SNCF recrute beaucoup mais elle assure aussi de nombreux dispositifs de maintien dans l’emploi. C’est ce dont Monsieur Quatela a pu bénéficier à la suite d’un accident du travail. Aujourd’hui, sa situation dans un nouveau poste peut être qualifiée de totale réussite. Il nous raconte son histoire. Mais dans un premier temps, c’est Madame Capirchia, correspondante mission handicap et emploi à SNCF Réseau qui nous parle de sa mission et de son rôle dans cette réussite.
Madame Capirchia, quelle est votre fonction ?
Je travaille pour SNCF Réseau mission handicap & emploi. Je suis correspondante mission handicap et emploi pour les territoires PACA Languedoc Roussillon et Limousin. Je travaille à 100 % de mon temps sur cette fonction comme tous les correspondants handicap d’EPIC Réseau.
Comment se déclinent vos fonctions ?
Le correspondant est chargé de décliner la politique handicap de SNCF au plus près des établissements et des agents. Cela passe par des actions de communication, par des rencontres avec la ligne managériale, avec les CHSCT, avec les agents concernés ou qui souhaitent simplement avoir des informations sur la politique handicap menée par l’entreprise.
Il apporte une aide aux opérations de recrutement et assure également les relations avec des organismes extérieurs spécialisés (CAP EMPLOI, CRP, Universités, etc.)
Est-ce que cela se passe naturellement ?
Depuis 1992 la SNCF mène une politique active en matière de handicap, que ce soit pour l’embauche ou le maintien dans l’emploi. Nous en sommes à notre 7ème accord d’entreprise en faveur des personnes en situation de handicap depuis cette date. L’accord actuel est le 1er du GPF (Groupe Public Ferroviaire). Cette politique volontariste fait avancer les choses. Nous mettons l’accent sur l’image du handicap, qui peut être une situation temporaire ou récurrente, et peut toucher tout un chacun dans sa vie professionnelle. Ce qui est d’autant plus vrai avec l’allongement de la durée de travail.
Êtes-vous amenée à faire régulièrement des aménagements de poste ?
Oui et de tous types. Cela passe par des petits aménagements allant d’un clavier à une souris ergonomique, en passant par le transport domicile-travail ou un aménagement de poste beaucoup plus conséquent, qui consiste à réaménager tout un local pour l’accueil d’une personne en fauteuil roulant. La mission handicap finance tout ou partie des aménagements, selon le type de dépenses un co-financement est nécessaire entre l’établissement et la mission handicap.
Concernant M. Quatela, travaillait-il à SNCF avant son accident ?
Oui, Monsieur Quatela était déjà dans l’entreprise et dans le même établissement qu’aujourd’hui. Il était électricien. Il a eu un accident du travail, dont les séquelles lui ont interdit la poursuite de son métier. Nous avons dû procéder à un reclassement. Monsieur Quatela est resté dans son établissement d’attache mais il a dû faire le deuil de son ancien métier. Il a fait face à l’appréhension d’aborder un nouveau métier et au fait de passer d’un travail en 3 x 8 principalement extérieur à un travail de bureau en journée. Son nouveau travail est en lien avec celui qu’il occupait par le passé, aujourd’hui il est dessinateur DAO (Dessin Assisté par Ordinateur). II a suivi pour cela une formation à la suite de sa reprise de travail. Sa principale tâche consiste à réaliser des schémas électriques. Il prépare également le planning d’intervention des équipes qui sont sur le terrain.
Comment son retour a-t-il été vécu en interne ?
Cela s’est fait de manière tout à fait naturelle et sa réinsertion est véritablement réussie. Monsieur Quatela a su faire les efforts nécessaires pour se former et revenir dans l’entreprise. Il est motivé, il est impliqué et bénéficie de la considération de sa hiérarchie. Si ce reclassement est réussi, c’est grâce à l’ensemble du collectif de travail : RRH, Médecin du travail, dirigeant de proximité, correspondant handicap, le CHSCT, l’assistance sociale… nous pensons que son projet professionnel est solide. Nous faisons tout ce qui est nécessaire pour offrir à l’agent les moyens de rester durablement dans l’entreprise. Monsieur Quatela a trouvé tous les éléments utiles pour son bien-être au travail, ce qui le rend confiant pour son avenir professionnel.
Monsieur Quatela, l’agent SNCF maintenu dans l’emploi
Monsieur Quatela, quel est votre cursus ?
Je suis arrivé à la SNCF en qualité d’électricien en avril 1993, à Lyon, puis je suis allé à Marseille. J’y ai changé une nouvelle fois de poste toujours sur Marseille. Au mois de mai 2012, j’ai eu mon accident et où tout a basculé.
Quel type d’accident avez-vous subi ?
Avec mon équipe nous refaisions une clôture autour d’un site électrique lorsqu’un mât en acier de 2.5 mètres de haut, mal scellé dans le béton, m’est tombé dessus de manière tellement soudaine que je n’ai pas eu le temps de réagir. Le béton trop ancien a cédé sans prévenir. J’ai ensuite fait deux mois d’hôpital à cause de deux fractures importantes, dont l’une ma laissé des séquelles au niveau du poignet gauche. Au retrait du plâtre j’ai aussi fait une algodystrophie. C’est une maladie osseuse qui s’est caractérisée chez moi par une décalcification importante de l’avant bras gauche.
Sur combien de mois votre reprise s’est-elle étalée ?
Sur un an et demi au cours desquels j’ai fait beaucoup de soins, de kiné, de suivi psychologique car je culpabilisais et j’étais devenu très craintif. Il y a eu aussi dans cette période le médecin du travail. Le moral est revenu mais j’ai toujours des problèmes avec mon bras gauche. À l’issue de cela, j’ai rencontré Madame Carpichia. Je voulais conserver mon métier mais à un poste différent. Mon chef d’établissement voulait me garder. J’habitais à Arles, j’ai dû descendre à Marseille pour travailler, et actuellement je travaille dans un bureau technique.
Comment ce reclassement s’est-il déroulé ?
Il m’a fallu passer par la MDPH pour obtenir une RQTH (reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé) qui me donnait droit à une reconnaissance d’aménagement de poste. L’assistante sociale et Madame Carpichia m’ont beaucoup aidé au cours de cette période. J’ai un bureau, un fauteuil, un repose-poignet, une table à hauteur variable qui me permet de travailler debout, et bien sûr tous les accessoires de bureau nécessaires. Tout s’est rapidement mis en place à partir du moment où j’ai eu ma reconnaissance de travailleur handicapé.
Le choix de votre nouveau métier, comment s’est-il fait ?
Je n’ai pas eu à réfléchir longtemps car la seule possibilité pour rester dans l’établissement et continuer dans le même domaine c’était le bureau technique.
Comment l’accueil dans ce nouveau service s’est-il passé ?
Tout s’est très bien passé, je ne pouvais pas espérer mieux et mon nouveau métier me plaît vraiment beaucoup. Il m’offre aussi des perspectives intéressantes. Ce que j’apprécie par dessus tout c’est d’avoir pu rester dans la même unité et de partager mon savoir sur les installations de traction électrique.