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« Lorsqu’un texte rencontre une mélodie, il se passe quelque chose de magique »

Branly – Spot 2 – PC
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Un artiste engagé. Un homme passionné. Un musicien. Un papa. Une voix qui raconte. Une musique entraînante, douce et subtile, bercée par le son d’une guitare ou parfois d’un harmonica. Des textes qui touchent aux points sensibles, tantôt légers, amusants, ironiques, tantôt rêveurs, nostalgiques ou graves. De l’émotion à l’état brut, tout en délicatesse. Rencontre avec Olivier Ducruix, auteur, compositeur, et interprète lyonnais, qui sortira bientôt son troisième album.

 

Pouvez-vous nous raconter votre parcours d’artiste ?

 

Aussi loin que je me souvienne, depuis tout petit, j’ai toujours été très attiré par la musique en général et par la chanson. Lorsqu’un texte rencontre une mélodie, il se passe quelque chose de magique. La musique a d’abord été pour moi une découverte. J’ai commencé par écouter Brassens, Brel, Ferré, Renaud, Cabrel… Puis du rock avec les Beatles, Bob Dylan, Téléphone… C’est à l’adolescence que j’ai débuté réellement la musique en prenant mes premiers cours de guitare. Je m’y suis mis à fond et c’est alors que je me suis surpris moi-même à écrire des chansons ! Je jouais de la guitare en chantant Brassens et sans m’en rendre compte je me suis mis à écrire et à trouver des accords. À ce stade, ces créations restaient personnelles. J’ai ensuite commencé à jouer et à monter sur scène avec un groupe d’amis en faisant des reprises, et ce pendant environ quinze ans. Puis, vers l’âge de 30 ans, j’ai pris conscience que ce que j’avais vraiment au fond de moi c’était l’écriture. Alors je me suis mis à écrire et à composer, en proposant à d’autres chanteurs d’interpréter mes chansons, sans oser moi-même les chanter. Puis j’ai ressenti une certaine frustration… C’est ainsi qu’à partir de 2004 j’ai commencé à interpréter moi-même mes chansons. J’ai également pris des cours à l’École Nationale de Musique de Villeurbanne, pour apprendre à composer des morceaux et à créer des mélodies. Dans le même temps j’ai rejoint le groupe Océo, avec qui j’ai donné des concerts dans tous types de lieux et auprès de publics très variés, et notamment des concerts de solidarité (Téléthon, Croix-Rouge, Retina France, médiathèques, bars…). En 2007, j’ai produit et enregistré avec les musiciens du groupe Océo un premier album composé de 12 chansons et intitulé « Rendez-vous ».





Les choses se sont ensuite accélérées avec deux événements. J’ai été désigné lauréat de la Fondation d’Entreprise de la Banque Populaire, en tant qu’artiste, et pour mon engagement en faveur de l’intégration des personne en situation de handicap et l’accessibilité. D’autre part le Label Z Production m’a contacté pour me proposer d’enregistrer un album en solo. Ce qui a donné naissance à « La Joconde Blonde », album de 12 chansons sorti en 2011. À présent, je suis sur le point de sortir un nouvel album solo, qui s’intitulera : « La lune boit » et devrait voir le jour le 30 mai 2015.

 

Parlez-nous de ce nouvel album.

Pour moi, il est un peu comme un nouveau départ, car je me sens prêt à m’investir encore plus qu’avant dans la musique et j’ai trouvé ma place. Cet album a été réalisé en partie avec mon guitariste Patrice Rodriguez. Il s’inscrit dans la continuité des deux autres, avec des textes portant sur des thèmes variés qui correspondent à ce que je ressens chaque jour… mais avec une évolution de mon écriture. Les textes sont plus courts et vont à l’essentiel toujours dans un esprit de sincérité, de ressenti et de spontanéité. L’écriture me vient sans que j’aie à l’attendre. L’amour, les femmes, la voile, la vie, la société… J’aborde ces thèmes qui me touchent afin de les partager et d’essayer de toucher les gens à mon tour. Dans la chanson « Petit bonhomme », je parle de la naissance de mon fils et du malaise de la société. J’évoque la voile (mon autre passion) dans les chansons « Et tu gîtes » et « La lune boit »… et la joie de faire de la musique dans le morceau « Chanter ». Sur le plan musical, je me rapproche d’un style folk et pop rock, et d’un son « studio live » pour un rendu final qui soit le plus naturel possible, sans artifices, un peu vintage et années 70… Dans cette optique nous nous sommes limités à trois prises maximum par chanson.





 

Aujourd’hui les enregistrements studio de l’album sont terminés mais il nous reste encore à finaliser la conception de la pochette (avec notamment une gravure en braille), le pressage (duplication de l’album en 3000 à 6000 exemplaires) et la promotion. Pour boucler le budget nécessaire, une campagne de Crowfunding est lancée sur le site Kiss kiss bank bank avec un objectif de départ de 3700 euros. Chaque internaute qui nous apportera son aide pourra choisir de recevoir une contrepartie : titres au format numérique, nouvel album, anciens albums, invitations aux concerts de sortie de l’album dans la région lyonnaise, rencontres, concerts privés, cours de guitare… Pour participer rendez-vous sur : www.kisskissbankbank.com/nouvel-album-d-olivier-ducruix

 

 

Pouvez-vous nous parler de votre handicap ?

Je suis malvoyant depuis tout petit, étant atteint de la maladie de Stargardt, maladie génétique évolutive qui entraîne une altération progressive de la rétine, avec des symptômes identiques à ceux de la DMLA. Lorsque j’étais enfant, je pouvais quand même lire et me déplacer. Je peux toujours me déplacer aujourd’hui bien que j’ai récemment passé le cap de la canne blanche.

Le handicap est une chose. Ce n’est jamais un avantage, mais cela peut être une force. L’évolution du handicap est elle aussi compliquée, car il faut d’une part accepter le handicap, et d’autre part accepter que la situation se dégrade. Mais c’est aussi pour cela que c’est une force… Le handicap donne une capacité de philosophie sur la vie. Je pense que pour vivre heureux et faire des choses il faut accepter.

De plus, le handicap, il faut en parler, tout comme l’accessibilité. Lorsque qu’on est en situation de handicap, on est en droit d’attendre que ce handicap ne soit pas amplifié par une mauvaise prise en compte dans notre société. Je veux contribuer à sensibiliser le public sur ce plan-là, car si l’on devait faire tout ce qu’il est possible de faire pour rendre la cité plus accessible, le handicap en lui-même poserait beaucoup moins de problèmes.

 

Une chanson s’intitule « Donne-moi des yeux » dans votre tout premier album avec le groupe Océo… mais globalement vous n’abordez pas beaucoup le sujet du handicap dans vos textes. Est-ce aussi une manière de sensibiliser, en montrant que le handicap pas au centre de votre vie ?

 

En effet. Le handicap, c’est bien d’en parler, de l’assumer, de ne pas le cacher, et de dire comment on le vit. Mais ça ne peut pas être le thème central de mes chansons car je veux y évoquer bien plus : la vie, la passion, l’amour…

 

Aujourd’hui, que représente la musique pour vous ?

 

La musique représente énormément dans ma vie. C’est toujours et plus que jamais une passion, une envie et un plaisir énorme. Je m’organise en ce moment pour pouvoir y consacrer un maximum de temps. Aujourd’hui j’ai un peu l’impression de récolter les fruits de tout ce qu’on a fait auparavant, et je me sens prêt à m’investir encore plus. La musique est aussi un vrai bol d’air. Autant que l’écriture d’ailleurs. Écrire c’est magique, je suis fier de créer quelque chose que je vais ensuite pouvoir partager. À chaque fois que je crée une chanson ou un album, c’est comme une naissance.

 

Parallèlement à votre passion pour la musique, vous êtes également ingénieur en informatique… N’est-ce pas trop compliqué de concilier ces deux activités ?

 

Oui et non. Effectivement, depuis ma sortie de l’école d’ingénieurs, je travaille au sein de l’entreprise Orange, où je suis responsable d’un centre de compétences en accessibilité numérique. Mon travail consiste notamment à sensibiliser et accompagner en interne les responsables informatiques sur la question de l’accessibilité. Un thème qui m’est cher. Cette activité professionnelle est prenante, mais comme je travaille à temps partiel cela me laisse tout de même du temps à consacrer à la musique, même si cela mériterait aussi un plein temps ! Je m’organise en alternant des phases plus ou moins actives dans la musique, avec certaines où je m’investis plus dans la création d’albums, d’autres plus dans les concerts ou dans mon activité associative.

 

Justement, vous faîtes de la musique par passion mais aussi dans une démarche de sensibilisation…

Tout à fait. À travers la création de chansons, je souhaite toucher les gens et montrer que dans cette morosité ambiante, même avec un handicap, on peut faire beaucoup de choses, avoir des passions, s’organiser pour les vivre et obtenir des résultats. Je veux montrer que même avec un handicap on peut faire comme les autres du moment que la motivation est là.

Lorsqu’on fait de la musique, on communique à travers l’expression artistique en produisant des chansons, mais on peut aussi parler avant et après les chansons, en particulier lors des spectacles. La rencontre du public est un tremplin pour la sensibilisation.

Dans la chanson «Donne-moi des yeux », j’évoque ma maladie tout en portant l’espoir qu’un jour il y aura peut-être une thérapie grâce aux recherches en cours. En parallèle, je m’investis au sein de l’association MBJ Chansons.

 

Pouvez-vous nous présenter cette association ?

J’ai créé MBJ Chansons en 2004 lorsque j’ai commencé à interpréter mes chansons, pour avoir un cadre. Mais je voulais que cette association ait une vocation plus large et puisse aider des personnes handicapées. Ainsi, MBJ chansons a désormais un double rôle : permettre la réalisation de concerts par des artistes handicapés tout en leur apportant un soutien, et organiser des événements de sensibilisation aux thèmes du handicap et de l’accessibilité.

Sur la période 2013-2014 nous avons apporté notre soutien à deux artistes :

– Raphaël Maillot, un jeune accordéoniste âgé de 15 ans, qui avait besoin d’une aide financière pour pouvoir participer à une master class d’accordéon en Italie (À découvrir sur: www.raphaelmaillot.com;

– Xavier Mérand, un artiste auteur, compositeur et interprète de chanson française avec qui nous travaillons sur la visibilité, l’échange d’informations et l’organisation de concerts.

En parallèle, nous organisons régulièrement des « AccessiConcerts », spectacles dédiés à la sensibilisation. Dans ce cas, nous intervenons sur un événement (par exemple Le mois de l’accessibilité à Grenoble) ou au sein d’une entreprise, et nous proposons des concerts, conférences ou autres activités ludiques, le but étant de mêler culture, rencontre et sensibilisation.

 

Quelque chose à ajouter ?

C’est que du bonheur d’avoir cette chance d’écrire et de partager mes chansons avec mes arrangeurs, producteurs, musiciens et avec le public.

 

Plus d’infos sur : www.olivierducruix.com

 

Propos recueillis par Caroline Madeuf

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