Vie amoureuse des personnes âgées : Vieillir en aimant – Aimer vieillir
Par Catherine Sanches. Qu’en est-il de la vie amoureuse des personnes âgées ?Le mieux, ce serait de ne pas renoncer, ni à la vie affective, ni à la vie sexuelle… De garder ses sens en éveil et toute sa sensualité… D’avoir des fantasmes et de se créer les occasions de s’en rapprocher pour de vrai… Parce que ni le vieillissement, ni la vieillesse ne peuvent justifier de mener une vie sans désirs, sans amour, sans envie d’une relation en toute intimité avec l’autre.
Bien évidemment, je ne suis pas la seule à tenir ce discours et je veux sincèrement pouvoir appliquer ces principes pour moi-même. C’est intéressant comme projet de vie. Je vous conseille à ce propos de lire au moins deux ouvrages de Marie de Hennezel sur le sujet : « La chaleur du cœur empêche nos corps de rouiller » publié en 2010 et « Sex and sixty » paru en 2015. Pour ce dernier, elle a mené une enquête durant dix-huit mois auprès de sexologues, de thérapeutes. Elle a aussi recueilli de nombreux témoignages d’hommes et de femmes de soixante à quatre-vingt-dix ans. Elle s’est plongée dans la lecture d’études publiées à travers le monde. Et les conclusions de son livre sont extrêmement rassurantes. Marie de Hennezel démontre clairement que, au contraire des idées reçues, nous pouvons mener une vie sexuelle épanouie après soixante ans. Souvent elle peut même être plus riche, plus importante que celle que nous avons connue à d’autres périodes de notre vie. Déjà en 1995, la gérontologue Maximilienne Levet, dans un petit essai destiné à aborder «sereinement» la vie après 60 ans, accorde une page au désir qui perdure. Elle admet, certes, que ce soit compliqué, mais elle n’hésite pas à évoquer de nouvelles pratiques comme les relations homosexuelles ou la masturbation.
Cependant, au niveau de la société, les émois à des âges avancés demeurent mal perçus, comme en attestent les réactions souvent très négatives que peuvent avoir les plus jeunes à l’idée d’une sexualité de leurs aînés. Peut-être en lien avec le fait qu’on ne peut imaginer ses parents en train de faire l’amour… Peut-être aussi en lien avec les dictats de l’image de corps désirables forcément fermes, jeunes et bronzés (en plus, si possible, c’est plus photogénique…) Et puis n’oublions pas les grandes disparités entre homme et femme toujours pesantes. Comme le remarquait Simone Signoret : « nous avons le même âge Montand et moi. S’il a vécu mon vieillissement à mes côtés, moi, j’ai vécu son mûrissement à ses côtés. C’est comme ça qu’on dit pour les hommes. Ils mûrissent : les mèches blanches s’appellent des “tempes argentées”. Les rides les “burinent” alors qu’elles enlaidissent les femmes » (Signoret, 1979, 371).
Le vieillissement reste effectivement lié à une représentation de perte progressive du désir, de diminution voire de disparition de l’activité sexuelle et d’une augmentation de troubles spécifiques. Mais ce renoncement à la sexualité ne serait qu’un aspect parmi d’autres du retrait progressif et inéluctable des activités sociales. C’est un processus complexe inhérent à notre destin biologique que les sociologues français du vieillissement peuvent décrire comme une déprise (Clément et ali, 1995 ; Caradec, 2001). Mais il n’y a là rien de définitif. Ce n’est pas un destin tracé une fois pour toute !
Alors pour préserver une vie affective, amoureuse, sexuelle dans le vieillissement comment faire ? A chacun de composer sa recette, en prenant comme point de départ le souci de soi et de sa vie sociale. Donc, je ne vous confie pas LA clé du bien vieillir. Il s’agirait plutôt de se constituer tout un trousseau au sein duquel vous retrouverez la clé du suivi médical régulier, la clé des petits bonheurs quotidiens, la clé de l’activité physique et celle d’une bonne hygiène de vie, celle aussi des activités sociales épanouissantes… Que sais-je encore ? À vous de poursuivre !
Catherine Sanches – La vie amoureuse des personnes âgées