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Politique : quelle est la place des personnes handicapées sur les listes ?

place handicapés en politique Bonacorsi © Patrick Danino
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Cet article est une interview de Mme Bonacorsi sur la place des personnes handicapées sur les listes. Les propos n’engagent qu’elle-même.

Handirect, en tant que média expert du handicap, se fait le relai de différentes voies. Il ne s’associe à aucun propos ou orientations. 

Madame Colette Bonacorsi portera la flamme olympique le 28 août à Paris. Elle se dit « honorée de porter ce symbole de paix et d’union des pays. Je ne vais pas courir, mais rouler pour l’histoire. »

Colette Bonacorsi, pouvez-vous vous présenter aux lecteurs d’Handirect, en quelques mots ?

« Je m’appelle Colette Bonacorsi. Je suis toujours en activité à 64 ans, car je ne tiens pas à aller à la retraite.

J’ai toujours mené deux carrières de front : Ministère des Armées et Directrice d’une école de théâtre. En parallèle, je suis engagée dans des associations depuis longtemps, autant syndicalement que politiquement.

Par ailleurs, j’ai été nommé chevalier de l’ordre national du Mérite. Et là aussi, je suis engagée. Je prépare un événement avec l’ordre, en faveur du handicap. »

Quelles sont vos actions en faveur des personnes en situation de handicap ?

« Je suis très engagée dans La Défense des personnes handicapées à travers le syndicat.

J’ai aussi proposé une loi pour le handicap en 2018.

De même, j’organise régulièrement des défilés et shooting photo avec World of Models. Ainsi qu’avec Partage ta Différence pour la prévention des cancers.

D’ailleurs, suite à un mail de notre part, Le Ruban Rose a repris notre concept et notre idée à son compte. Sans même inviter l’association pour organiser leurs défilés. »

Vous vous portez candidate aux élections européennes. Où en êtes-vous de vos échanges avec les partis politiques ?

« Oui, je me suis portée candidate sur une liste et j’attends de voir si je vais être inscrite sur celle-ci.

J’attends également de constater si l’on va respecter un homme et une femme en situation de handicap pour la parité en position éligible.

Depuis un an, j’envoie des messages, des mails, des SMS à tous les partis.

Je reçois d’ailleurs les newsletters de certains partis. Mais ceux-ci ne m’ont pas confirmé le fait de mettre deux personnes handicapées en position éligible sur leurs listes.

Il y en a certains qui m’ont répondu qu’ils allaient le faire. J’attends le 18 mai pour voir si cela aura été fait ou non. 

Dès la clôture des listes, à l’aide d’un commissaire de Justice et d’un avocat, nous vérifierons ce fait. Nous vérifierons si chaque parti a effectivement respecté la loi sur l’égalité des chances qui englobe la non-discrimination et la parité hommes femmes.

Comme c’est des élections européennes, je ne tiens pas à ce que l’on dise que cela ne concerne pas La France.

Aujourd’hui, je demande à ce que le traité européen sur le handicap de 2021 à 2030 soit respecté ! »

Quelles sont donc vos démarches pour faire avancer la cause et intégrer plus de personnes en situation de handicap parmi les élus européens ?

« Ma démarche a été de faire des rappels. Je le fais régulièrement depuis un an. J’explique que je vais faire invalider les listes à la préfecture pour listes non conforme. Je ferai appel à la loi sur l’égalité des chances et des recommandations de l’Union européenne.

Dans un premier temps, j’espère que les partis vont jouer le jeu et respecter cela.

Si ce n’est pas le cas, nous ferons effectivement invalider les listes pour non-respect de la loi et du traité. Puis, nous porterons plainte au tribunal de la Haye pour discrimination au handicap, contre tous les partis se croyant au-dessus des lois.

Nous demanderons des dommages et intérêts, en fonction de ce qu’ils toucheront comme argent par l’Union européenne en fonction du taux d’électorat.

Nous veillerons à ce qu’ils ne touchent pas cet argent, pour que ce dernier soit rétribué à toutes les associations de personnes handicapées et aux associations du 3ᵉ et 4ᵉ âge pour l’autonomie. »

Vous sentez-vous soutenue dans votre démarche d’intégration des personnes handicapées en politique ?

« Oui, je suis soutenue par des ministres, des députés, des députés européens qui souhaitent que les choses bougent.

Je suis soutenue par l’Association pour la Prise en compte du Handicap dans les Politiques Publiques et Privées (APHPP). Nous ferons cette action ensemble.

Des associations de personnes handicapées sont prêtes à venir le 18 mai à 10 h 00, devant la préfecture de Paris, pour la demande de vérification des listes.

Lors de cette vérification, nous demanderons à pouvoir consulter les listes de chaque parti. Nous les contacterons pour avoir la preuve qu’ils ont bien un homme et une femme handicapés (dont un au moins en position éligible). Que le critère suivant soit respecté : carte MDPH à 80 % en priorité, puis de 50 % à 79 %. Ce sont ces seuls pourcentages qui reconnaissent le handicap.

En dessous de ceux-ci, ce sont des déficiences. Nous n’allons pas ouvrir une boite de Pandore en autorisant des déficiences. Sinon, tous les valides peuvent se présenter et avoir une déficience (une entorse grave est une déficience, par exemple).

Sachant qu’il suffit d’un handicap estimé à 10 % pour avoir une RQTH, celle-ci ne sera pas reconnue pour être sur les listes. Nous accepterons uniquement les cartes de handicap à plus de 80 % en priorité et ensuite entre 50 % et 79 %. »

Quel est votre souhait aujourd’hui ? (concernant les personnes en situation de handicap en politique).

« Je souhaite que l’on obtienne le taux de 6 % pour l’Assemblée nationale, en respectant ainsi ce qui est demandé aux entreprises privées et publiques.

Quant à l’Europe, ce serait bien d’arriver à un taux de 10 à 12 % à l’assemblée européenne.

C’est en nous intégrant en politique et en nous exposant, que les personnes non handicapées verront, que nous sommes comme eux, des humains avant tout, avec différents niveaux sociaux culturels, car nous représentons toutes les couches de la société.

Une fois instauré, la question de savoir « si l’on est capable » ne se posera plus. Tous les secteurs d’emplois s’ouvriront plus facilement.

À l’instar des combats contre la discrimination positive et sur l’égalité hommes femmes. Ils ont été gagnés et désormais, c’est obligatoire et ancré.

Si nous faisons la même chose, nous ferons avancer tout ça : en portant plainte pour discrimination, en faisant des procès et en faisant passer des lois qui ont obligé tout le monde à les respecter.

Au niveau du handicap, cela ne s’est pas fait, parce que les associations ne se regroupent pas en un seul bloc, afin d’agir dans l’intérêt commun.

Chacun agit de son côté et l’on n’arrive à rien. En effet, nous avançons à pas de fourmis alors qu’avec les lois, nous aurions dû faire des pas de géant.

C’est l’union de tous qui fera notre force et notre diversité.

Si nous avons des élus, ils travailleront pour améliorer nos vies. Ce ne seront plus seulement des valides qui réfléchiront à notre place aux solutions, mais des personnes concernées.

Reprenons la place qui nous est due, le 18 mai 2024, devant la préfecture de police pour faire invalider les listes des partis politiques qui ne nous auront pas respectés.

Aujourd’hui, j’appelle toutes les associations, les parents, les enfants, les grands-parents qui se trouvent en manque d’autonomie, à venir ce jour-là, à 10 h 00, devant la préfecture de Paris, pour demander l’invalidité des listes et des partis qui comptent continuer à se moquer de nous. »

Propos recueillis par Stéphanie Jeannot, pour Handirect.fr

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