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Paralympiques 2016: « Mettre la dernière touche est la chose la plus difficile » #16

Branly – Spot 2 – PC
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Marc-André Cratère participe aux Jeux Paralympiques 2016 à Rio en tant qu’escrimeur.

Rencontre avec Marc-André Cratère, escrimeur au parcours atypique qui a déjà remporté plusieurs titres de champion d’Europe et de champion du Monde. Il défend les couleurs de la France aux Jeux Paralympiques 2016 de Rio.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
J’ai 43 ans. Je suis escrimeur au sein de l’équipe de France handisport où je pratique l’épée et le sabre. Je suis cheminot dans la Ville du Robert, en Martinique, d’où je suis originaire. Mon handicap est survenu suite à la séparation de deux amis qui se battaient, l’un avec un sceptre et l’autre avec une machette. J’ai reçu un coup de sceptre à la colonne vertébrale et depuis je suis paraplégique. Mais je retiens le positif : j’ai commencé à vivre depuis que je suis sur un fauteuil. J’ai un passé très complexe et depuis cet événement j’ai changé, je suis beaucoup plus tourné vers les autres et je cherche à me rendre utile. Je suis en fauteuil roulant depuis maintenant 22 ans et je me sens bien comme je suis.

Racontez-nous votre carrière sportive.
Avant d’avoir mon accident, le sport ce n’était pas du tout mon truc. Je jouais au foot un peu comme tous les jeunes. Il y avait un club où j’allais jouer dans mon quartier en Martinique. Après mon accident, j’ai eu des soucis d’escarres au niveau des fesses, et j’ai dû venir me faire opérer en métropole (ce n’était pas possible en Martinique). Après mon opération à Boulogne Billancourt, je suis allé en centre de rééducation à Berck-sur-mer. J’ai suivi les jeunes qui faisaient du basket dans mon centre. À la fin de ma rééducation je suis retournée en région parisienne, afin de retrouver ma compagne, à Bagneux. Un club de basket parisien, « Cap-saa », m’a proposé de venir jouer dans l’équipe. J’ai accepté. Un peu plus tard, en 2004, on m’a appelé pour jouer en équipe de France de basket handisport, mais j’ai refusé car le basket à haut niveau ne m’attirait pas.





En 2005, je cherchais un sport pour faire de l’entretien musculaire. Je me suis rendu aux Invalides où j’ai rencontré un maître d’armes. Il m’a dit : « Toi, avec les bras que tu as, tu dois faire de l’escrime ». Mais à cette époque je trouvais que l’escrime était un sport de fille, un genre de tricot… j’ai tout de même essayé pour lui faire plaisir. Et alors là ça a été très intéressant. C’était beaucoup plus physique que je ne le pensais et ça m’a plu. Ce maître d’armes m’a inscrit en coupe du Monde en mai 2005, en Italie, en individuel (pas en équipe de France), juste pour voir ce que je valais. J’ai remporté le bronze et enchaîné avec des compétitions à tous niveaux, en France et à l’étranger. L’escrime est le seul sport où il n’y a pas de compétition handisport en national (à l’exception du championnat de France handisport). Les compétitions nationales sont donc toutes handi-valides. Cet aspect m’a plu car cela rend les rencontres plus conviviales.

À la fin de la saison 2005-2006, mon maître d’armes m’a annoncé que j’étais numéro 1 mondial dans ma catégorie. J’étais content mais je ne m’en étais pas soucié, car je pensais surtout à apprécier ce que je faisais. Ensuite j’ai été plusieurs fois champion de France et j’ai remporté différentes compétitions internationales – j’ai été plusieurs fois champion d’Europe et champion du monde. Puis j’ai été vice-champion paralympique au sabre à Londres en 2012. Aujourd’hui je suis sélectionné pour participer aux Jeux de Rio sur deux armes : l’épée et le sabre.

Les Jeux Paralympiques, qu’est-ce que ça représente pour vous ?
Pour moi, les Jeux Paralympiques c’est la fête du sport. C’est l’occasion pour tous les athlètes du Monde de représenter leur pays à travers un sport. Cette idée me plaît beaucoup. Ceci dit, je trouve que cette compétition devient de plus en plus professionnelle. Ce n’est pas un problème mais le fait de se baser uniquement sur les performances des athlètes fait parfois oublier le côté festif, les échanges, les rencontres que symbolisent les Jeux, le fair-play… et c’est un peu dommage. J’espère vraiment que cette compétition va conserver son aspect festif et universel, car ce sont ces valeurs qui me font aimer les Jeux Paralympiques et qui me semblent les plus importantes à défendre, au-delà des performances sportives en elles-mêmes. Je pense que ça compte mais que ça ne doit pas trop prendre le dessus.





Vous êtes-vous fixé des objectifs pour cette compétition ?
Lors des Jeux de Pékin en 2008, j’ai fait deux places de 4e… ce qu’on appelle des médailles en chocolat.  Lors des Jeux de Londres, en 2012, j’ai gagné une médaille d’argent. Donc pour Rio, je vise une progression, dans l’idéal une ou deux médailles d’or… c’est l’objectif que je me donne, après on verra ce qui se passe. Ce serait un bel aboutissement sachant que je commence à réfléchir à la fin de ma carrière sportive, peut-être pour 2020.

Comment vous préparez-vous ?
En plus des entraînements classiques, il y a une place importante accordée à la préparation mentale. Mettre la dernière touche est souvent la chose la plus difficile en compétition. Je fais également beaucoup de travail cardio, avec un vélo à bras pour travailler l’endurance. Il faut aussi travailler l’agilité et la souplesse. Je participe aux stages sont organisés par l’équipe de France Handisport. J’organise aussi un stage de mon côté en Martinique : le climat y est à peu près le même qu’à Rio et c’est l’occasion de me ressourcer auprès de ma famille. Je pars avec un autre escrimeur français, qui n’est pas sélectionné pour Rio mais qui sera mon partenaire d’entraînement jusqu’aux Jeux. D’autres athlètes handi et valides, de tous niveaux, nous retrouveront sur place.

Souhaitez-vous ajouter quelque chose ?
Je remercie énormément SNCF, entreprise qui me soutient, qui m’emploie et me permet d’être détaché pour pratiquer l’escrime à haut niveau et m’entraîner tous les jours. Et pour toutes les personnes qui ont un handicap, je voudrais leur dire que malgré tout la vie est belle et qu’il faut en profiter.

Plus d’infos sur les résultats des athlètes français: http://cpsf.france-paralympique.fr/

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