En septembre dernier, la SNCF rendait public les résultats d’une large enquête interne menée auprès des salariés handicapés du Groupe Public Ferroviaire (GPF). Une enquête conduite par le cabinet Ariane Conseil.
Cette enquête avait pour objectif d’interroger à l’occasion du lancement de l’accord 2015-2017 l’ensemble des salariés en situation de handicap du GPF, une première au sein de la SNCF. Cela dans le but multiple de disposer d’une vision claire et complète de leurs caractéristiques, de mieux connaître leur situation, leurs besoins professionnels et d’appréhender leur niveau de connaissance des dispositifs d’accompagnement prévus par l’accord. Les résultats vont ensuite nourrir l’action du Groupe Public Ferroviaire en général et de la Mission Handicap & Emploi en particulier, en apportant un éclairage sur les actions à conduire pour une meilleure intégration et égalité des chances tout au long du parcours professionnel.
La consigne était de donner à tous les travailleurs handicapés quel que soit leur handicap et leur poste la possibilité de s’exprimer. La participation fut à la hauteur des enjeux puisque pas moins de 3200 personnes ont répondu, soit un taux de 54.4 % de participation.
On apprend que 76% des collaborateurs handicapés sont titulaires de la RQTH, 10% sont en invalidité partielle permanente et 9.7% sont pris en compte au travers de leur carte d’invalidité. Comme nous pouvions nous y attendre, 76% d’entre eux ont un handicap invisible ou peu visible, et :
– 55% ont un handicap moteur ;
– 27% ont une maladie chronique ;
– 13% une déficience auditive ;
– 9% une déficience psychique ;
– 7% une déficience visuelle.
Les autres pathologies se composent de problèmes cognitifs, intellectuels ou multi-handicap.
Autre enseignement intéressant : seulement 58.5 % des handicaps sont partagés au sein de l’entreprise. Pour ceux qui partagent leur handicap, 76% se sentent acceptés et 19% ne se sentent que tolérés.
Autres résultats étonnants : si 43% des personnes ont bénéficié d’un aménagement de leur poste de travail, 24% en auraient besoin mais ne les ont pas obtenus. Seuls 20% ont rencontré de problème d’accessibilité de manière très relative. Le résultat qui met tout le monde d’accord c’est que près de 63 % estime avoir une bonne qualité de vie au travail.
Concernant leur évolution dans l’entreprise, 2 salariés sur 3 n’étaient pas reconnus travailleurs handicapés lors de leur recrutement (pour 37% le handicap survient après 5 à 15 ans d’activité professionnelle). 46 % ont pu se former sans difficulté et 26% ont éprouvé des difficultés à se former, ce qui ne signifie pas qu’ils n’ont pas pu le faire. Malgré ce score équivalent aux effectifs non handicapés, il y a quand même 46 % des sondés qui pensent que le handicap est un frein dans leur évolution professionnelle interne. Et 18% pensent que le handicap est frein à la mobilité géographique.
Au sein de l’entreprise, 64% seulement connaissent l’existence de l’accord d’entreprise et 26% se sentent informés des actions menées dans le cadre de la politique handicap. Or nous constatons que plus les répondants perçoivent des informations fréquentes autour des actions menées dans ce cadre, plus les scores qualité de vie au travail sont élevés.
Enfin, autre résultat qui mérite l’attention, à la question : « En cas de besoin en lien avec votre situation de handicap, à quels) autre(s) acteur(s) penseriez-vous faire appel ? », 71% pensent au médecin du travail, près de 40% au manager et près de 35% à la MDPH. Le correspondant local handicap et emploi, comme ses missions, restent peu connus.
Quelles pistes d’action cela va-t-il permettre d’ouvrir ? Ce qui est finalement le but de cette enquête.
Cette étude nous permet d’avoir une matière riche et importante pour mettre en place des actions dans le futur accord qui sera négocié en 2017. Dès la fin de l’année et au cours de 2017, nous retravaillerons sur le guide d’entretien des correspondants handicap envers les salariés afin de n’oublier aucune question, tels que le partage du handicap, les aménagements et besoins organisationnels.
Nous allons mettre en place des actions d’accompagnement sous forme d’atelier pour les salariés TH, leur permettant d’apprendre à partager avec justesse leur situation de handicap auprès de leur managers et collègues (Que dire ou ne pas dire ? Dire quoi ? Comment ?). Qui accompagne ces salariés en interne et en externe ? Nous avons le projet de création d’une hotline avec numéro vert. Elle sera anonyme et confidentielle pour permettre de libérer la parole (des agents, des managers). La fonction de correspondant handicap, malgré sa « bienveillance » peut être malgré tout perçue comme partiale (représentant la Direction, l’intérêt de l’entreprise). Nous allons élaborer et diffuser deux guides (l’un à destination des managers, l’autre à destination des salariés) pour les aider à aborder la question du handicap lors des entretiens (de reprise, entretien annuel d’évaluation, entretien individuel de formation…) et leur expliquer les aides mobilisables.
Nous souhaitons créer une formation des correspondants handicap aux règles normatives et fonctionnelles de mise en accessibilité des Établissements Recevant des Travailleurs (ERT), et également mener une action spécifique de communication vers les salariés bénéficiaires de l’accord au titre d’une IPP, les résultats de l’enquête sont une occasion à saisir pour leur expliquer pourquoi ils sont reconnus TH et les aides mobilisables dans ce cadre. Bien d’autres mesures sont en cours de réflexion ou de réalisation.
Légende photo : De gauche à droite : Michèle Delaporte (SNCF), Gaël Gautier (SNCF), Stéphanie Galvan (Ariane Conseil).