ce que j’ai vécu et de mon parcours. Mon but c’est aussi de pouvoir sensibiliser autour de tout ça, autour de la sécurité routière, et de faire accepter le handicap dans la société. J’ai beaucoup de combats ! »

Elle précise « oui, il existe déjà beaucoup de choses en termes de sensibilisation, mais rien ne va vraiment au bout des choses. Il faut plus de concret et de retours d’expériences pour aboutir à une véritable prise de conscience. La présence des personnes qui ont été touchées dans leur chair me semble déterminante. »

Partager son expérience pour aider

Aujourd’hui, Flora assure déjà des sensibilisations sur la sécurité du patient auprès de l‘ADMR et le retour des participants est sans égal en comparaison avec les autres interventions de ce type réalisées par des professionnels. Une personne qui a vécu la situation aura toujours plus d’impact. « Ce que je veux démontrer c’est que le retour d’expérience sera toujours plus puissant. » Flora ambitionne de devenir prestataire de plusieurs sociétés, associations ou administrations pour sensibiliser le maximum de personnes.

Les rêves sont toujours là

Mais Flora rêve aussi de devenir conférencière et d’être un leader pour les personnes en situation de handicap afin de les aider et de les sauver. « Il y a encore trop de personnes qui restent au fond de leur lit en se disant que tout est terminé. Je veux leur dire, non ! Ce n’est pas terminé, il faut que tu te bouges. Et pour cela je veux transmettre ce que j’ai su mettre en œuvre pour m’en sortir. »

Un livre à venir

De son expérience et avec la complicité de son père, qui l’a suivi jour après jour dans son combat, et qui avait consigné dans des pages tout ce qu’il a vécu et ressenti en tant que père d’une enfant gravement accidentée et devenue handicapée. Flora va ainsi écrire un livre ! Avec ces notes, un travail de réflexion et de rédaction à deux, Flora souhaite rédiger sa biographie, en suivant le regard de son père.

La reconquête du corps et de l’autonomie

Flora qui ne manque décidément pas d’ambition, a un autre objectif dans la vie, celui de remarcher ! Impossible ? Et pourquoi pas, la lésion de sa moelle épinière n’étant pas totale. Depuis son accident, elle a déjà récupéré certaines capacités musculaires et elle se bat pour retrouver au maximum son autonomie hors du fauteuil roulant. Lors de la dernière « Course de héros » à Lyon, Flora a pu parcourir 500 mètres avec un déambulateur, un véritable exploit qui lui laisse imaginer le meilleur.

Une femme à suivre

À 23 ans, Flora est une jeune femme déterminée au caractère bien trempé, qui n’a pas fini de nous étonner et de nous inspirer. 

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