Par Jean-Christophe Verro. À la recherche de personnalités handicapées dans la société britannique, j’ai fait appel à ma mémoire. La personnalité la plus connue, mais paradoxalement celle à laquelle on pense le moins spontanément tant son handicap est éclipsé par sa brillante personnalité, est le Professeur Stephen Hawking, de l’université de Cambridge. Connu pour ses recherches dans le domaine de la cosmétologie et de la gravité quantique, et ses nombreux ouvrages de vulgarisation scientifique, dont le best-seller « Une brève histoire du temps », Stephen Hawking souffre d’une forme rare de SLA (Sclérose Latérale Amyotrophique) qui l’a laissé presque complètement paralysé, mais lui a permis de poursuivre une carrière scientifique de haut niveau pendant plus de 40 ans.
J’avais déjà évoqué dans l’un de mes articles précédent quelques figures rencontrées depuis mon déménagement, par exemple le journaliste politique de Sky News Sean Dilley, aveugle, ou la chaîne de la BBC pour enfants CBeebies (présentatrice à qui il manque un bras, un animateur qui présente ses émissions en utilisant la langue des signes, des enfants trisomiques ou en fauteuil parmi le public mais aussi les participants ou les personnages de séries). Sans oublier les deux séries les plus importantes, de par leur audience et leur longévité, Eastenders et Coronation Street, qui ont des personnages récurrents en fauteuils roulants.
En interrogeant mes amis britanniques, spontanément cité revient David Blunkett, homme politique et ministre de l’intérieur (entres autres) de Tony Blair, qui est aveugle de naissance.
En faisant quelques recherches, j’ai trouvé d’autres personnalités publiques, connues ou moins, l’actrice Emily Blunt (bègue), l’écrivain Daniel Tammet (Autiste atteint du Syndrome d’Asperger), le romancier et poète Laurence « Laurie » Lee (atteint d’épilepsie).
En poussant plus avant mes recherches, j’ai trouvé diverses listes de personnalités handicapées influentes typiquement britanniques et peu (ou pas) connues chez nous.
Par exemple, sans ordre particulier :
– La Baronne Jane Campbell (haut fonctionnaire, à la tête de la Commission pour l’Égalité et les Droits de l’Homme (Commissioner of the Equality and Human Rights Commission) de 2006 à 2008 et membre du comité sur le handicap (Chair of the Disability Committee), en fauteuil roulant.
– Adam Hills (comédien, amputé d’une jambe, porte une prothèse).
– La Baronne Carys Davina « Tanni » Grey-Thompson (Athlète handisport, plusieurs fois médaillée aux jeux olympiques handisport, victime d’une malformation, la Spina bifida, en fauteuil roulant).
– « Dame » Anne Begg (chevalier de l’empire britannique, femme politique/député, atteinte de la maladie de Gaucher et première utilisatrice de fauteuil roulant à la chambre des communes depuis 1880).
– Peter White (Journaliste radio pour la BBC, malvoyant).
La liste est longue et prestigieuse, on peut trouver encore Philippa Willitts (bloggueuse féministe influente); Paula Garfield (co-fondatrice et directrice artistique du théâtre Deafinitely, abritant une troupe de comédiens sourd-muets); Caglar Kimyoncu (réalisatrice); D.H. Kelly (fondatrice de « Blogging Against Disablism Day », journée d’action contre la discrimination du handicap) et Laraine Callow (fondatrice de « DeafHope UK women’s refuge », la première organisation pour les femmes sourdes victimes de violences domestiques).
Vous pouvez en découvrir plus sur http://disabilityhorizons.com/2013/05/the-list-influential-disabled-people-in-modern-britain/
Si la représentation des personnalités handicapées dans la société britannique semble bien établie, cela ne semble pas être le point de vue de tout le monde. En effet, plusieurs voix se sont élevées contre la sous-représentation des personnalités handicapées dans les médias et à la télévision, tandis que critiques et analyses fleurissaient. Le sujet a été pris très au sérieux par les parties prenantes mises en cause, telle la vénérable BBC qui a annoncé un « plan ambitieux » pour améliorer la situation. Le sujet est d’autant plus pris au sérieux que le handicap est régi par le discrimination act de 1995.
Même dans une situation qui semble à première vue confortable, en Grande Bretagne, la lutte pour plus d’autonomie et d’égalité est toujours en cours !