Notre partenaire Sport et citoyenneté s’est penché sur la question de la qualité de vie au travail liée au et à l’activité physique.
Que ce soit pour des raisons de santé/bien-être ou de management/performance, force est de constater que la pratique des activités physiques et sportives dans l’environnement de travail connaît aujourd’hui un réel engouement et améliorerait sensiblement la qualité de vie au travail.
Les salariés, attentifs aux conditions dans lesquelles ils évoluent professionnellement ; les entreprises, qui commencent à percevoir dans la structuration d’une offre active ou sportive sur le lieu de l’entreprise les avantages économiques et sociaux qu’elles peuvent en retirer ; les médias, qui portent au sujet un intérêt grandissant ou encore les différents acteurs publics (États, collectivités locales, etc.) ou privés (partenaires sociaux ; entreprises, start-ups ou formateurs indépendants spécialisés dans le bien-être au travail, mouvement sportif, etc.) : tous participent à la structuration d’une réflexion, et au-delà d’un véritable marché économique, autour des activités physiques et sportives en entreprise, alors même que les taux de pratique sur le lieu de travail peinent à dépasser les 13% en Europe et les 16% en France.[1]
Dans un contexte sociétal ou l’inactivité physique devient la norme, avec les conséquences économiques et sanitaires que l’on connaît désormais[2], la promotion des activités physiques ou sportives devient un enjeu de santé publique et d’employabilité. Les initiatives se multiplient donc aux niveaux international, européen, national et local pour les promouvoir dans tous les environnements de vie. L’espace professionnel n’échappe pas à la règle, et si ce sujet est a priori considéré comme consensuel, la diversité par laquelle les activités physiques et sportives se développent aujourd’hui, l’apparition d’une certaine « injonction » voire d’une « tyrannie » du bien-être, renforcées par le boom des objets connectés où chaque personne devient responsable de sa propre santé, sont autant de points de vigilance à garder à l’esprit quand on aborde le sujet.
Dès lors, quel rôle peut-on concevoir pour le sport et les activités physiques quand on les met en relation avec les questionnements actuels autour des politiques de responsabilité sociale des entreprises et de qualité de vie au travail ?
On peut dégager quelques « principes » sur ce sujet. Le premier concerne l’entreprise, sa stratégie globale et la place qu’elle accorde à l’amélioration des conditions de travail. Au-delà de la volonté potentielle des dirigeants d’entreprise, cette stratégie ne peut se limiter à la promotion des activités physiques ou sportives. Le sport ne saurait être un instrument pour compenser des conditions de travail par ailleurs précaires. En revanche, la pratique active ou sportive peut constituer un des éléments centraux d’une réflexion et d’une stratégie renouvelée autour de la RSE, de la qualité de vie au travail et du bien-être. L’instauration de la pratique sportive en entreprise booste la qualité des actifs immatériels d’une entreprise, dont tout le monde perçoit l’importance pour la réussite, le développement et la pérennité d’une entreprise. L’aspect physique des missions de l’entreprise, la lutte contre les risques physiques ou psychosociaux peuvent renforcer cette prise de conscience. C’est alors tout l’environnement de travail qui est reconsidéré autour du bien-être des collaborateurs. Pour autant, l’état de la recherche sur l’impact des activités physiques ou sportives sur le bien-être au travail et la performance des collaborateurs reste encore balbutiant et limité à l’univers des grandes entreprises du secteur tertiaire. L’un des défis est donc d’identifier les bonnes pratiques sur les territoires (car il en existe de nombreuses), de les valoriser et de s’appuyer sur ces témoignages pour essaimer leurs facteurs-clés de réussite, notamment auprès des PME-TPE.
Si l’engagement dans un programme d’activité physique au travail donne des résultats concluants dans la plupart des études, permettant de réduire significativement le niveau de dépression, d’anxiété mais aussi d’augmenter le niveau de santé globale perçue et donc le bien-être et la qualité de vie au travail, pour obtenir de tels résultats il faut que le programme d’activité physique s’accompagne d’un soutien et d’une motivation importante de la part de l’employeur. Une telle approche s’intègre ainsi parfaitement dans les enjeux RH auxquels les entreprises doivent aujourd’hui faire face (absentéisme, turn-over, burn-out, bore-out…). Parmi les facteurs-clés de réussite figure ainsi l’impulsion du dirigeant, mais aussi et surtout la co-construction du projet avec les salariés, les partenaires sociaux et les différents services de l’entreprise. Pour que les bonnes pratiques se diffusent, il est important que la vie privée des salariés soit respectée et qu’ils demeurent libres d’adhérer ou non aux programmes mis en place. L’essentiel étant que les salariés aient été bien informés et sensibilisés aux enjeux d’une activité physique ou sportive régulière à des fins de santé, mais aussi que l’offre proposée par l’employeur réponde à leurs besoins.
La mise en place d’outils de suivi et la réalisation d’une phase-pilote pour expérimenter le projet auprès de tous les collaborateurs et, le cas échéant, le réorienter vers d’autres objectifs est également ressenti comme un facteur de succès et on ne peut qu’insister sur l’importance de développer des outils pour mesurer l’efficacité des instruments mis en place.
Pour conclure, il nous faut garder à l’esprit que la qualité de vie au travail ne se décrète pas. Elle passe par une évolution des mentalités et des pratiques dans la durée et nécessite une réflexion approfondie autour des conditions et de l’organisation même du travail. Les actions centrées sur l’individu, comme le développement des activités physiques et sportives, sont utiles mais ne sont pas suffisantes pour répondre aux enjeux de la qualité de vie au travail et de la performance des entreprises. Comme nous nous efforçons de le rappeler au sein de notre Think tank, nous ne considérons pas le sport comme un remède miracle à tous les maux de notre société. Nous pensons néanmoins qu’il constitue un outil à forte valeur ajoutée qui, lorsqu’il est mis en projet au bénéfice d’autres enjeux de société, peut apporter beaucoup. Aujourd’hui, plus de la moitié des Français âgés de 16 à 25 ans estime qu’être épanoui dans sa vie professionnelle, c’est d’abord avoir des bonnes conditions de travail. Nul doute qu’une réflexion sur la mise en place d’un environnement propice à un mode de vie actif et la définition de services sportifs au sein de l’entreprise ont toute leur place dans ces réflexions.
[1] Commission européenne (2014), Sport et Activité physique, Eurobaromètre spécial 412.
[2] Voir à ce sujet les travaux menés dans le cadre du projet PASS (Physical Activity Serving Society), soutenu par la Commission européenne dans le cadre du chapitre Sport du programme Erasmus+ : www.sportetcitoyennete.com/pass