L’Opco des Entreprises de Proximité investit 14 millions d’euros pour soutenir les efforts des CFA en matière d’investissements pour des équipements nécessaires à la réalisation des formations. En 2022 ce sont 581 projets retenus, dont 11 permettant d’adapter ou de faciliter l’apprentissage de personnes en situation de handicap.
Cette action de l’Opco EP est l’aboutissement d’un appel à projets dont le succès ne cesse de grandir. Pour l’édition 2022, ce ne sont pas moins de 376 CFA qui ont déposé en tout 1032 projets qui concernent 117 903 apprentis relevant des 53 branches professionnelles de l’Opco EP.
Cette année, deux nouveaux critères étaient proposés dans l’appel à projets : ceux qui portent sur des investissements favorisant l’inclusion des apprentis en situation de handicap et ceux portant sur des investissements permettant de créer une nouvelle section de formation par l’apprentissage sur un métier dont le territoire du CFA ne serait pas encore pourvu. Sur les 1032 projets déposés, 581 ont été retenus, parmi lesquels 11 concernaient l’inclusion des apprentis en situation de handicap.
Nous avons cherché à en savoir plus en donnant la parole à Mme Sophie Hocquaux, Responsable Service Partenariat Alternance.
Pourquoi seulement onze projets ?
Ce chiffre s’explique par l’introduction en 2022 de nouveaux critères pour candidater à l’appel à projets à savoir notamment les projets d’investissement favorisant l’inclusion des apprentis en situation de handicap.
Pourriez-vous nous expliquer ce qu’est l’Opco des Entreprises de Proximité ?
Opco EP accompagne 53 branches professionnelles et les TPE PME qui y sont rattachées et développe l’alternance. Notre organisation nous permet d’être au plus près des territoires afin de répondre par un service de proximité aux bénéficiaires et partenaires (branches entreprises, individus, organismes de formation et CFA). C’est plus de 400 000 entreprises, majoritairement de petite taille, avec moins de 10 salariés, du champ de l’artisanat alimentaire, par exemple, la boulangerie, la pâtisserie et la charcuterie, ainsi que tous les métiers de l’alimentaire relevant de l’artisanat. Nous couvrons également le champ des entreprises de services de proximité, avec les agences immobilières, les pharmacies, les salons de coiffure, de l’esthétisme, les salons de toilettage pour chiens, des professions libérales, telles que des huissiers, des avocats, et encore un certain nombre d’autres activités qui représentent l’économie de proximité du territoire. L’Opco EP couvre également des entreprises qui relèvent du secteur de l’imprimerie, du froid, de l’assainissement, du machinisme et de la maintenance agricole, ainsi que d’autres activités qui nécessitent des investissements importants pour former les apprentis.
D’où vient l’initiative de cet appel à projets ?
Comme pour tous les Opco, la loi prévoit la possibilité pour l’opérateur de compétences de prendre en charge les dépenses d’investissement visant à financer les équipements nécessaires à la réalisation des formations. C’est ce qui a conduit l’Opco EP à lancer un appel à projets chaque année, depuis 2020, pour financer des investissements en équipement en matériels pédagogiques ou en équipements digitaux pour la formation des apprentis. Notre action est ouverte à tous les CFA qui forment des apprentis de notre champ d’intervention. et Les orientations, les critères d’éligibilité et les règles sont définis par nos instances paritaires qui valident ensuite les projets retenus.
Tous les CFA peuvent répondre à l’appel à projets, mais pour cela, ils doivent avoir au moins 25 % de jeunes apprentis dont le contrat est financé par notre Opco. Depuis le début, nous avons deux types de projets possibles pour les CFA qui, à ce titre, peuvent nous demander une prise en charge financière : les investissements en matériel digital et l’investissement en matériel pédagogique, tel que l’achat d’un tracteur, de nouveaux fours en boulangerie, du matériel pour un salon de coiffure… En 2022, pour soutenir les efforts des CFA en matière d’accueil des jeunes en situation de handicap et leur permettre d’adapter ou de faciliter leur apprentissage au sein de leur section ou de bénéficier d’un accompagnement, il a été ajouté la possibilité pour tous les CFA porteurs de ce type de projet d’investissement matériel ou immatériel de déposer un dossier.
Quels sont les types d’investissements effectués dans le domaine du handicap ?
Il s’agit principalement d’investissements polyvalents de nature immatérielle ou pédagogique. Il existe de nombreux équipements pédagogiques avec des modalités spécifiques, tels que des ordinateurs et des logiciels dédiés qui permettent d’accompagner tous les jeunes en situation de handicap, y compris ceux atteints de troubles Dys. Pour notre premier appel à projets, nous sommes restés assez généralistes et avons retenu seulement 11 projets sur les 39 déposés en lien avec le handicap. Tous les projets ont été soumis par cinq régions, telles que la Bourgogne, la Franche-Comté (où il y a 2 CFA qui ont chacun déposé un dossier), l’Occitanie (avec quatre dossiers pour trois CFA), les Pays de la Loire (avec deux projets), le Centre-Val de Loire (avec deux dossiers), et l’Île-de-France (avec un dossier). Pour cette première année, nous n’avons pas nécessairement reçu des dossiers très pointus. En conséquence, les demandes retenues comprennent des ordinateurs et des outils numériques, des équipements digitaux de co-modalités ou de bi-modalités qui concernent surtout l’accompagnement des apprenants dyslexiques et dyspraxiques, ainsi que d’autres troubles Dys. Parmi les autres investissements, on trouve des logiciels de synthèse vocale, des stylos pour faire des synthèses à voix haute, des télé agrandisseurs, des dictaphones, etc. Nous intervenons vraiment sur tous les types d’accompagnement.
Sur quelle réflexion se basent les demandes de financements ?
Dans l’appel à projets, nous demandons que les besoins soient argumentés et répondent aux critères de l’appel à projets : « Cela concerne quel type de formations ? pour quels bénéficiaires ? quel type d’investissements ?» Les demandeurs ont également l’obligation de nous spécifier la branche et le diplôme concernés par le projet.
Qu’est-ce qui définira pour vous la possibilité de poursuivre ces appels à projets ?
C’est d’abord une question d’ordre financier, et de décisions de nos instances paritaires.Nous savons déjà que pour 2023, nous aurons une nouvelle enveloppe qui sera certainement moins importante que les 14 millions d’euros, mais avec cette possibilité de financement des investissements en faveur de l’intégration et de l’apprentissage des jeunes en situation de handicap. Nous aurons certainement autant de dossiers déposés voire plus, la sélection n’en sera que plus exigeante.
Pouvez-vous leur demander un bilan ?
Nous suivons de toute façon les dossiers que nous finançons. Nous demandons un certain nombre de pièces justificatives pour payer les factures et les équipes de proximité réalisent des visites auprès des CFA. Nous examinons les investissements que nous avons cofinancés et comment ils ont été mobilisés.
Êtes-vous plutôt présents dans les zones urbaines ou rurales ? Nous sommes très présents dans les zones rurales, au plus près des entreprises de notre champ d’intervention et de l’offre de formation, comme en témoigne le fait que, l’Île-de-France, sur cet accompagnement dédié au handicap n’a pas plus de CFA bénéficiaires que d’autres régions. C’est une question qui va au-delà des investissements des CFA. Il s’agit de favoriser l’intégration des jeunes en situation de handicap en interrogeant tout l’accompagnement des CFA. Il reste encore beaucoup à faire pour aider les CFA à se professionnaliser et à se lancer sur ce type de situation. Je garde à l’esprit qu’ils ont tous l’obligation de nommer un référent handicap. Mais selon le temps dont il dispose, ce dernier doit pouvoir travailler sur le projet d’intégration, de formation et d’accompagnement.
C’est l’un de nos chantiers 2023-2024 car c’est très important pour l’Opco EP. Pour les CFA, c’est l’occasion de se démarquer un peu et d’être fiers de pouvoir accueillir et accompagner les personnes en situation de handicap, d’adapter les parcours de formation et d’intégration en fonction du handicap. Il reste encore beaucoup à faire.
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