Avec pas moins de huit publications dans des revues scientifiques internationales majeures en quelques semaines, les équipes de recherche de l’Institut de Myologie démontrent leur rôle moteur dans la progression des connaissances et la lutte contre les maladies neuromusculaires. Fruits d’années de travail et d’investissements rendus possible grâce aux dons du Téléthon, certains de ces résultats contribuent à une meilleure compréhension des maladies, d’autres proposent des outils de recherche innovants, préparent les essais cliniques futurs. Tour d’horizon en bref de ces huit publications d’importance.
L’inhibition de la myostatine n’affecte pas les cellules souches des muscles L’équipe de Helge Amthor (UMRS 974) en collaboration avec des équipes anglaises et américaines, vient de démontrer que, contrairement à ce que l’on croyait jusqu’alors, l’inhibition de la myostatine (un facteur qui limite normalement la croissance des muscles) n’a pas de conséquence néfaste sur les
cellules satellites (cellules indispensables à la réparation des muscles lésés). Ces résultats éclairent
d’un jour nouveau les pistes thérapeutiques impliquant le blocage de la myostatine.
▪ La moelle épinière enfin à portée de thérapie génique
L’un des défis majeurs de la thérapie génique pour les maladies affectant le système nerveux réside dans l’apport du gène thérapeutique jusqu’aux motoneurones et à la moelle épinière. Grâce aux travaux de Martine Barkats et de ses collègues de l’équipe « Biothérapie des maladies du système neuromusculaire », cet obstacle est en passe d’être surmonté. Ces chercheurs viennent de montrer chez des animaux adultes qu’un vecteur de type AAV, en l’occurrence AAV9, est capable de transduire le système nerveux central, probablement en partie par
le franchissement de la barrière hémato-encéphalique qui isole le système nerveux central – cerveau et moelle épinière – de la circulation sanguine de souris adulte. De plus, et en collaboration avec l’U649 de l’INSERM dirigée par Philippe Moullier à Nantes et l’Ecole Vétérinaire de Nantes, ces chercheurs ont montré que cette méthodologie était applicable au gros animal, le chat modèle d’amyotrophie spinale.
▪ Syndrome de Hurler : évaluation chez les primates de la biodistribution de vecteurs
pressentis pour un traitement de thérapie génique.
Les résultats d’une étude menée par l’U649 de l’INSERM dirigée par Philippe Moullier à Nantes, et l’Ecole Vétérinaire de Nantes, en collaboration avec Martine Barkats (UMRS 974) de l’équipe « Biothérapie des maladies du système neuromusculaire », indiquent que trois vecteurs évalués se sont distribués de manière équivalente dans le cerveau et la moelle épinière de primate, deux d’entre eux pouvant se révéler plus efficaces.
Vers une meilleure compréhension des maladies
▪ Maladie de Steinert : vieillissement prématuré des cellules satellites
Denis Furling (UMRS 974) et ses collègues de l’équipe Remodelage, Régénération et Thérapie
Cellulaire du muscle strié ont mis en évidence l’implication des cellules satellites dans la dystrophie
myotonique de type 1. Ils ont découvert que, chez les malades, ces cellules sont victimes d’un
vieillissement prématuré qui pourrait contribuer à l’atrophie progressive des muscles des malades.
▪ La jonction neuromusculaire mise en cause dans la dystrophie musculaire d’Emery-Dreifuss autosomique dominante.
L’équipe de Génétique et physiopathologie des maladies neuromusculaires dirigée par Gisèle Bonne (UMRS 974), en étroite collaboration avec l’équipe américaine de Tom Misteli (NIH, Washington) et notamment avec Alexandre Méjat, vient de démontrer chez deux modèles murins de la maladie, que des défauts de la jonction neuromusculaire font partie des mécanismes conduisant à l’apparition de cette myopathie.
Des outils pour la recherche
▪ Une source inépuisable de cellules souches musculaires au secours des chercheurs
L’équipe Remodelage, régénération et thérapie cellulaire du muscle strié a mis au point, en
collaboration avec l’équipe « Biothérapie des maladies du système neuromusculaire » dirigée par Luis Garcia (UMRS 974), une technique permettant de disposer d’une source quasi inépuisable de cellules musculaires afin de valider des stratégies thérapeutiques pour les maladies neuromusculaires.
▪ Une nouvelle méthode pour produire du tissu cardiaque
Jusqu’à présent, l’obtention de tissu cardiaque nécessitait l’utilisation de produits issus de tumeurs ce qui rendait inenvisageable leur utilisation chez l’Homme. Catherine Coirault et ses collègues de l’équipe Génétique et physiopathologie des maladies neuromusculaires (UMRS 974) viennent de mettre au point une méthode qui évite l’utilisation de ces produits toxiques et pourrait être adaptée, à terme, au muscle squelettique.
Mieux connaître l’Institut de Myologie en quelques mots :
Créé en 1996 par l’Association Française contre les Myopathies (AFM), grâce aux dons du Téléthon, l’Institut de Myologie (IDM) est un centre international d’expertise sur le muscle et ses maladies situé à la Pitié-Salpêtrière. Il a pour originalité de rassembler, sur un même lieu, des activités complémentaires, en partenariat étroit avec l’Inserm, l’AP-HP, l’UPMC (Université Pierre et Marie Curie) et le CNRS : soins, recherche, enseignement et activités associatives pour comprendre le muscle, son fonctionnement, ses pathologies, son vieillissement et mieux le soigner. Il rassemble près de 250 chercheurs, médecins, étudiants et personnel associé, sur plus de 5000 m2 de laboratoires. Vingt-deux protocoles cliniques y sont en cours. Le soutien global de l’AFM à l’IDM s’est élevé à près de 7 M€ en 2008.
Pour plus d’info : www.institut-myologie.org
▪ Un modèle murin de la polymyosite confirme l’intérêt thérapeutique des Treg
Les travaux de l’équipe Remodelage, régénération et thérapie cellulaire du muscle strié dirigée par Gillian Butler-Browne (UMRS 974 & UMRS 787) ont permis aux équipes des Pr Olivier Benveniste et David Klatzman (Pitié-Salpêtrière) de développer des souris « modèles » de la polymyosite et de tester une nouvelle approche thérapeutique. Ils ont confirmé le potentiel thérapeutique des lymphocytes régulateurs (Treg). De nouvelles perspectives thérapeutiques