Voyager en train devrait être simple, confortable et possible pour tous, quel que soit son niveau de mobilité évidemment. Pourtant, la réalité est parfois différente pour les personnes handicapées ou à mobilité réduite (PMR). Se déplacer en train s’avère quelques fois être le parcours du combattant. En France, où le train joue un rôle majeur dans les déplacements, des initiatives se développent pour réduire ces obstacles. Avec l’ouverture à la concurrence ferroviaire et des efforts comme le Guide Mobilité Réduite de SNCF Réseau, la question de l’accessibilité est plus centrale que jamais. Mais quels sont les progrès réalisés, les défis encore présents et les inspirations possibles à l’échelle européenne ?
Le guide mobilité réduite : un outil d’accessibilité pour mieux voyager en train
Un document pensé pour simplifier le voyage de tous
Le Guide Mobilité Réduite, conçu par SNCF Réseau, est bien plus qu’un simple manuel. C’est un véritable outil clé pour rendre les déplacements accessibles à des milliers de voyageurs.
Ce guide rassemble donc en un seul document toutes les informations d’accessibilité utiles aux personnes en situation de handicap et à mobilité réduite pour organiser leur voyage en train.
Que contient le guide ?
- Équipements en gare et à bord : Des liens vers des pages dédiées permettent de connaitre les équipements et l’état des installations dans les gares. Grâce à ces liens, on obtient une description des équipements disponibles, comme les ascenseurs, les rampes d’accès ou encore les automates accessibles aux fauteuils roulants.
- Service d’assistance : Il détaille le fonctionnement de Assist’enGare (paragraphe suivant), avec des informations pratiques sur la réservation d’un accompagnement dans plus de 1 000 gares.
- Accès aux trains adaptés : Une présentation des sièges réservés, ainsi que des espaces pour fauteuils roulants et des conditions d’accès pour les chiens guides.
- Informations sur les transporteurs : Pour la première fois, le guide inclut les services des concurrents comme Eurostar, Trenitalia et Renfe. Cela permet aux usagers d’avoir des informations sur les offres en termes d’accessibilité de chaque transporteur.
- Contacts et démarches : Le guide répertorie les numéros et plateformes pour obtenir une assistance, annuler ou modifier une réservation ou signaler des dysfonctionnements.
“Grâce au guide, j’ai pu réserver une assistance à l’avance pour mon voyage Paris-Marseille. Tout était clair et bien organisé, ce qui m’a permis de voyager sereinement.” – Sophie, voyageuse en fauteuil roulant.
Guide à consulter et à télécharger :
Assist’enGare : un service clé pour les voyageurs à mobilité réduite
Le service Assist’enGare est un dispositif gratuit conçu pour accompagner les personnes à mobilité réduite (PMR) tout au long de leur trajet en gare. Il couvre plus de 1 000 gares en France et garantit une prise en charge personnalisée, depuis l’accueil jusqu’à la place dans le train ou le point de sortie de la gare.
Ce service peut être réservé en ligne ou par téléphone via une plateforme unique, ce qui simplifie les démarches. Le numéro 3212 est joignable tous les jours entre 8 h et 20 h.
Adapté aux trajets régionaux, nationaux et internationaux, Assist’enGare se distingue par sa flexibilité. Il permet notamment des modifications ou annulations jusqu’à 24 heures avant le départ. Ce dispositif, associé à des outils comme Rogervoice pour les personnes sourdes ou malentendantes, incarne l’engagement de la SNCF pour une accessibilité complète et inclusive.
Accessibilité ferroviaire : des progrès notables
Face aux critiques persistantes sur l’accessibilité des gares et des trains, la SNCF redouble d’efforts pour répondre aux attentes des voyageurs à mobilité réduite. Grâce aux retours des usagers et à des investissements conséquents, elle transforme alors progressivement ses infrastructures et ses services pour les rendre plus inclusifs.
Des investissements majeurs pour des gares accessibles
Depuis plusieurs années, la SNCF et ses partenaires investissent des millions d’euros pour adapter le réseau ferroviaire aux besoins des personnes à mobilité réduite (PMR). Ces efforts se traduisent par des améliorations concrètes :
- Installation d’ascenseurs et de rampes : Les grandes gares comme Lyon Part-Dieu, Bordeaux Saint-Jean et Marseille Saint-Charles bénéficient de nouveaux ascenseurs et rampes pour faciliter l’accès aux quais pour les personnes en fauteuil roulant. D’ailleurs, de nombreuses gares, plus ou moins grandes, bénéficient de travaux pour les équiper de ponts avec ascenseurs pour passer d’une voie à l’autre.
- Signalétiques inclusives : Dans de nombreuses gares, des informations tactiles en braille et relief positif, des pictogrammes contrastés et des annonces sonores sont déployés pour guider les usagers malvoyants ou malentendants.
- Automates de billetterie adaptés : En Île-de-France, les automates ont aussi été repensés. Ils intègrent désormais des commandes en braille et des interfaces vocales. D’ici 2024, de nouvelles fonctionnalités, comme des contrastes personnalisables, seront ajoutées. Bientôt dans chaque gare de France ? A suivre.
- Passages élargis : Des portiques plus larges ont ainsi été installés dans des gares comme Strasbourg et Nantes. Ils permettent aux fauteuils roulants ou aux bagages volumineux de circuler sans encombre.
Le défi des JO 2024 a-t-il été atteint ?
En 2022, la SNCF avait annoncé un objectif ambitieux. Elle voulait rendre 70 % des gares françaises totalement accessibles d’ici 2024. Ceci, en prévision des Jeux Olympiques et Paralympiques. Ces travaux concernent plus de 160 gares prioritaires, avec des audits réguliers pour évaluer leur conformité aux normes.
En 2024, la SNCF a fait des progrès notables dans l’accessibilité des gares. Mais son objectif de rendre 70 % des gares totalement accessibles avant les Jeux a-t-il été atteint ? Plus de 360 gares en province ont été adaptées pour répondre aux besoins des personnes à mobilité réduite (PMR). Et 270 en Île-de-France. Par contre, toutes les gares prévues initialement n’ont pas pu être transformées dans les délais. Les raisons sont notamment des contraintes budgétaires et logistiques.
Cependant, un effort non négligeable a été mené avec des projets prometteurs. Comme la mise en accessibilité de la gare RER de Saint-Denis et d’autres sites desservant des installations olympiques. Cela inclut des ascenseurs, rampes pentues, guidage au sol, balises sonores et zones dédiées pour PMR. La SNCF et Île-de-France Mobilités ont investi environ 1,5 milliard d’euros pour ces transformations. Néanmoins, des associations expriment encore des inquiétudes concernant des lacunes, notamment dans certaines gares secondaires ou rurales.
En résumé, des avancées notables ont été réalisées. Par contre, l’accessibilité totale de 70 % des gares est un défi partiellement relevé pour l’échéance de 2024.
“Les investissements que nous voyons aujourd’hui transforment radicalement l’expérience des voyageurs. Les retours des usagers montrent que ces efforts portent leurs fruits.” – Julien, agent SNCF en gare de Bordeaux.
Des trains adaptés pour une expérience améliorée
Le train nouvelle génération intègre des équipements d’accessibilité conçus pour répondre aux besoins des PMR en termes de confort et de mobilité :
- Espaces dédiés aux fauteuils roulants. Les TER Regio 2N, TGV INOUI et trains de nuit rénovés proposent plusieurs emplacements réservés, souvent accompagnés de sièges pour les accompagnateurs. Ils répondent notamment à différents types de handicap (physique, mental, cognitif et sensoriel).
- Toilettes accessibles. Les nouveaux engins incluent des toilettes spacieuses. Des barres d’appui et des portes automatiques facilite leur utilisation par les PMR.
- Repérage sensoriel : Pour les voyageurs malvoyants, des systèmes sonores et des contrastes visuels facilitent la navigation à bord.
Dans les trains régionaux d’Île-de-France, par exemple, le réseau Transilien se distingue par sa certification Cap’Handéo. Celle-ci garantit une formation spécifique des agents, des aménagements sur les quais et des services personnalisés. L’application Andilien est un bon exemple. En effet, elle informe en temps réel sur les itinéraires accessibles.
“Voyager en fauteuil roulant était compliqué. Cependant, j’ai constaté une nette amélioration ces dernières années. À Lille-Flandres, les ascenseurs et la signalétique m’ont beaucoup aidé à me repérer et à accéder facilement au train.” – Thierry, usager régulier.
Des défis de mobilité encore présents pour une accessibilité totale au train
Disparités géographiques et besoins non couverts
Malgré les progrès réalisés jusqu’à maintenant, l’accessibilité reste inégale entre les zones urbaines et rurales. 88 % des habitants des grandes villes se sentent bien desservis. Malheureusement, ce chiffre chute à 41 % dans les campagnes. Ces disparités renforcent le sentiment d’exclusion de nombreux voyageurs, qui doivent parfois se passer du train faute de solutions adaptées.
Des services perfectibles
Le manque de ponctualité et le coût élevé des billets sont fréquemment critiqués par les usagers. D’autant plus que la complexité des informations disponibles sur les services accessibles, notamment pour les nouveaux opérateurs, décourage parfois les voyageurs. Ces points nécessitent une coordination renforcée entre les acteurs du secteur.
Qu’en est-il de nos voisins européens ?
En matière d’accessibilité et de mobilité, certains pays européens se démarquent par des approches innovantes pour rendre le train accessible à tous. De la conception des infrastructures aux politiques tarifaires, ces initiatives offrent des modèles inspirants qui pourraient guider d’éventuelles améliorations en France.
Pays nordiques : une conception universelle
Dans les pays scandinaves, comme la Suède et la Norvège, l’accessibilité est intégrée dès la conception des infrastructures. Les quais sont alignés avec le plancher des trains, de façon à éliminer la nécessité de rampes ou d’assistance pour embarquer. De plus, les billets à tarif unique permettent de voyager sans contrainte, quel que soit son niveau de mobilité.
Allemagne : le Deutschlandticket comme modèle
En 2023, l’Allemagne a introduit le Deutschlandticket, un abonnement à 49 € par mois offrant un accès illimité aux trains régionaux et transports publics. Ce système encourage l’usage du train tout en favorisant les déplacements des PMR, grâce à des gares modernisées et des trains adaptés.
Espagne : une politique tarifaire inclusive
Renfe, l’opérateur ferroviaire espagnol, propose la Tarjeta Dorada. Il s’agit d’une carte offrant des réductions significatives aux personnes handicapées et à leurs accompagnateurs. Les trains AVE (grande vitesse) incluent des sièges réservés, des toilettes accessibles et un service d’assistance disponible sans frais supplémentaires.
Italie : le Frecciarossa pour tous
Les trains à grande vitesse italiens Frecciarossa disposent de rampes automatiques, d’emplacements pour fauteuils roulants près des toilettes accessibles et d’un service de livraison de repas à la place pour les PMR. En gare, des ascenseurs et des zones dédiées permettent de fluidifier les déplacements.
“En Suède, je peux voyager seul, sans devoir me soucier de la disponibilité d’une assistance. C’est une liberté que je n’ai pas toujours en France.” – Lars, voyageur PMR.
La France progresse dans la quête d’un réseau ferroviaire inclusif, mais des défis persistent. L’exemple des pays voisins montre qu’une accessibilité universelle est possible avec une vision ambitieuse et des efforts coordonnés. Pour atteindre cet objectif, il est important de maintenir les investissements dans les infrastructures, tout en veillant à réduire les disparités entre les territoires.
Les initiatives comme le Guide Mobilité Réduite et Assist’enGare posent des bases solides pour un réseau de trains plus accessible. Toutefois, il faut impérativement continuer à écouter les usagers et les associations. Véritables experts de leur quotidien, ils aident à ajuster les priorités en termes de mobilité et à garantir un service qui réponde réellement aux besoins.