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Escrime handisport : Gaëtan Charlot concilie études et sport à haut niveau

Gaëtan Charlot lors de la Coupe du Monde d'escrime handisport de Sao Paulo qui a eu lieu fin mai 2019.
Branly – Spot 2 – PC
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Gaëtan Charlot, athlète en escrime handisport et basket fauteuil : « Le sport permet d’avoir un autre regard sur son physique »

Il concilie études supérieures et sport à haut niveau avec succès : Gaëtan Charlot, jeune homme souffrant de diplégie spastique, a d’ores et déjà remporté plusieurs titres en escrime handisport et en basket fauteuil. À travers son témoignage, il retrace son parcours et explique à quel point le sport tient une place importante dans sa vie.

Parlez-nous de vous.
J’ai 20 ans, je suis étudiant. Je pratique l’escrime et le basket. Je suis diplégique spastique depuis ma naissance, et je me déplace en fauteuil. Concrètement je souffre d’une malformation neurologique qui entraine une sorte de déconnexion musculaire de mes membres inférieurs qui m’empêchent de marcher, même si je peux me déplacer sur quelques mètres grâce à un médicament (Liorésal), tout en m’appuyant sur quelque chose.

J’ai obtenu mon bac en 2016, section S-SVT spécialité physique, avec la mention Très Bien. Actuellement, je fais mes études à l’INSA (3ème année), filière Sport Etude. En choisissant la filière Sport Etude, je prépare mon diplôme d’ingénieur en sept ans au lieu de cinq, car je souhaite mener à bien mon double projet : Ingénieur et sportif de haut niveau, avec en point de mire l’objectif de participer aux Jeux Paralympiques de Tokyo en 2020 et Paris 2024″. Je n’ai pas encore défini vers quel département d’études je m’orienterai après trois ans de tronc commun même si aujourd’hui, je suis très attiré par la physique. Je choisirai en temps voulu.





Racontez-nous votre parcours sportif : quelles ont été les étapes importantes jusqu’à aujourd’hui ?
Les premiers effets du handicap sont le repli sur soi et le manque de confiance, puisque comme on ne peut pas bouger comme les autres, on a tendance à se replier sur soi. Donc tout petit, jusqu’à l’âge de 7 ans, j’ai vécu dans un univers familial en étant surprotégé. Mais s’isoler n’est pas vivre et ce qui m’a permis d’être aujourd’hui ce que je suis, heureux de vivre, avec plein de projets en tête, je le dois aux études, au sport et en particulier à l’escrime.

J’ai découvert l’escrime par hasard à 7 ans, et petit à petit, grâce à ce sport d’opposition, d’assauts, de duels, d’analyse, j’ai pris confiance en moi. L’escrime a été un élément précurseur ; ça a été la première activité où j’ai pu me confronter aux autres et au monde valide, où je me suis rendu compte qu’à égalité, assis dans un fauteuil, je pouvais faire face aux situations et jouer d’égal à égal. Ça m’a libéré… Par la suite, j’ai enchainé les activités, et essayé à peu près tout ce qu’une personne en situation de handicap est capable de réaliser : basket, ping-pong, ski, fauteuil tout terrain, handi-wake, canoé, kayak, jet ski, quad, tir à l’arc… J’ai continué l’escrime et le basket.

En fait, la limite est la même que pour une personne valide, c’est le manque de temps.

En 2015, à l’âge de 16 ans, j’ai disputé mes premières compétitions nationales séniors en escrime handisport et me suis qualifié pour les championnats de France, où à la surprise générale, j’ai atteint les quarts de finale, éliminé par le futur champion de France.
En 2016, je suis devenu vice-champion de France sénior. Cette performance m’a permis d’être inscrit sur la liste ministérielle des sportifs de haut niveau.
En 2017, j’ai terminé 1er au classement national des épéistes français et j’ai remporté ma première grande compétition nationale à Mâcon ; j’ai également remporté, avec mon club, le Masque de Fer, la coupe de France par équipe en épée.





J’ai alors disputé mes premières coupes du monde aux Pays Bas et en Pologne. Je suis parvenu les deux fois – malgré des tours de poule difficiles – à me qualifier en tableau en réalisant des exploits contre des tireurs classés dans les 30 meilleurs mondiaux.

En 2018, j’ai remporté deux grandes compétitions nationales, à Tournon en mars, et à Bordeaux en juin, et j’ai terminé 2e au classement national des épéistes français. J’ai également remporté avec l’équipe de France la médaille d’argent de l’épreuve par équipe de coupe du monde de Montréal, épreuve dont je termine 7e au classement individuel. J’ai ensuite terminé 9e au championnat d’Europe Séniors.

En ce début d’année 2019, je termine 2e et 3e sur les deux premières épreuves nationales et je suis éliminé en 1/16ème à l’épreuve de coupe du monde de Sharjah. Je termine 9e au championnat du monde U23.

Au 31 mars 2019, je suis 28e au classement IWAS des meilleurs épéistes mondiaux malgré deux seules années d’expérience internationale (6ème en U23) et second au classement national séniors.

Que représente le sport pour vous aujourd’hui ?
Le sport est un élément primordial et une nécessité dans ma vie. Faire du sport, quelle que soit la discipline, permet de gagner en confiance. En effet, le premier bienfait, outre des raisons de santé, est le fait de se sentir mieux dans son corps : le sport permet d’avoir un autre regard sur son physique qui, par définition, pose problème. Le sport suscite des émotions diverses : joie, frustration, tristesse (la vie quoi !).

Ensuite, le handisport permet d’affronter les valides dans des conditions d’égal à égal, ce qui atténue notre sentiment d’infériorité. De plus, vis-à-vis des autres, nous ne sommes plus jugés comme des personnes handicapées, mais avant tout comme des sportifs émérites. Ainsi, le regard des autres change. Dernier avantage, incontestablement le sport est un vecteur social, permettant de se rapprocher des valides et de sortir de l’isolement.

Quels sont vos projets et objectifs à présent ?
Mon objectif pour les années qui viennent (2019-2021) est de continuer à progresser pour me rapprocher du plus haut niveau mondial et si possible intégrer le Top 10 mondial.

Sur le plan national : je souhaite remporter une nouvelle épreuve et terminer chaque saison dans les trois premiers au classement séniors élite.

Au niveau international : mon objectif est de me qualifier pour le prochain Championnat du Monde d’escrime handisport qui aura lieu en Septembre 2019 et d’atteindre les 1/8ème de finale lors des différentes épreuves de coupe du monde que je vais disputer. J’ai aussi pour objectif de me qualifier pour les 1/2 finales du Championnat du Monde des moins de 23 ans en 2020.

Sur le plan scolaire : Il est essentiel pour moi de passer en 4e année d’école d’ingénieurs ; c’est très important pour mon équilibre psychologique qui me permettra d’aborder mes compétitions, l’esprit serein et détendu avec juste une bonne pression positive.

C’est l’ambition qui me porte dans mes projets. Sans cette envie d’aller toujours plus loin et de me fixer des objectifs toujours plus hauts, je stagne.

Je mets cette année tous les atouts de mon côté pour progresser physiquement (je continue le basket mais en loisirs désormais, j’intensifie la musculation et le gainage). De gros progrès sont encore à réaliser pour espérer être sélectionné aux jeux de Paris en 2024. Les qualifications pour Tokyo doivent me permettre de continuer de monter dans la hiérarchie mondiale.

En photo : Gaëtan Charlot lors de la coupe du monde d’escrime handisport de Sao Paulo fin mai 2019.

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