« La mouvance sectaire investit largement le champ de la santé », et notamment celui de la psychothérapie. C’est le cri d’alerte que lance la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) dans son rapport publié mardi dernier. En effet, la Mission aurait reçu ces derniers mois des « témoignages inquiétants sur deux types de déviance »: « la nouvelle médecine germanique » et « la falsification de la mémoire retrouvée ». Son président Georges Fenech indique que le ministère de la Santé va recenser et évaluer « toutes les pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique ».
« Aujourd’hui, les psychothérapies sont au coeur de nos préoccupations car l’offre de soins explose », souligne-t-il dans un entretien au « Figaro ». « Les gens qui souhaitent se tourner vers un psychothérapeute ne savent pas comment faire le bon choix ». Selon le rapport, seuls 50 à 65% des praticiens ont reçu une formation reconnue par l’Etat: doctorat de médecine, master en psychologie clinique ou formation de psychanalyste (encadrée par la profession). Les autres, 25 à 30%, se réclament de « disciplines diverses » et ont des « parcours de formation hétérogènes ». Or les instituts, universités et facultés libres disant former à la psychothérapie « ne sont l’objet d’aucun contrôle de l’autorité publique sur la conception des programmes », remarque la Miviludes. « Aucune garantie n’est donc donnée sur la qualité des formations ni sur la valeur des diplômes délivrés, dont aucun d’ailleurs, quelle que soit la méthode psychothérapeutique enseignée, n’est aujourd’hui reconnu par les pouvoirs publics ».
Falsification de mémoire enfouie
« Même si la majorité des psychothérapeutes exercent leur art de manière satisfaisante », un tel contexte est favorable aux dérives, note le rapport. « Au cours des derniers mois, la mission a plus particulièrement été alertée par des témoignages inquiétants sur deux types de déviances dans le champ de la santé ». La première, la « nouvelle médecine germanique », inspirée par le Dr Ryke Geerd Hamer, « développe la thèse que toute maladie et en particulier les cancers naissent de graves conflits psychologiques non résolus (…) enfouis dans l’inconscient du malade. Le décryptage de ce conflit conduit à la guérison ». Les praticiens qui l’appliquent disent en général que leurs méthodes se réfèrent à « la psycho-généalogie, l’hypnose, la sophrologie, les constellations familiales, la kinésiologie, le rebirth ». La seconde déviance repose sur la « falsification de la mémoire enfouie ». Le « psychothérapeute » diagnostique systématiquement « des maltraitances ou agressions sexuelles commises sur le client au cours de son enfance, dans un cadre intrafamilial. Il suggère en outre au client d’en « tirer toutes les conséquences », autrement dit de rompre avec sa famille. « Il ne s’agit nullement de suspecter toutes les médecines douces. Mais on sait qu’elles attirent des charlatans », souligne Georges Fenech, en précisant que le ministère de la Santé va recenser et évaluer « toutes les pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique ». « Les premiers résultats de ce travail seront consultables sur Internet en 2010 », indique le président de la Miviludes, selon qui une loi pourrait être alors adoptée afin d’interdire certaines pratiques.