Afin de donner la parole aux familles en difficultés et d’alerter sur les difficultés des enfants en situation de handicap lors de la rentrée scolaire, l’UNAPEI mène pour la 4e année consécutive sa grande campagne de sensibilisation et d’appel à témoignages #Jaipasecole.
« Les droits des élèves en situation de handicap sont toujours bafoués. Des enfants scolarisés seulement quelques heures par semaine, voire pas du tout… C’est le quotidien des enfants en situation de handicap intellectuel et cognitif ! » : Comme c’est désormais le cas lors de chaque rentrée scolaire, l’UNAPEI, mouvement associatif qui représente et défend les intérêts des personnes handicapées mentales et de leurs familles, lance un nouveau signal d’alerte concernant le sort des enfants en situation de handicap face à l’école.
Exclusion, manque d’AESH, temps scolaire réduit à quelques heures
L’UNAPEI souligne plus particulièrement les difficultés rencontrées par les élèves en situation de handicap intellectuel et cognitif. « Quand ils n’en sont pas complètement exclus, certains ne bénéficient que de quelques heures d’enseignement par semaine, d’autres n’ont pas de place pour un établissement ou dispositif spécialisé dont ils auraient besoin, d’autres encore ne peuvent pas aller en classe à cause du manque d’enseignant dans le dispositif spécialisé ou d’AESH à l’école… commente le mouvement associatif. Leurs droits ne sont pas respectés ! Combien sont-ils ? Malheureusement, seuls les élèves scolarisés en école « ordinaire » sont comptabilisés. Les chiffres ne disent pas si cette solution est adaptée à leurs besoins, ni le nombre d’heures qui leur sont accordées. Ils écartent totalement ceux dont la scolarisation dépend aujourd’hui des établissements spécialisés ».
Une plateforme ouverte à tous pour témoigner des difficultés liées au handicap lors de chaque rentrée scolaire
Afin de porter au jour cette situation et d’interpeller les pouvoirs publics, l’UNAPEI anime, depuis désormais 4 ans, une grande campagne de sensibilisation baptisée #Jaipasecole. Celle-ci fonctionne en complémentarité avec la plateforme en ligne www.marentree.org, qui a pour but de recueillir les témoignages des familles et des professionnels concernées par des difficultés liées au handicap d’un enfant lors d’une rentrée scolaire.
Quelques jours après la rentrée de septembre, déjà 814 témoignages avaient été recensés sur la plateforme. On peut notamment y lire : « Après deux refus de la MDPH d’orientation vers un Ulis lycée, ma fille est sans aucune solution de scolarisation » ; « 4e rentrée que ma fille de 14 ans est déscolarisée et donc à la maison par manque de place en IME ou autre structure spécialisée. Plusieurs rencontres ont étés faites avec des assistantes sociales pour de belles promesses jamais tenues… » ; « Notre fille de 7 ans avec TSA, scolarisé en milieu ordinaire depuis la maternelle avec AESH, certes une chance car beaucoup restent à la maison… Notification MDPH accordée pour une scolarisation Ulis TED depuis plus de 2 ans … mais toujours rien ! Mila ne demande que ça d’apprendre et d’évoluer mais sa place n’est pas dans une école classique pour pouvoir avancer davantage ! Lettre AR de désespoir envoyé à plusieurs ministres…. En vain ! ».
Un outil pour évaluer la réalité des difficultés de scolarisation des élèves en situation de handicap
Parallèlement à cette plateforme, l’UNAPEI a également créé un outil destiné à évaluer et « produire des données objectives sur la réalité de la scolarisation des élèves accompagnés par les associations de son réseau ». Ainsi, l’UNAPEI fait état de résultats édifiants : « sur 7 949 enfants, un tiers ne bénéficie que de 6h d’enseignement par semaine maximum ! 18% n’ont aucune heure de scolarisation. 22% ont entre 6 et 12h, et seulement 27% bénéficient de 12h ou plus par semaine. Pour mémoire, à l’école élémentaire, la durée moyenne d’enseignement est de 24 heures par semaine… Où est le droit à l’éducation ? À noter : seulement 34% des élèves sont inscrits dans la « base élève » du ministère de l’Education Nationale ! Et les autres ? Pourquoi les invisibiliser ? ».
Des chiffres qui ont par ailleurs fait réagir Luc Gateau, président de l’UNAPEI : « Encore une fois, les personnes en situation de handicap intellectuel ou cognitif, etc. sont les invisibles, les oubliés. Beaucoup sont exclus des chiffres officiels, donc il est impossible de savoir combien ont accès à une scolarisation en adéquation avec leurs besoins, combien ne peuvent même pas avoir d’heures d’enseignement… Nous essayons donc de trouver l’information par nous-mêmes, en créant un outil permettant à nos associations de remplir des indicateurs et de collecter des données objectives. Cela permet de se rendre compte des grandes difficultés rencontrées par les élèves en situation de handicap. Personne n’accepterait ces conditions. Eux sont bien forcés de s’y plier ».
L’Unapei formule des recommandations à l’égard des pouvoirs publics
Pour améliorer la situation, l’UNAPEI propose d’envisager les difficultés dans leur globalité, en prenant véritablement en compte tous les enfants concernés.
« Des actions concrètes sont à mener pour apporter à tous les élèves des solutions éducatives effectives, bientraitantes, individualisées et limitant les conséquences pour leurs familles contraintes de pallier l’absence de scolarisation, recommande en ce sens l’UNAPEI.
L’UNAPEI appelle ainsi à :
– Prendre en compte les élèves inscrits dans les établissements spécialisés (IME…) dans les chiffres de l’Éducation Nationale, pour avoir une vision réaliste de la situation.
– Former les enseignants et le personnel éducatif aux spécificités des élèves en situation de handicap
pour qu’ils puissent adapter leur enseignement, au bénéfice de tous.
– Adapter les programmes éducatifs en termes de méthodes, de rythmes et de contenus.
– Apporter des adaptations à l’environnement scolaire et renforcer les moyens accordés aux enseignants et personnel éducatif afin d’offrir les meilleures conditions d’accueil aux élèves en situation de handicap.
– Adapter les effectifs des classes accueillant des élèves en situation de handicap.
– Garantir la possibilité d’un accompagnement thérapeutique adapté aux élèves en situation de
handicap, quel que soit le lieu de leur scolarisation.
– Organiser des projets pédagogiques collaboratifs entre établissements scolaires et établissements
spécialisés, dédier des temps d’échange de pratique et de construction entre professionnels du
médico-social et de l’Education nationale.
– Garantir une continuité d’accueil entre les temps scolaires et les temps d’accueil de loisirs des élèves en situation de handicap.
– Sensibiliser l’ensemble de la communauté éducative à la diversités des handicaps, notamment les
handicaps invisibles, et à leurs conséquences sur les apprentissages et la vie sociale.
Pour partager votre témoignage sur la rentrée scolaire et les difficultés d’un enfant en situation de handicap, ou pour consulter ceux qui sont déjà en ligne, rendez-vous sur le site : https://www.marentree.org/